master and servant - nomin

DEUX

Le soir venu, Jaemin trépignait d'impatience en bas de l'immeuble. Il avait eu l'adresse de Jeno par sms, celui-ci la lui avait envoyé après les cours en lui indiquant qu'il ne serait pas chez lui tout de suite, mais qu'il pouvait l'attendre en bas. Heureusement pour le bleuté, les températures commençaient à revenir à la hausse. Il faisait un peu frais , mais avec sa veste en jean sur le dos, ce n'était pas désagréable.

Jaemin leva les yeux vers les deux bâtiments qui se trouvaient à côté de lui. Ils étaient tout bonnement immenses. Jeno devait vivre chez ses parents et ces derniers devaient être vraiment aisés pour habiter dans un quartier pareil.

— Na Jaemin, tu es venu.

— Oui, comme tu peux le voir.

Le voix chantante de Jeno fit aussitôt apparaître un large sourire sur le visage du bleuté. Lorsqu'il posa les yeux sur lui, il le trouva encore plus sexy que jamais. Était-ce la faible luminosité des réverbères qui le rendait aussi mystérieux ? Il n'en savait foutrement rien, mais sa peau pâle, légèrement dévoilée par sa chemise entrouverte, lui donnait des frissons et faisait naître en lui tout un tas d'envies inavouables.

— Tu me suis à l'intérieur ?

Jaemin acquiesça. Il se mordit la lèvre en emboîtant le pas à la suite du brun. Il était comme plongé dans un rêve, prêt à percer l'intimité de celui qui faisait battre son cœur de manière déraisonnable. Le fameux Lee Jeno, l'intouchable. Celui qui faisait rêver toutes les petites étudiantes. Il pourrait en faire des jalouses rien qu'en disant qu'il avait été invité chez lui.

Dans le hall d'entrée, ils grimpèrent dans l'ascenseur. Jaemin analysa chaque geste de Jeno. De son index qui s'écrasa sur les boutons pour se rendre au vingtième étage jusqu'au passage de la main dans ses cheveux lisses pour les remettre lentement en arrière. Il était si beau et raffiné. Le voyage se fit dans un silence complet, mais pas pesant. Il y avait seulement une certaine tension palpable qui oppressait Jaemin, rendant sa respiration plus vive et ses mains moites. La sonnerie annonça l'arrivée au vingtième, Jaemin se frotta les paumes contre son pantalon, quitta l'habitacle et s'avança dans le corridor. Cet immeuble était tellement luxueux. Il ne pouvait pas lutter avec son petit studio d'étudiant qu'il partageait avec Mark.

Jeno se stoppa devant une porte et toqua, quatre coups. Jaemin s'attendait à ce que ce soit la mère de ce dernier qui se trouve là, ou même son père, mais à sa plus grande surprise, il s'agissait de Lee Donghyuck.

— Entre, fais comme chez toi, l'invita Jeno.

Jaemin pénétra dans l'appartement et aussitôt le rouquin disparut tel un fantôme. En véritable gentleman, Jeno le débarrassa de sa veste qu'il rangea dans le placard de l'entrée et Jaemin se déchaussa. Tout en suivant le brun dans la pièce à vivre, Jaemin observa tout autour de lui. C'était somptueux, il n'était pas habitué à cela. Il s'arrêta au beau milieu du salon et regarda par la grande baie vitrée qui offrait une vue imprenable sur la ville. Il crispa légèrement les orteils, le sol en marbre refroidissait ses pieds et pourtant, il régnait une chaleur réconfortante dans cet appartement.

— C'est vraiment beau, marmonna Jaemin comme pour lui-même.

— Mon père, lança le brun en se positionnant à côté de son invité. Il m'a offert ça pour mon entrée à la fac.

Jaemin battit des cils.

— Quoi ?

Sans répondre à la question du bleuté - puisqu'il savait pertinnement qu'il avait parfaitement compris ce qu'il lui avait dit - Jeno marcha jusqu'à la chaîne hi-fi et augmenta le son de celle-ci avant de tendre la main vers Jaemin.

— Tu danses ?

— Je te montre ce que-

— Non, l'interrompit le brun. Avec moi.

Le cerveau de Jaemin venait de s'arrêter et son cœur n'était pas non plus dans un meilleur état. Jeno était vraiment en train de l'inviter à danser ? C'était complètement dingue. Et si romantique aussi. Est-ce qu'il lui faisait des avances là ?

Timidement, Jaemin glissa ses doigts contre la main du blond qui le tira aussitôt vers lui. Son autre main se posa au niveau du bas de son dos, presque à la limite de sa ceinture. Jeno gardait tout de même une distance, ne collant pas son corps contre celui de son vis-à-vis. Il le fixait, intensément. Jaemin pensait qu'il allait se réveiller et pourtant, il était bien là, entre les bras de Jeno en train de danser dans un salon trois fois plus grand que son propre appartement.

— Je ne t'ai pas fait venir parce que je pensais que tu avais des choses à régler avec ta chorégraphie, avoua Jeno.

— Ah bon ?

— Non. Tu n'as pas besoin que je te dise quoi faire à ce niveau. Mais je trouve que tu manques de confiance en toi. Et ça se ressent.

Jeno l'avait si bien cerné, et ce, en à peine quelques minutes et avec une simple danse.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Je l'ai vu, c'est tout. Tu as peur d'être jugé, tu as peur de mal faire. C'est ta crainte constante. Tu veux tellement faire plaisir que tu serais capable de te planter en beauté sous la pression que tu t'infliges. Tu es capable du meilleur comme du pire. J'ai pas raison, Jaemin ?

Il venait de prononcer cette phrase dans le creux de l'oreille du bleuté et d'une façon sensuelle. Jeno l'avait percé à jour, violé son intimité. Oh oui, la pression que Jaemin s'infligeait pouvait lui faire perdre pied et là, c'était ce qui était en train de se passer. Il voulait tant Jeno qu'il était capable de tout saboter comme un imbécile.

— Je... Je ne sais pas...

Et voilà que ses jambes commençaient à trembler. Alors que Jeno le guidait, il sentait le sol se dérober sous ses pieds. Il allait tomber.

En une fraction de seconde, il crut voir flou, puis noir. Il avait perdu l'équilibre, mais Jeno était là pour le rattraper, un sourire ravageur s'était emparé de ses lèvres. Il tira Jaemin contre lui et reposa sa main dans son dos, cette fois-ci exerçant une pression qui l'obligea à se coller contre lui.

— Je pense que sur ce point, je peux t'aider. Mais avant, tu dois me faire confiance aussi.