Chapitre 3

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PDV Christopher
Quand je me remémore l'époque de mes 19 ans, tout ce dont je me rappelle c'est que ma vie a échappé à mon contrôle à cette époque. J'avais perdu une année à cause de déménagements et du coup j'avais un an de plus que tout le monde en classe mais ça ne m'a jamais dérangé. Ma vie était encore sur les rails, j'étais peut-être obsédé par une jeune fille mais je savais désormais que je lui plaisait aussi, donc tout allait encore bien. Le problème c'est que j'ai vite déchanté, j'ai passé toute l'année à lui faire des avances, à insister, à me montrer tendre, provoquant, agaçant même des fois mais rien a marché. Ça m'énervait. Mais je n'étais pas fou, je savais qu'il y avait quelque chose entre nous, je n'avais pas rêvé la connexion qu'il y avait entre nous à cette soirée, je n'avais pas rêvé ce baiser. J'ai finis par comprendre qu'elle était juste trop timide pour accepter mes avances et que malheureusement je ne connaissais pas de formules magiques pour effacer la timidité. J'ai bien sûr essayé de faire une croix sur toute cette histoire, mais je la voyais chaque jour et je ne pouvais pas juste faire impasse sur mes sentiments. Parce que ce que je ressentais pour elle n'était pas que physique. Si elle m'avait cédé, je sais que j'aurai pu l'aimer, qu'on aurait pu vivre un truc génial, mais ce n'est jamais arrivé. Et puis un jour un gars rencontré à une soirée et à qui j'avais tout raconté parce que j'avais trop bu m'a recontacté. Il m'a demandé si j'avais fini par conclure avec ma meuf. J'avoue que je n'ai pas immédiatement compris de qui il parlait, mais quand il a développé, j'ai compris, je lui ai répondu que non et il m'a dit qu'il avait un truc pour moi. Il m'a expliqué que c'était un médicament qui se contentait de desinhiber la personne qui le prenait. Je lui ai demandé si il me parlait de drogue? Et que je n'étais pas le genre de gars qui s'amusait à droguer les femmes. J'aurai dû écouter mon instinct, mais le mec était assez persuasif. Et puis je me disais que si ça pouvait lui permettre d'exprimer ce qu'elle ressentait réellement, qu'elle me remercierait peut-être ensuite ? Quand j'y repense, j'ai envie de m'arracher les cheveux et de me fracasser le crâne contre le mur. Comme vous le devinez tous sûrement, ça ne s'est pas passé comme prévu. On était en vacances, et je nous imaginait déjà après que je l'aurai débarrassé de sa timidité et qu'elle aurait compris que je ne lui voulais aucun mal, je nous imaginais déjà nous balader main dans la main au bord de la mer, nous embrassant dans le canapé, nous câlinant sous la douche pendant les deux semaines de vacances. Je suis un imbécile n'est-ce pas ? J'ai mis une bonne quantité de médicaments dans le jus d'orange parce que je savais qu'elle le prendrait en se rendant compte qu'on prenait de la vodka. Et c'est ce qui s'est passé. Les autres ont été très vite KO et sont partis se coucher, il n'y avait plus que nous deux, elle riait au éclats à mes blagues et en faisait aussi et quand j'ai posé la main sur sa cuisse en me demandant si ça avait marché, elle m'a sourit et s'est rapproché de moi. Je ne dirai pas que je n'avais pas l'intention de coucher avec elle, mais ce n'était pas mon objectif premier. Je voulais surtout qu'on puisse discuter à cœur ouvert sans qu'elle ne s'enfuit ou ne me rabroue. Croyez moi, pour ne pas s'enfuir, elle ne s'est pas enfuie. Elle s'est jeté sur moi et au lieu d'écouter les alarmes dans mon cerveau et de la repousser, je n'ai juste pas pu lui résister. C'était et ça reste à ce jour là meilleure nuit de ma vie. Je n'ai jamais été autant en symbiose avec quelqu'un. Et découvrir que j'étais le premier m'a rempli d'une fierté qui ne dit pas son nom. Je me sentais homme, je me sentais privilégié. On a fait l'amour une bonne partie de la nuit avant de nous écrouler épuisés l'un contre l'autre. En me réveillant le lendemain matin, je n'avais jamais été aussi heureux. Elle dormait paisiblement contre moi et quand je suis entrée dans cette douche, c'était dans l'objectif de me préparer et d'aller lui faire un petit déjeuner que je lui amènerait au lit. Mais ce qui aurait dû être la plus belle journée de ma vie s'est transformé en cauchemar. Elle était perdue, horrifiée, dégoûtée même. Quand elle s'est enfermé dans la salle de bain et qu'elle a commencé à hurler et pleurer j'ai paniqué. Je ne comprenais rien. Était-ce une perte de mémoire temporaire ? Il était impossible qu'elle ne se rappelle de rien je ne l'avais pas vraiment drogué. J'ai tambouriné à la porte comme un détraqué et quand je n'ai plus entendu de cri à l'intérieur je suis devenu fou. Je me rappelle comme si c'était hier, je tremblais, j'avais envie de vomir. J'ai pris mon portable et j'ai appelé celui qui m'avait donné ce poison :
- Alors mon pote ? Ça s'est bien passé ?
Je pouvais à peine respirer mais j'ai essayé de faire une phrase correcte
- Douche...pleure...rappel rien
- Mec calme toi. Je comprends rien à ce que tu racontes.
- Elle se rappelle de rien ! Elle est paumée ! Tu m'avais dit qu'elle saurait ce qu'elle faisait !
- C'est tout ? N'en fais pas tout un plat ! Cette petite pute a eu ce qu'elle méritait à t'allumer sans rien te donner en retour.
- Je ne comprends pas...tu avais dis que ce n'était pas vraiment de la drogue. Tu m'avais dis qu'elle saurait ce qu'elle faisait.
- Tu es vraiment naïf mon gars. T'as eu ce que tu veux maintenant colle moi la paix. Si tu as des remords maintenant ça te regarde. Démerde toi avec ta conscience. Allez ciao
Le ciel m'est tombé sur la tête. Que quelqu'un me tue. Je voulais mourir. Je me suis mis à pleurer comme un imbécile. À demander pardon, à frapper la porte, à lui demander d'ouvrir, mais le silence a été ma seule réponse. Jordan est entré dans ma chambre avec sa gueule de bois :
- Putain mec c'est quoi ce raffu ? J'essaie de dormir !
Il m'a vu assis par terre en larmes tapant la porte :
- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Aide moi. Elle ne m'écoute pas. Je suis tellement désolée ! Elle s'est enfermée. Aide moi.
- Mais enfin de quoi tu parles ? Béatrice est enfermé dans ta douche ? Vous vous êtes disputés ?
Il ne me comprenais pas. Personne ne me comprenait. Je me suis levé et j'ai recommencé à taper de toute mes forces :
- Andréa ouvre cette porte ! On va s'expliquer je t'en supplie. Si tu n'ouvres pas je la défonce. Je te préviens.
- Andréa ? Qu'est-ce que Andréa fait dans ta douche ?
- Qu'est-ce qui se passe ici? Une dispute dès le matin ?
- Béatrice tu sais de quoi Christopher parle ? Pourquoi Andréa serait enfermé dans sa salle de bain ?
- Andréa ? Tu es sûr que tu n'as pris que de la vodka hier toi?
Je ne l'écoutais pas, je n'écoutais personne. Il fallait que je m'explique avec Andréa. Il fallait qu'elle me croit. Je n'étais pas ce genre de mec. Je n'étais pas un criminel. Je n'étais pas un violeur.
- Christopher lâche cette porte, il t'arrive quoi ?
