Le Cinéma

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Ce n'est qu'assise sur le siège moelleux et avec des popcorns caramélisés en guise de petit déjeuner sur les genoux, que je me rappelais enfin pourquoi j'aimais en faire quelque chose, de mon dimanche.

Me confondre avec les lueurs que projette la lumière, perchée tout tout en haut de la salle, m'enfoncer dans ce siège aux allures de canapé et à l'odeur de désodorisant désinfectant, voir ces visages sur ce grand écran si immense que l'on dirais qu'il va nous engloutir à tout moment pour nous amener dans un autre univers, un autre monde : celui où l'amour, les sentiments, les je t'aime et les regards sans mots sont l'adage même de sa propre existence. Ce monde dont je rêve, tous les dimanches matins : voilà ce que j'aimais faire.

Et être seule, dans cette pénombre où je m'enfouis. Seule, devant cette immense écran où les silhouettes et les paysages engagent une valse d'émotions qui s'entremêlent et se mêlent tel des doigts de deux mains différentes qui se rencontrent et s'unissent pour ne former qu'une seule main, unique.

J'analysais les émotions qui s'inscrivaient de manière si précise sur ces visages qui était projetés sur cette toile tendue dans cette salle sombre : c'était peut être calculé, millimétré à la larme versée, à la commissure tendue, à la ride formée entre les deux sourcils.

C'était peut être prévu, écrit dans un scénario, projeté sur du papier et inscrit par coeur dans la tête des comédiens : oui, ce n'était pas naturel en soit : mais cette manière d'interpréter de manière si précise ce que je n'arrivais pas à connaître, à dire, à voir, me faisait rêver : c'était devenu obsessionnel.

Au cinéma, je me trouvais face à un miroir, et à la manière d'Alice, je passais de l'autre côté, à chaque fois.

Et à chaque fois, je revenais, de l'autre côté. Je revenais, enfonçant ma clef dans la serrure de la porte, tournais deux fois à gauche, baissais la poignée, et déposait un baiser sur sa joue.

Je revenais, le coeur lourd d'être de nouveau dans ce monde, plat et dépourvu de couleur, ce monde de noir et de blanc, de fadeur et de semblant.

Je le regardais, il me regardais, nous nous regardions.

Son regard, dépourvu de chemins tracé, d'émotion unique écrite sur papier, était inconnu et familier.

Je me rappelais soudain de ce rêve étrange que j'avais fait ce matin là. Il résumais le paradoxe de mes sentiments : inconnu, familier. Connu, et inconnu. 

Une danse à deuxWhere stories live. Discover now