Nuit blanche, nuit noire.

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     Et encore une nuit blanche. Je la sens venir. Inutile de me battre, donc. Je vais me laisser glisser, savourer la fatigue qui s'accumule. Mais, je suis déjà si fatigué... Trop fatigué pour dormir, quel comble. Soit. Ce soir, je m'assois face à ma page de lumière, mes doigts glissant sur le clavier. Cette fois, ma plume numérique à la main, je tente d'écrire. Quelque chose de fini, cette fois, par pitié. Une œuvre dont je pourrais être fier, une que je pourrais relire sans ressentir ce sentiment de vide, d'incomplet. Et je sais bien qu'il ne reste presque plus personne pour supporter mes divagations, mais peu importe. Ma Belle, si tu dois être la dernière à lire mes écrits, alors je te rendrai fière. Fière de moi, fière de toi, fière d'être ma Muse. Je ne saurai jamais t'en remercier suffisamment, d'ailleurs. J'ai l'impression d'apprendre à respirer à nouveau, grâce à toi. Ne me laisse pas sombrer à nouveau dans mes nuits noires, je t'en prie... Chaque nuit blanche est embellie par ton souvenir, et je ne l'échangerais contre rien au monde. Bref. Il est temps de m'y mettre. De poser sur papier, ou plutôt sur écran, un énième fragment de mes pensées désordonnées. Ou plusieurs, peut-être.

     Ma dernière nuit blanche ? Je peux te la conter, si tu veux... Enivré par l'alcool, je n'avais qu'une phrase en tête : "Sortez-moi de l'enfer de ma routine". Ce train-train quotidien de l'Écrivain abandonné par son Inspiration, piétinant dans les cuisines, retenant les insultes qui lui brûlaient les lèvres à chaque "La 3 veut sa viande bien cuite" que se permettaient de lâcher les serveurs, retenant les remarques acerbes qu'il n'osait lancer à ses collègues un peu trop agaçants car, après tout, ce n'est pas leur faute... On est dans le même bateau. Un bateau sur le point de couler, certes, mais bon. "Sortez-moi de ma routine". Ces mots, ce soir-là, résonnaient comme un mantra, et m'avaient donné la force d'affronter les autres âmes en quête de réconfort dans l'ombre des bars, dans les bras d'une bouteille. Ainsi, j'ai fini sous les caresses de la musique, des fumées de cigarettes, et celles des femmes, aussi. Visiblement, je serais presque attirant, sous les stroboscopes. Elles n'avaient pas tes yeux. Elles n'avaient pas ta voix. Elles n'avaient pas ton corps. C'était fade, sans toi. Mais, je mentirais si je disais que ça ne m'a pas aidé, du moins un peu. J'ai obtenu ce que je cherchais, après tout. Une nuit blanche. Des amitiés, des rires, des baisers, des vertiges. Et une nuit sans penser au quotidien de mes journées... Jusqu'au lendemain, du moins.

     Quand à mes dernières nuits noires... Disons simplement, pour résumer, que je maintiens une mésentente cordiale avec le sommeil. Lorsqu'il m'envahit enfin, ce n'est jamais pour longtemps. Trois, quatre heures, entrecoupées de sursauts, de cris, d'insultes proférées envers le vide. Envers moi-même, parfois. Je tente de guérir, tu sais ? J'ai cessé de compter sur le soutien factice des somnifères. C'est un bon début ! Mais, visiblement, c'est inscrit en moi. Je ne suis pas fait pour fermer les yeux, à mon grand regret. De plus, j'éprouve une fascination pour la nuit, le calme qu'elle m'apporte, la fatigue que je combats. Je tenterai, je te le promets, je tenterai de m'endormir, ce soir. Histoire, au moins, de faire une sieste. Mais pas maintenant, pas maintenant... Pour le moment, mon âme se tend vers toi, et mes yeux grand ouverts rêvent de se braquer sur toi. Tu dois dormir, toi... Tu es si paisible, quand tu dors... J'admire la paix qui t'habite, et ce sourire sur tes lèvres lorsque ta respiration se synchronise sur la mienne.

Je t'admire, tellement plus que tu l'imagines.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 26, 2022 ⏰

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