Mais je ne l'ai pas écouté, j'ai pris mon élan et j'ai défoncé la porte. La première chose que j'ai vu, c'est cette flaque rouge sur les carreaux blanc, et ensuite il y avait ma Andie, mon obsession et certainement la femme de ma vie, gisant inerte dedans devant ma baignoire. Béatrice a hurlé, je me suis écroulé prêt d'elle en demandant à l'aide. Je ne sais pas qui a appelé les secours. Mais on s'est retrouvé tous à l'hôpital. J'étais terrorisé, je me demandais ce qui allait se passer, Jordan ne faisait que me questionner mais j'étais en état de choc, je n'arrivais pas à parler. J'ai finalement appelé mon père qui a débarqué une heure après, et seul avec lui j'ai tout raconté. Je lui ai dis que je voulais porter plainte contre le monstre qui m'avait donné ce truc, que je voulais l'envoyer en prison que...mais mon père m'a administré une gifle magistrale qui a eu le dont de me calmer:
- Tu es donc si bête ? Va à la police et tu passeras les 25 prochaines années à l'ombre. Tu as drogué et violé cette fille, inutile maintenant de jouer les victimes ! Tu me dégoûtes. Tu as encore ce produit sur toi ?
Je l'ai sorti de ma poche.
-Je le gardais pour aller à la police. Papa je suis prêt à payer pour ce que j'ai fais à Andréa et...
- Espèce de malade ! Tu n'iras nulle part ! Tu as une bourse pour Yale ! Et tu penses que je vais te laisser tout gâcher ? Tu ne feras rien ! Donne moi ça !
Il m'a arraché le flacon des mains, est entré dans les toilettes, l'a vidé dans les WC avant de tirer la chasse. J'étais comme paralysé.
- Voilà. Ni vu ni connu. Avec un peu de chance elle ne se réveillera pas. Et même si elle le faisait, et qu'elle avait dans l'idée de porter plainte, elle n'aurait pas de preuves. Maintenant tu vas me suivre et on va s'en aller d'ici.
- Je n'irai nulle part, je vais rester avec Andréa ! Comment peux-tu souhaiter qu'elle ne se réveille pas?
- On dirait que tu n'as pas compris sombre imbécile ! Je ne te demande pas ton avis. Tu vas me suivre et je vais te faire quitter le pays. Sinon je ne paierai pas un franc pour les soins de cette fille. Elle a un traumatisme crânien, c'est assez grave et elle est au bloc opératoire. Fracture du crâne et lésions cérébrales. Si tu veux qu'elle vive, t'as intérêt à me suivre et à ne plus jamais chercher à savoir ce qu'elle est devenue ni à reprendre contact avec tes amis.
Je regardais mon père sans le voir. Ça devait forcément être un cauchemar. Je me revois encore me lever et le suivre comme un automate. On a croisé Jordan. Il a essayé de me parler, mais j'étais dans un état second. Je n'ai rien entendu. 
Au fil des ans les moyens de pression de mon père pour que je fasse une croix sur cette partie de mon passé étaient divers mais revenaient au même. J'ai finis par m'habituer à la culpabilité. À vivre avec le vide que causait son absence. La seule certitude que j'ai c'est qu'elle a survécu. Mon père me l'avait promis. Mais je ne sais rien de plus. Huit ans après mon regret est toujours si grand, ma douleur toujours si vivace. J'ai demandé il y a quelques mois à un détective de me la retrouver et j'ai reçu les résultats de son enquête par mail pendant que j'étais à la réunion. Je veux pouvoir lui demander pardon. Pouvoir m'assurer qu'elle va bien et pour ça, il faut que je trouve la force d'ouvrir ce fichier.
..

Hello ! Hello ! On est vendredi. Alors chose promise...chose dûe ! Voici pour vous le chapitre. Alors que pensez vous de la version de Christopher ? Devrait-il reprendre contact avec Andie ? On se retrouve lundi pour la suite. N'hésitez pas à laisser vos avis. Je vous aime.
  Una😘

Pour PhilippéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant