Chapitre Huit

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CHAPITRE HUIT

- Miroir cassé -


Dès que nos verres de cocktail sont vides, Neevah est la première à nous entraîner tous les deux au bar. Celui-ci est pris d'assaut de tous les côtés me faisant naître une pitié pour les deux pauvres barmen derrière le comptoir.

— Donc t'es déjà venue ici ?! tenté-je.

Elle jette un regard armé à la main que je viens de pose contre son épaule, penché vers elle pour qu'elle m'entende par dessus la musique. Il me faut une demi-seconde pour la retirer et une seconde de plus pour regretter de l'avoir touchée sans sa permission.

— Jamais. Je t'ai dit que ce n'était pour moi ce genre de fêtes, ni ce genre de gens, grimace-t-elle.

— Quel genre de gens ?

— Tu devrais savoir, t'en côtoies un.

Sa remarque à l'égard de Nills a le don de m'agacer ; elle ne le connait pas du tout mais l'a quand même rangé dans une catégorie de personnes qu'elle méprise.

— C'est quoi ton histoire avec Gia ?! attaqué-je.

— Aucune. Y'a rien qui me lie à ce mec.

— Rien ouais... Sauf ce qui t'a obligée à parler au débile de ta promo, dis-je en me pointant, à aller à une soirée que t'aimes pas et qui te pousse à faire des préjugés à la con ? Mais sinon, rien.

Étrangement, mon agacement ne provoque pas celui de ma partenaire mais au contraire une sorte d'étonnement fier.

— Oh monsieur Gallagher dégaine, siffle-t-elle avec un accent qui ressort soudain. T'es jaloux ?

— Non, mais protecteur. J'aime pas qu'on crache sur Nills sous mes yeux.

Elle sourit, la garce. Je m'énerve et ça l'amuse, c'est le monde à l'envers. Je décide de l'ignorer, la contourne pour aller commander nos verres pile à l'instant où un trou se forme dans la foule. Alors que je pense que Neevah est restée en retrait, sa voix retentit dans mon dos :

— Je suis pareil avec Shannon.

Je souris en réalisant qu'elle se confie sur sa meilleure amie. C'est un premier pas qui n'est pas négligeable. je me retourne et l'attire un peu devant moi afin de faire rempart entre elle et les mecs éméchés derrière nous. Tout à coup, l'espace fin entre nos deux corps ne me parait pas assez prudent. Surtout pas quand elle lève des yeux sérieux sur moi.

— J'ai pas été obligée de venir te parler, je l'ai décidé, me déclare-t-elle. Mais pour ce qui est du « débile de promo »...

Je me penche soudain vers elle, me retenant de justesse sur le comptoir en bois, de part et d'autre de son buste. Elle retient son souffle tout en maintenant son regard dans le mien. Mon cœur s'accélère peu à peu...

— Continue, lui intimé-je.

— Vos verres, claque la voix du barman comme un soudain rappel à la réalité. Offerts par la maison.

Neevah en profite pour me tourner le dos en pouffant. Nos boissons en mains, elle me bouscule légèrement d'une épaule puis se faufile entre les fêtards. Je reste quelques secondes à digérer ce moment raté et à repousser bien au fond de moi ce désir grandissant.

— Ramène-toi, Lieth, m'interpelle un autre « frère » FI, les jeux reprennent !

Presque entraîné par le mouvement général, j'atteins la salle principale sans trop d'efforts. Je mets plusieurs minutes à repérer Neevah en compagnie d'un couple qui semble rire à ses paroles. Ce n'est pas à moi qu'elle raconte des blagues ; je dois lui soutirer le moindre mot. Et elle m'avait qu'elle savait s'amuser ? Tu parles...

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