XXXIV - Yoonmin

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Jimin

- Tout va bien, Jimin ?

Mes yeux papillonnent légèrement. Il .me faut bien une minute complète avant que l'environnement dans lequel je me trouve me soit familier, et que je me rappelle des récents évènements que j'ai traversé.

Allongé dans le canapé de mon salon, couvert d'un plaid malgré le début des beaux-jours, je ne peux retenir la grimace qui traverse mon visage fatigué lorsque je me redresse avec difficulté sur les coussins peu confortable. Ma blessure par balle au ventre est complètement refermée, mais dérangeante. J'ai l'impression de sentir à chaque mouvement ma chaire fragilisée.

Pour ce qui est de mon genoux, les médecins ont fait ce qu'ils ont pu mais d'après leurs dires je ne m'en remettrai jamais vraiment. J'aurai toujours une démarche claudiquante, et ai hérité d'une carte handicapée contre ma volonté.

Je reprends mes esprits avec difficulté et reconnais le visage de mon père, inquiet, vouté face à moi. J'acquiesce à sa précédente question et détourne le regard, n'ayant pas envie qu'il m'en pose d'autres.

- "Tout va bien, Jimin ?", imite mon frère avec dédain et une grimace désobligeante. Hé Pa', quand on était gamin et que tu nous laissais seuls pour aller te torcher la gueule au bar, tu prenais pas le temps de nous demander si on allait bien en rentrant tu te rappelles ?

Ses yeux marrons sont noirs de colères, tandis que ses cheveux ébouriffés retombent en quelques mèches éparses sur son front.

Je soupire et lève les yeux au ciel, entrouvrant la bouche pour lui répondre avant que mon père ne le fasse mais malheureusement je suis moins rapide puisqu'il rugit :

- Je ne te permets pas, Seokjin !

- J'ai passé l'âge que tu permettes des choses, papa.

L'échange s'envenime et les cris fusent. Mon cerveau est encore embrumé par la morphine, ainsi que la récente sieste que je viens de faire, et ces hurlements insupportables font monter en moi une rage que je laisse sortir en entourant mes doigts autour du verre qui traine sur la table basse.

Je n'en peux plus. Depuis que je suis sorti de l'hôpital ils me suivent partout, même à la douche ou aux toilettes, je n'ai pas une seule minute à moi. Avant tout ça, j'aurais été plus qu'heureux de les voir réunit dans la même pièce. Mais aujourd'hui, ça m'est insupportable. Leur relation est pire qu'avant, c'est tout juste s'il sont capable de se regarder sans s'envoyer sur les roses, et c'est la dernière chose dont j'ai besoin en ce moment.

Mon geste est incontrôlé, irréfléchi, si bien que ma bouche s'entrouvre lorsque le verre frôle le visage de mon frère et éclate contre le mur de mon appartement qui s'imbibe de l'eau transparente.

Ce n'est que lorsque leurs yeux choqués se tournent dans ma direction que je me décide à crier à mon tour :

- Dégagez de chez moi, vous deux ! C'est pas possible de pas pouvoir une seule putain de minute de tranquillité ! Convalescence, mon cul, avec vous deux dans la même pièce être mort serait plus relaxant !

- Jimin..., tente mon père.

- Barrez-vous, j'ai dit !

Sous le silence malaisant qui vient de s'installer, ils s'échangent des coups d'œils emplit d'incompréhension et accède tant bien que mal à ma demande en rassemblant leurs quelques affaires.

Mon père fourre ses clés de voiture dans sa poche, tandis que mon frère ramasse son téléphone sur la table basse de mon salon avant d'enfiler sa veste.

Je les regarde faire avec animosité, les trouvant bien trop lents alors que je n'ai qu'une envie : me retrouver seul. Heureusement la porte fini enfin par se refermer, plongeant mon appartement avant si réconfortant dans une froideur semblable à la glace.

𝐿𝐸𝐴𝑅𝑁  |  𝚃𝙺  ☼ 𝚈𝙼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant