[Sterek] Un monde de brume

Chapitre 2

Samedi 15 Novembre 2014 - 10h30.
Hôpital de Beacon Hills.

Scott faillit percuter un infirmier en se précipitant hors de la chambre. Il s'excusa maladroitement et se mit à courir dans le couloir, faisant glisser ses semelles sur le sol impeccable de l'hôpital. Le chemin jusqu'à l'accueil ne lui avait jamais paru si interminable, alors qu'il faisait le même trajet pratiquement tous les jours depuis plus de deux mois. C'était comme si les murs étaient soudainement devenus bien plus longs. Comme si le sol s'étirait à mesure qu'il courait, foulée après foulée.
Il atterrit sur le comptoir avec violence, essoufflé et le regard affolé, tandis qu'une collègue de sa mère s'occupait d'un homme qui remplissait un dossier d'admission. Les deux adultes posèrent sur le jeune homme un regard surpris, tandis que Scott essayait de reprendre son souffle.

- Il a bougé ! Il a ... il a bougé ! Où est ma mère ? Où est Melissa McCall !?
- Melissa ? Dans la salle de pause, il me semble, mais/

Scott ne prit pas le temps de discuter. Il n'avait pas une seconde à perdre. Il se précipita vers la salle de pause, elle aussi bien trop loin à son goût. Il aurait aimé pouvoir téléporter sa mère à la seconde où la main de Stiles avait remué entre ses doigts.
Il déboula dans la pièce où sa mère, éreintée par une énième nuit de garde, buvait paisiblement un café. Il fallut quelques secondes à Melissa pour réaliser la présence de son fils dans une pièce interdite au public mais il lui en fallut moins pour se lever de sa chaise. Elle avait deviné au visage affolé de Scott, que son agitation concernait Stiles.

- Trésor, qu'est-ce/
- Stiles ! Il a bougé ! Il se réveille !

Melissa posa sa tasse sur la table et s'approcha lentement de son fils, faisant un effort surhumain pour rester la plus calme possible. Scott avait déjà eu plusieurs fois la sensation de sentir la main de Stiles se serrer sur la sienne, mais aucun autre signe n'avait jamais suivi ces soubresauts annoncés par l'adolescent.
Elle savait que son fils mourait d'envie de retrouver son meilleur ami et malgré ses dons surnaturels, il restait un garçon bien jeune qui se laissait potentiellement abuser par ses plus profonds désirs.

- Calme-toi, chéri. Tu es sûr ? Que s'est-il passé ?
- Viens ! Viens voir ! Cette fois c'est sûr !
- Scott, s'il te plait, respire.

Les épaules de l'adolescent s'affaissèrent. Il savait que sa mère se méfiait de ses dires, depuis qu'il avait plusieurs fois donné l'alerte inutilement. Mais cette fois il était certain. Ca n'avait rien eu à voir avec toutes les autres fois. Son doigt avait remué. Ce n'était pas une pression, comme lorsqu'il avait eu l'impression d'obtenir un contact de son meilleur ami. C'était plus subtil mais infiniment plus vrai.

- Je te jure qu'il a bougé. Je l'ai senti toucher ma paume, maman ...
- Allons-y, trésor.

Scott inspira profondément. Il savait qu'elle ne le croyait pas, mais Melissa avait toujours été une mère attentionnée et bienveillante. Elle était toujours allé vérifier avec lui les paramètres vitaux de Stiles lorsqu'il avait eut l'impression de le sentir s'éveiller. Il marcha donc lentement jusqu'à la chambre de son meilleur ami, suivi de près par sa mère qui s'efforçait de rester professionnelle et rationnelle.
Stiles était toujours allongé sur son lit. Le moniteur cardiaque donnait toujours les mêmes informations : un rythme lent et régulier. La pièce résonnait d'une musique de film : c'était le rituel qui accompagnait les visites de Scott. Il avait enregistré les bandes-son de Star Wars et les faisait passer lors de chacune de ses visites, parce que c'était les films préférés de Stiles.
Scott s'approcha de son meilleur ami et posa une main timide près de celle de l'être humain, qui ne broncha pas.

- Stiles, maman est avec nous. S'il te plait, bouge ton doigt, comme tu l'as fait tout à l'heure ... Montre-lui que tu es là, vieux ...

Melissa observait les deux adolescents avec le plus grand intérêt. Elle savait pertinemment le lien puissant qui avait toujours uni les deux garçons et elle espérait sincèrement que Stiles s'accrocherait au moins en partie à cette amitié pour sortir un jour de son état d'inconscience. Mais les semaines passaient et les progrès étaient infimes. Ses fonctions vitales n'étaient plus assistées depuis peu, mais malgré elle, l'infirmière commençait doucement à perdre espoir.

- Allez, vieux, je sais que tu peux le faire ...

La main de Stiles n'esquissa pas le moindre mouvement. Melissa vit les épaules de son fils s'affaisser en même temps qu'il baissait la tête par résignation. Il avait compris que ce à quoi il avait assisté n'était probablement encore que le fruit de son imagination. Pourtant, l'infirmière marqua un temps d'arrêt alors qu'elle s'apprêtait à réconforter son fils.

- Scott ...

Elle fixa Stiles de longues secondes sans que Scott ne lui accorde son attention. Il était trop désespéré pour la regarder en face.

- Désolé, maman. C'est juste que j'arrive pas à l'accepter.
- Scott, tu ne t'es peut-être pas trompé, cette fois.

Scott releva soudainement la tête en fronçant les sourcils. Est-ce que sa mère le croyait ? Est-ce qu'elle avait vu quelque chose ?
Melissa s'approcha du lit, face à son fils, et posa une main légère sur le visage endormi de Stiles. La gorge de l'adolescent se contracta et il déglutit, faisant renaître l'espoir dans le coeur de ses deux visiteurs.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? Il se réveille ? Stiles, tu m'entends ?
- Calme-toi chéri. C'est bon signe, mais ça ne veut pas dire qu'il va reprendre conscience dans l'immédiat.
- Mais il vient d'avaler sa salive ! Il ne le faisait pas !
- Oui, oui, trésor. C'est un gros progrès. Ca veut dire que ses connexions nerveuses se remettent en marche. Mais c'est très long, chéri.
- Il va se réveiller, hein ?
- Je l'ignore, mon trésor. Mais c'est une bonne nouvelle. Continue de lui parler, d'accord ? Ne perds pas espoir. Je crois que Stiles a encore des choses à nous dire. Je vais en discuter avec le médecin de garde. Reste avec lui si tu veux.

Melissa quitta la pièce non sans difficulté. Il avait dégluti. Ce n'était peut-être pas grand-chose dit comme ça, mais Stiles ne l'avait pas fait une seule fois depuis son admission. Si il avait réellement pu remuer un doigt, il était sur la bonne voie pour reprendre conscience.