master and servant - nomin

VINGT-DEUX

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Cela faisait une bonne demi-heure que Jeno patientait, attablé dans un café de la capitale, un endroit dans lequel il n'allait jamais. La raison ? Il ne la connaissait pas réellement. Seulement, un étudiant qui fréquentait le même campus et qui s'était présenté sous le nom de Jaeho, était venu le voir le matin même pour lui dire qu'il connaissait la raison de son arrivée à Séoul. Le sang de Jeno n'avait fait qu'un tour dans ses veines. Il bouillonnait de l'intérieur, un mélange de peur et de colère qu'il n'avait pas ressenti depuis bien longtemps. Ce jeune homme ne lui avait pas dit de quoi il était au courant exactement, mais il semblait réellement fier de sa découverte. Une fierté vraiment malsaine.

Il avait donc simplement donné rendez-vous à Jeno pour qu'ils puissent en discuter entre quatre yeux. Sérieusement et sans animosité. Tout du moins, Jeno essayerait de se contenir. Il ignorait si ce garçon disait la vérité ou non, mais il ne pouvait pas laisser son passé ressurgir comme ça. Pas maintenant, pas ici. Son père en serait plus que furieux si il faisait encore parler de lui alors qu'il l'avait lui-même envoyé à des kilomètres pour ne pas entacher sa réputation en tant que sénateur. Jeno avait déjà bien trop fait parler de lui à Jeju, se retrouver à Séoul pour tout recommencer à zéro était une chance. Et Monsieur Lee ne supporterait pas une bavure de plus. Il ne voulait pas décevoir son père encore une fois et porter atteinte à sa carrière.

Jeno soupira et se cala dans le dossier de son siège lorsque la porte du café s'ouvrit sur celui qu'il attendait. Le jeune homme balaya la salle du regard avant de le poser sur le brun, un sourire satisfait étirant ses lèvres. Il slaloma entre les tables et s'installa devant Jeno, les bras croisés devant lui.

─ C'est cool que tu sois venu, lui lança Jaeho sur un ton amusé.

─ Je pense que je n'avais pas trop le choix.

─ Tu l'avais, je ne t'ai pas mis le couteau sous la gorge.

Les lèvres de Jeno se pressèrent l'une contre l'autre ; il se retenait de tout envoyer valser. Il détestait l'air dédaigneux que son vis-à-vis arborait. Il savait pertinemment qu'il n'avait pas eu le choix, que, si il décidait de ne pas se rendre au rendez-vous que Jaeho avait fixé, les rumeurs commenceraient à circuler d'avantage. Déjà qu'il y en avait pas mal sur une de ses relations passées qui avait mal finie, alors ce n'était pas la peine d'en rajouter. Et puis, il voulait en savoir un peu plus sur ce que cet étudiant savait vraiment. Une chose semblait sûre, il ne bluffait pas. Sinon, il ne lui aurait pas demandé de le voir après les cours. Et il avait clairement une idée derrière la tête.

─ On peut en venir aux faits ? demanda Jeno.

─ Bien sûr.

Jaeho sortit son téléphone portable et pianota quelques secondes avant de le tourner vers Jeno. Ce dernier écarquilla les yeux et détourna bien vite le regard de l'écran. Une sensation des plus désagréable se propagea dans tout son corps et une sueur froide glissa le long de sa colonne vertébrale. Le sourire jusqu'aux oreilles, le brun tenait toujours son cellulaire. D'un geste, Jeno le fit reculer pour ne plus avoir cette photo sous les yeux. Une de celles qui lui avaient valu d'être envoyé à Séoul par son géniteur. Celles qui avaient bien failli salir leur nom.

Dessus, on y voyait Jeno avec d'autres hommes et femmes, dans un club de Jeju plutôt ... spécial. Le club où il avait fait ses premiers pas dans le monde du bdsm. Un endroit qu'il côtoyait bien trop souvent pour un enfant de sénateur. Il se demandait comment ces clichés avaient bien pu ressortir après ces années, comment ils étaient arrivés jusqu'ici. Mais la priorité était que cela ne se propage pas sur le campus.