On disait qu'en mourant vous revoyiez toute votre vie défiler devant vous. De vos instants de bonheur à vos malheurs; que le temps se figeait, et que tout vous paraissait se dérouler comme dans un film, au ralenti ou en accéléré selon les personnes. Eh bien, tout ça n'était que...sottise! Un ramassis d'idioties. Tout ce qu'apercevait Shirley, était la lumière lentement disparaitre, tandis qu'elle tombait dans les ténèbres, criant, hurlant, même s'il n'y avait personne à côté pour l'entendre. Un réflexe typiquement humain, duquel elle ne pouvait se décrocher. Elle n'avait pas le temps de réfléchir rationnellement à ce qu'elle allait faire. Non. Tout ce dont elle était consciente, c'était de tomber en chute libre dans un gouffre dont la noirceur s'épaississait à chaque centimètre qui la rapprochait du fond. L'atterrissage fut encore plus douloureux que ce qu'elle ne l'avait imaginé. La rousse avait dans sa chute essayé de s'accrocher, mais il n y avait rien à quoi elle pouvait se raccrocher. Elle était tombée de tout son long, et avait touché le sol par le côté droit de son corps. Aucun de ses muscles ne répondait, elle ne pouvait plus bouger ni pieds, ni bras, ni même sa tête. Son dos, ses côtes, il n y avait pas un seul coin de son corps qui ne criait douleur. La rousse se doutait bien qu'elle saignait, mais où ? Elle ne saurait le dire. Son corps entier était endolori, mais au moins, et cela était au final son seul soulagement, la douleur lui prouvait qu'elle était encore en vie. Elle finit par perdre connaissance.
Un certain temps s'était écoulé, avant qu'elle ne finisse par se réveiller. Son premier réflexe face à l'obscurité fut de vouloir s'asseoir, pour agiter ses doigts devant ses yeux. Le mot essentiel étant vouloir. Parce que dès qu'elle entreprit de changer de position, elle réveilla toutes les douleurs de son corps, et particulièrement celle au niveau de son ventre et ses côtes. Mais elle surmonta cela, et réussi à avoir une position assise, où elle n'exerçait pas tellement de pression sur ce qu'elle supposait être une blessure. Agitant sa main devant elle, elle ne la distingua pas, et s'effraya l'espace d'un instant d'être devenue aveugle. Mais lorsqu'elle leva les yeux au ciel, elle aperçue de la lumière, sans doute, l'endroit d'où elle était tombée. Cette lumière était à peine distinguable. Une sorte de point à l'infini, et elle se demandait si elle aurait vraiment une chance en escaladant. Des larmes coulaient le long de ses joues sans qu'elle n'en eût vraiment donné l'ordre à son cerveau. La douleur était juste trop présente, et son corps tentait sans doute de l'extérioriser ne serait-ce qu'un tant soit peu. Elle cria à l'aide quelques instants. Chaque son étant un énorme défi, la faisant souffrir d'avantage, et pleurer d'avantage. Jamais elle n'avait autant souffert de sa vie. Et les pleurs d'abord silencieux se firent plus bruyants, à mesure qu'elle constatait qu'elle n'aurait l'assistance de personne. Après tout, cet endroit avait été laissé à l'abandon. La rousse fini par reprendre le dessus sur son corps et à se calmer, frottant avec vigueur les traces d'eau salée de son visage sans doute boueux étant donné l'étrange sensation qu'il lui procurait. Pour l'instant, pleurer ne lui serait d'aucune utilité.
A tâtons, elle chercha son sac, espérant que l'objet était tombé avec elle. Et après un moment, elle le retrouva, et se mit à fouiller dans le noir, son téléphone portable. Elle sourit, lorsqu'elle constatât que l'appareil fonctionnait encore, et elle éclaira l'endroit. C'était une sorte de grotte. Non, on aurait dit un puits, qui n'avait plus servi il y a de cela longtemps. Sur quoi avait-elle bien pu marcher pour finir dans cet endroit? Une planche pourrie qui se serait rompue sous son poids? Pourquoi les gens qui travaillaient là n'avaient-ils pas mieux condamnés l'accès à ce puits? Si seulement elle n'était pas passé par là, si seulement, elle n'avait pas voulu prendre de raccourci... rien de tout ça ne serait arrivé.
Sur son téléphone, il était inscrit quinze heures dix sept. Elle s'inquiéta de son rendez-vous d'affaire. C'était très important, il s'agissait d'un des plus gros investisseurs de la filiale, du moins, il serait l'un des plus gros investisseurs, si elle y allait pour commencer. A coup sûr si elle manquait ça, elle se ferait renvoyer. Elle essaya alors de composer le numéro de son boss en premier lieu, mais il n'y avait pas de réseau. La rousse, toujours assise, incapable de mouvements brusques, constatât avec horreur qu'il lui restait à peine une barre au niveau de sa jauge de batterie. Son appareil avait dû se décharger lorsque Samira écoutait le coran. Dans bientôt sa seule source de lumière s'éteindrait. Un frisson lui parcouru l'échine. Une obscurité aussi épaisse, était très angoissante, même pour elle, qui avait appris à ne plus avoir peur du manque de lumière. Elle se força à penser, penser à autre chose, à un moyen de sortir de là, ou un moyen de s'occuper l'esprit, tout en espérant un miracle. La première personne qui lui vint en tête fut Sheska. Elle avait promis à sa soeur de revenir tôt cette fois, et pour une fois, de prendre un repas équilibré, et non un truc à la va-vite. A cette pensée, son estomac gronda. La faim venait allonger sa liste de problèmes. Elle n'avait pas mangé depuis hier, et maintenant elle commençait à regretter d'avoir refusé la proposition de Samira, qui voulait qu'elle mangea avec elle. Samira. Elle était censée aller chez Samira dès demain à neuf heures, pour s'assurer que la vieille prenait bien ses médicaments. Qui veillerait sur la vieille femme si elle, elle restait coincée là. La sexagénaire avait beau dire pouvoir se débrouiller seule, et même si s'eut été vrai pendant plus d'une vingtaine années de sa vie, maintenant, elle n'était plus toute jeune, et avait besoin d'aide, qu'elle l'admette ou non. Cette pensée lui décrocha un sourire. Jamais Samira n'avouerait avoir besoin d'une aide extérieure.
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Touch
SpiritualeC'était fascinant de voir à quel point il évitait les contacts. Et pourtant, ce n'est pas physiquement que cette jeune femme l'avait touché, mais bien au-delà. Encore fallait-il qu'il puisse s'en rendre compte et à temps.