~ Chapitre 1 Thessa ~

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Assise dans la selle, au milieu de la carrière, j'attends l'arrivée de Laurent, l'équithérapeute. En ce début d'après-midi, il n'y a encore personne au centre. Je ne suis pas stressée par cette séance. J'ai déjà bien avancé selon lui et je fais des progrès de jour en jour. Whisky, le cheval, commence à s'impatienter, et moi aussi d'ailleurs. Le grincement significatif de la barrière en bois me fait un peu sursauter. En me tournant, je vois Laurent arriver en petite foulée. Parvenu à ma hauteur, il me sourit en me saluant.

— Salut Thessa ! Excuse-moi pour le léger retard, mais j'étais au téléphone avec Chris, le directeur de l'association pour ton voyage. Je devais transmettre ton dossier de cavalière à la patronne du ranch à Carson City.

Je me crispe instantanément. Ce voyage est une idée de Laurent et de ma psy, le docteur Mary Hernandez. Ils ont réussi à convaincre mon frère et ma mère de me laisser partie pour quatre mois. Je fais partie d'une association qui s'appelle Le Soutien. C'est d'ailleurs grâce à elle que j'ai pu devenir cavalière et surtout participer aux séances d'équithérapie de Laurent. Au vu de mon avancée, le docteur Hernandez et Laurent, a mis en place un stage pour m'insérer plus facilement dans la vie sociale et professionnelle. C'est ainsi que je pars demain dans un ranch à Carson City, à une heure et demie de Salt Lake City.

Je secoue la tête pour revenir au temps présent. J'essaye de répondre à Laurent avec un visage aussi neutre que possible.

— Bonjour, dis-je.
— On va pouvoir débuter ta dernière séance, ajoute-t-il sans perdre son sourire. Tu peux commencer ta détente avec Whisky au pas au trop et au galop.

Une heure plus tard, je mets pied à terre. Laurent me rejoint en gardant une certaine distance avec moi. Même si je progresse tous les jours, je ne supporte toujours pas le contact des autres. L'équithérapie m'a aidé, certes, à gérer mes angoisses. En revanche, eux ne peuvent pas m'approcher et encore moins me toucher. Et Laurent le sait très bien. C'est ainsi que nous sortons de la carrière. Tout en marchant, mon équithérapeute me félicite.

— Encore une excellente séance, je suis très fier de toi ! Tu seras vraiment dans ton élément dans ce ranch.

Je me contente d'un sourire crispé parce que j'ai la gorge trop nouée pour parler. Je fais partie d'une association Le Soutien qui aide les personnes atteintes de psychotraumatisme à les insérer dans la vie sociale, à leur trouver un travail. Pour mon cas, je dois juste être capable de côtoyer des individus étrangers à ma routine. Chris, le directeur de cette association, m'a déniché un stage de quatre mois dans un ranch à Carson City dans le Nevada. Le départ est prévu pour demain.

Laurent me raccompagne jusqu'à l'écurie. Une fois arrivé devant le box de Whisky, il me félicite encore une dernière fois pour mes progrès et il me souhaite de réussir ce stage. Je laisse mon cheval du jour entrer dans son box en premier. Je le suis à mon tour en retirant ma bombe et le mets sur la mangeoire. J'entreprends d'enlever les sangles de la bride pour pouvoir la faire glisser plus facilement sur la tête de l'animal. Puis, je passe sur la gauche pour retirer le tapis et la selle. Je pose tout l'équipement sur la porte du box et je commence un bon pansage. Tout en effectuant les différentes tâches, je ne cesse de me questionner sur le déroulement de ces quatre mois loin de mes repères. Tom, mon frère, m'en a longuement parlé avant que j'accepte. Le pire c'est que tout le monde est de mèche. J'ai eu beau lutter, la partie était perdue d'avance. Au moment où je passe le dernier coup de brosse sur le poil de Whisky, j'entends un toc-toc sur la porte du box.

— Alors ? Comment c'est passé ta séance ? me demande une voix familière. Je me retourne et fais face à mon frère.
— Plutôt bien ! On a fait un point sur les choses que j'ai apprises au cours des dernières semaines. Laurent m'a dit qu'il était content de moi et de mes progrès. D'après lui, je serai bien dans ce ranch.
— Waouh ! Mais c'est trop bien sœurette ! Moi aussi je suis vraiment très fier de toi. Mais je t'avoue que te savoir loin pendant quatre mois, ça me retourne l'estomac maintenant que ton départ est prévu pour demain...

The Wild BrothersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant