« Lix, attends moi !! »
En entendant son surnom, Félix se retourna pour voir sans aucune surprise Changbin courir derrière lui. Âgé de 12 ans, le garçon avait toujours ses joues bardées de tâches de rousseur encore un peu rondes de son enfance. Son uniforme de collège était un peu froissé à cause de la journée et il se sentait fatigué. Par pur réflexe, il passa le bout de ses doigts sur la croix d'argent accrochée à son cou.
C'était hélas devenu habituel qu'il se fasse taquiner à l'école à cause de la religion. En grandissant, il avait compris beaucoup de choses et notamment le fait que c'était naturel de recevoir des remarques à ce sujet. Les enfants de son âge n'étaient pas très malins à ses yeux : il n'embêtait personne à ce sujet, il était bon élève, mais il était toujours considéré comme un étranger même si ça faisait des années qu'il était arrivé en Corée du Sud avec ses deux parents. Il n'avait d'ailleurs que très peu de souvenirs de ses années là bas.
A côté de lui et à bout de souffle, Changbin s'arrêta quelques secondes pour reprendre sa respiration. Lui avait quelque peu changé, plus grand que Félix, plus dur physiquement et toujours aussi gentil avec lui, il était rapidement devenu inséparable avec son voisin malgré les avertissements de sa mère. Ils se voyaient tous les jours, partaient au collège ensemble et en revenaient tous les deux. Parfois Félix devait mentir à sa mère car il finissait plus tôt, mais voulait rentrer avec Changbin alors il prétextait des devoirs à faire en études pour rentrer plus tard. A chaque fois que ça arrivait, il redoublait ses efforts à la prière du soir pour demander au Seigneur de le pardonner.
« Désolé Changbin, je pensais que tu étais déjà parti. » dit Félix en souriant à son ami pendant que celui ci reprenait son souffle péniblement.
« Non voyons, tu viens dormir à la maison ce soir je ne pouvais pas rentrer sans toi quand même ! »
Après de très nombreuses soirées de négociations, les deux garçons avaient réussi à convaincre la mère de Félix que ce dernier vienne dormir chez son voisin pour une soirée pyjama. La mère de Changbin avait accepté depuis des mois avant que l'autre maman ne finisse par céder. Fous de joie, les garçons avaient déjà prévus une quantité de chips et de soda conséquente, sans parler de plusieurs films qu'ils comptaient déjà voir dans la soirée.
« Tiens, il t'est arrivé quoi aujourd'hui ? » demanda alors Changbin en montrant le pan de blazer d'uniforme de Félix encore tâché de poussière. Par réflexe, le cadet passa nerveusement sa main dessus pour tenter de le dépoussiérer.
« C'est rien du tout, je suis tombé pendant la pause de cet après midi. » répondit le garçon sans cesser de sourire, il voulait faire passer sous silence le fait que c'était un de ses camarades qui l'avait poussé dans la terre en disant que sa famille et lui étaient des détraqués à croire en Dieu. Aussi, il ne voulait pas provoquer la colère de Changbin : dès qu'il évoquait ce genre de souci, son ami devenait rouge et lui promettait de casser le nez des crétins qui lui avaient fait ça.
« Mhm. »
Changbin ne semblait pas le croire, mais ce n'était pas grave. Le cadet continuait d'avoir son sourire de façade, ce n'était pas grand-chose à ses yeux. Il n'y avait pas de raison d'être énervé ou quoi que ce soit : après tout il avait toujours appris à pardonner les offenses. C'était une prêche régulière du prêtre de son église. Aimer son ennemi et offrir sa bienveillance quelque en soit le prix. Même si parfois, Félix se sentait débordé par ses émotions il se contrôlait toujours bien.
« Allez on y va. » continua Changbin en passant son bras autour des épaules de son ami. « ça va être génial, on va pas dormir de la nuit ! J'espère que ta mère ne vas pas venir te chercher trop tôt le lendemain matin, j'aime bien faire des grasses matinées. »
VOUS LISEZ
Grandir (𝐶ℎ𝑎𝑛𝑔𝑙𝑖𝑥)
FanfictionGrandir n'est pas facile, surtout pour un garçon naïf et plein de bons sentiments comme peut l'être Félix. Mais grandir, c'est se découvrir soi même et devenir qui on est vraiment, qu'importe ce que nos parents ou notre éducation nous dit. Peut être...