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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐕 episode second : dehors
⏤ mars.
S'il avait dû résumer son enfance, ce ne seraient que des bribes qui lui viendraient.
Dès son plus jeune âge, il avait vu ses parents partir.
L'oncle lui avait raconté qu'ils ne voulaient plus de lui. Il l'avait cru, comme tout marmot de cinq ans croirait les bobards de la personne se présentant à lui comme un héro, la seule famille qui lui restait, les seuls sourires, les seuls mots doux.
D'eux, il ne lui restait qu'un souvenir flou, un brouillon de leurs visages, une esquisse de vagues détails. Le collier de perles et la coquetterie de sa mère, son parfum lavandé, ou encore le rire sonore de son père, et la manie qu'il avait de lui ébouriffer les cheveux, par exemple.
L'oncle, il lui offrait du réconfort. L'oncle, il lui offrait des promesses, et un semblant d'amour.
Il ne pouvait qu'y croire, et s'y accrocher, parce que c'est tout ce qu'il avait. Alors, il acceptait la contrepartie.
Des règles, beaucoup de règles. Il devait les connaître du bout des doigts, et il pourrait encore les réciter à ce jour, tant il les avait entendues, répétées, et ce pendant tellement d'années.
– Ne pas s'opposer au Meneur, et suivre ses ordres à la lettre. – Ne pas répondre au Meneur. – Ne pas être en vice à la curiosité. – Ne pas sortir du Palais, rester dans sa zone. – Ne pas adresser la parole à quiconque ne figurant pas sur la liste établie par le Meneur. – Parler correctement, sans abréviations. – Ne pas perdre son temps avec toute sorte de divertissement, loisir. – Porter la tenue réglementaire. – Ne pas être paresseux.
Ces règles, il en avait bavé, oh, tellement.
Il en avait enfreintes, parfois, accidentellement.
En échange, il s'était retrouvé enfermé dans une salle minuscule, dépourvue de lumière, pendant ce qu'il semblait durer des heures, alors qu'un enregistrement passait en boucle ces règles insupportables, d'une voix robotique et hachée, sans s'arrêter, jamais.
C'était à rendre fou.
Il était domestiqué, encore et encore, passait ses journées à s'entraîner, à apprendre des théorèmes, des stratégies de guerre, des nuées de chiffres et de termes financiers.
On lui apprenait la violence, aussi. Celle pure et dure, cruelle à souhait, on lui en bourrait le crâne.
Avant d'avoir pu s'en rendre compte, il était devenu une machine à tuer, aussi bien qu'une encyclopédie. Mais surtout, il était devenu le pantin parfait.
Pas de sentiments, de proches, de passions. Il était pareil à une machine.
C'est à 16 ans que l'oncle le découvrit à Varaeth, comme son second, et celui qui le succéderait. Il se fit connaître rapidement, lui, ses cheveux ébènes et son regard glacial.
