Chapitre 3 : Peut-être mon dernier rire

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       Après s'être faufilées dans ma chambre, Sam et Maddy sont restées avec moi, sans mots dits, on s'est séchées, promis de ne jamais rien dire aux parents à propos de notre escapade et puis, jusqu'à dix heures du matin, on s'est regardé des films d'enfants joyeux afin d'oublier, et bien, pas besoin d'en dire plus.

J'étais fourrée dans un plaid et je serrais fort mon chat qui, à plusieures reprises, failli étouffer. De nombreuses fois pendant les films, je m'évadais du monde extérieur et j'entrais dans ma petite bulle de pensée. Je pensais à tout et à n'importe quoi mais tout menait à ce matin-là.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me posai alors toute sorte de question.

À quoi servent les insectes ? Est-ce que les ours ont des ancêtres dinosaures ?

Puis je pensai à des choses moins futiles.

Qu'est-ce qui se serait passé si j'étais vraiment morte ? Qu'est-ce que je veux faire avant de mourir ?

Et alors, mon cerveau pensa enfin à LA question.

Qu'est-ce qu'un juge de la mort ? Est-ce comme juge des enfers ? Pourquoi juge ?

Les dernières paroles de La Faucheuse me revinrent alors en mémoire.

"Dans soixante-six heures, le sablier se retournera."

Deux jours et dix-huit heures... Que se passera t-il à ce moment là ?

Sans m'en rendre compte, le générique de fin était déjà arrivé : mes pensées avaient occupé mon esprit pendant une bonne heure et demie. Je jettai un petit coup d'oeil aux filles qui me regardèrent alors d'un air "Ça va ?" auquel je hochai la tête.

J'entendis ensuite mes parents toquer à la porte. Il était déjà dix heures, ils ont dû penser que nous étions enfin réveillées. Erreur. Mais ça, ils ne le saurons jamais. Ils entrèrent.

"Joyeux anniversaire ma puce !", s'exclamèrent-ils.

Je découvris derrière eux mon petit frère, Gabriel alias Gab l'emmerdeur, qui marmonna une sorte de "Moyeux Mammiversaire".

Je répondis un "merci" avec un sourire aussi faux que semblant vrai qui ravit mes parents qui me déposèrent un énorme paquet sur le lit, suivi de ceux de Maddy et Sam.

"Ouvre-les ! , dit Gab. J'aimerais vite repartir dans la chambre.
- C'est l'anniversaire de ta soeur, Gabriel. Fais un peu d'efforts, je te prie, ordonna ma mère. De plus, même si elles plus considérées comme de la famille que des invités, Samantha et Maddyson sont là. Ce n'est la tenue approprié pour un jeune homme de ton âge."

À l'évocation du nom de Sam, mon frère se redressa immédiatement. Je ne vais pas vous faire de dessin : Gab est amoureux de ma meilleure amie qui, je précise, est en couple depuis sept ans avec un type sympa qui s'appelle Matt. Autant le dire tout de suite, mon pauvre et stupide frère n'a aucune chance avec Sam. Enfin, ça me fait toujours rire de voir Gab, absolument pas au courant de la relation Sam-Matt, espérer quelque chose entre lui et une fille qui a trois ans de plus que lui. Après tout, il a le droit. Comme on dit "L'amour n'a pas d'âge !" ( Mais la prison a des barreaux ! Haha!).

Bref.

Je me depêchai de déballer mes cadeaux qui étaient une magnifique affiche édition limitée or et argent de Queen, la méga figurine funko pop de Freddy Mercury, une paire de Converse et dix balles ( de mon radin de frère j'en suis sûre ).
Avec un sourire moins captieux, j'embrassai mes parents, Sam, Maddy et Gab, à qui je chuchottai "Same". Tiens, il faudrait que vous explique notre "Same" un de ces jours.

Je descendis ensuite de mon lit pour ramasser les emballages qui traînaient partout, et c'est alors que je me vautrai par terre, la tête la première. J'entendis alors tout le monde rire, mes parents aussi, mais je savais, et je constatais, que leur rire était légèrement coincé, parce qu'il manquait quelqu'un ici. Ash.
Je fus aussi surprise d'entendre par dessus les rires de tous, le mien. Un vrai, un franc rire, celui qui est pur, et qui fut peut être le dernier de ma vie

*****

Bonne AnnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant