Lev installa Olga sur le canapé.
- Pff, t'enfermer dans le lycée, et vouloir te faire cours juste après... marmonna-t-il pour lui-même.
La jeune fille était assise sagement entre les coussins, les mains sur les cuisses, la tête baissée. Elle ne disait rien, comme à son habitude, tandis que Lev lui préparait de quoi manger, tout en s'énervant contre ce stupide professeur.
Vingt minutes plus tard, le riz était cuit, et Lev regardait sa protégée manger.
Il ferma les yeux.Lev marchait, sans but, sur le sol encore trempé par la pluie. Il aimait bien, être dehors, même dans ce quartier pourri. Chez lui, la chaleur l'étouffait, il ne pouvait pas réfléchir tranquillement. Ses yeux glissaient sur le sol, lorsque quelque chose attira son attention. Un pied ? Il leva légèrement les yeux et tomba sur un corps, étendu au sol : une jeune fille, blanche, on ne peut plus maigre. Le premier réflexe qu'il eut fut d'écouter son coeur, pour vérifier qu'elle soit encore vivante, et à son plus grand soulagement, il entendit des battements réguliers résonner dans sa poitrine. Au même moment, un souffle brûlant frôla son cou. Il regarda la jeune fille : deux grands yeux clairs, brillants comme un appel à l'aide, le fixaient.
- Lev.
Il ouvrit brutalement les yeux, gardés fermés pendant seulement quelques secondes, et ça lui avait suffit pour se souvenir de leur rencontre.
- Tu n'étais pas obligé de venir me chercher.
Il la fixa, sans répondre. Pourquoi lui disait-elle toujours ce genre de choses ? Pourquoi ne le remerciait-t-elle jamais ? Pourquoi Olga parlait-elle si peu ? Ca faisait bien deux ans qu'ils vivaient ensemble et elle était toujours aussi réservée, mystérieuse. Lev s'inquiétait toujours pour elle, pour un rien, depuis qu'il l'avait trouvée allongée dans la ruelle, blessée, les yeux brillants. Hier soir, quand il ne l'avait pas entendue rentrer, il s'était imaginé tous les scénarios possible. Il l'avait cherchée partout dans le quartier, fait le tour de la ville, mais elle était introuvable. Il avait même essayé d'escalader le portail, mais le système de sécurité étant très bon, il lui avait été impossible de pénétrer dans l'établissement. Il avait dû attendre devant jusqu'au matin.
- Lev...
- Oui ?
Olga tenait fermement son assiette de riz, la tête baissée, le visage caché derrière ses longs cheveux.
- Je veux voir papa et maman.
Un lourd silence s'installa. Lev ne voulait pas. Pas encore. Pas maintenant. Deux ans que Olga était sous son toit. Elle avait essayé déjà de revenir chez ses parents, mais c'était eux qui l'avaient mise à la porte, eux qui lui avait refusé toute discussion lorsqu'elle essayait de revenir. Pendant quelques mois, elle avait tenté de leur parler, mais ses parents n'étaient jamais sobres.
- Ca fait plus d'un an que je n'y suis pas allée... Peut-être qu'ils vont mieux ?
Elle avait à peine relevé les yeux vers Lev. Ils brillaient, à travers ses nombreuses mèches qui tombaient devant son visage comme un rideau. Ses yeux imploraient Lev. Ses yeux, prêts à lâcher à tout instant, les larmes qu'elle essayait tant bien que mal de retenir.
Il hocha finalement la tête, sans rien dire ; Olga lâcha son assiette, qui tomba au sol, non sans éclater.
- M-merci, réussit-t-elle à articuler.
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Fantôme De Chair (professeur- élève)
RomantikQui est cette jeune fille, ce petit fantôme perdu dans la bibliothèque du lycée ? C'est ce que se demande le professeur Brennan, lorsque Olga lève ses yeux rougis vers lui.