Chapitre 1 : Agitations Nocturnes

39 2 0
                                    

Dans le village tout était calme, le chant de la chouette berçait les habitants endormis. Un homme pourtant était bien éveillé, il se rua sur son bureau pour y prendre un stylo. A moitié nu, il écrivit frénétiquement dans un carnet vierge. L'adrénaline circulait dans tout son corps. Tellement, qu'il n'arrivait pas à tenir en place. 

D'une main tremblante, il parvint malgré tout à écrire ces quelques mots :

 "méfiez-vous des ombres"

L'homme regarda une dernière fois autour de lui avant de hurler.

- Laissez-moi tranquille !

Une grande peur émanait de ses supplications. Submergé un torrent d'émotion le sexagénaire se mis à pleurer avant de courir en direction de la fenêtre. D'un bond il atterrit dans l'herbe un étage plus bas. Par chance, il n'eut que quelques égratignures et il repris sa course en direction des bois. 

Le lendemain, ses voisins adeptes du commérage remarquèrent sa disparition. Tout d'abord, ils trouvèrent étrange que les lumières soient allumées en pleine journée mais le plus bizarre était qu'Albert ne se trouvait pas à l'intérieur. Plus tard dans la matinée, il ne s'était pas non plus rendu au rendez-vous pétanque habituel du samedi.

 Pour Giselle s'en était trop, elle n'avait pas hésité longtemps avant d'appeler la gendarmerie. La disparition d'Albert fut alors confirmée. Le retraité avait complétement disparu laissant tout derrière lui. De plus, un mot étrange avait été retrouvé, à son domicile, posé sur son bureau. Pourtant, aucun habitant ne comprenait sa potentielle signification.

Albert était un symbole du village et surtout un résident de longue date. Les maisons aux alentours avaient été inspectée avec la permission des propriétaires mais rien de compromettant n'avait été trouvé. En fin de journée, avant la nuit une battue avait été organisée pour fouiller les bois. Gendarmes et villageois cherchaient méthodiquement le déploré Albert. La ville la plus proche était à 30min en voiture. Il était donc impératif de le retrouver, perdu dans les bois, il lui serait impossible de trouver de l'aide et il n'avait plus l'âge de faire de la survie. Les amis d'Albert participaient à la battue mais leur âge avancé commençait à les décourager et le soleil se couchait lentement.

 A la nuit tombée, il leur faudrait rentrer, chercher deviendrait inutile sans lumière. L'échéance fatidique arrivait presque quand le sergent Richard repéra un homme en sous-vêtement, recroquevillé sur un tapis de feuille. L'homme avait mauvaise mine, il avait d'énorme cerne bleu et les yeux dans le vide. Des spasmes nerveux parcouraient son corps pendant qu'il tremblait de froid. Il marmonnait des mots inintelligibles tel un fou dans un asile. Le gendarme s'empressa de couvrir le pauvre homme avec sa veste. Il avait peine à imaginer quel traumatisme, il avait dû subir pour être dans cet état. Habitué aux patrouilles tranquilles, il ne connaissait pas la marche à suivre dans ce genre de cas. Heureusement, ses collèges l'avaient rapidement rejoint. Ils s'accroupirent à côté d'Albert prêts à le relever.

- Que vous ait il arrivé monsieur ? Vous allez bien ? demanda le sergent.

Un regain d'énergie passait de nouveau dans le corps d'Albert. Avec une force surprenante, il s'empara fermement du col de l'homme de loi.

- Les ombres sont partout ! Pitié sauvez moi des ombres..., supplia-t-il les yeux déments avant de s'évanouir.

- Je pense qu'il va devoir consulter avant de rentrer chez lui, conclu le gendarme encore sous le choc, la main d'Albert encore sur son col.

Albert se réveilla une heure plus tard, à l'hôpital où il avait été pris en charge. Les quelques égratignures sur son corps avaient été désinfectées et ne se voyait plus. Il se leva doucement de son lit, prenant peu à peu conscience de son environnement. La pendule sur le mur affichait 20h. De l'autre côté de la vitre intérieur de sa chambre, l'hôpital Saint-Vincent était particulièrement agités. Situé dans un désert médical, il subissait un sérieux manque de personnel, les soignants devaient être partout la fois, et ils n'avaient pas eu le temps de remarquer Albert s'enfuyant d'un pas rapide en direction de la sortie. Dans le hall d'accueil, un homme avait remarqué la robe d'hôpital et l'air abattu du fuyard. Souhaitant l'aider, il s'approcha de lui la main tendue. En retour, il se fit bousculer, pris par surprise le gentil homme s'écrasa au sol un mètre plus loin. Cette action avait trahi Albert, une armée de soignant ayant vu la scène déboulèrent en renfort.

- Monsieur calmez-vous ! s'exclama l'un d'eux en aidant la victime à se relever.

- D'où sortez-vous ? Vous ne contiez pas sortir dans cette tenue ? surenchéri un dénommé Max d'après le badge sur sa poitrine. Il était battis comme une armoire et sa présence suffisait à convaincre de renoncer à toute violence. 

- Je dois sortir d'ici, ils peuvent me retrouver ici monsieur, lui expliqua le retraité.

- Je ne veux pas être mêlé à vos affaires mais allez au moins récupérer des vêtements. Et si vous avez peur de quelque chose vous avez de la chance les gendarmes sont est là, répondit Max.

D'un signe de main, il fit signe à Albert de le suivre. Ils parcoururent ensemble le chemin inverse à celui qu'Albert venait de réaliser. A quelques mètres de la chambre qu'il avait quitté, deux gendarmes décontractés se tenait devant une machine à café des gobelets fumant à la main. Les gendarmes reconnurent immédiatement Albert et reprenaient un air plus professionnel.

- Bonsoir, je suis le lieutenant Ozenne et mon collège le sergent Richard. Nous devons essayer de comprendre ce qui vous ai arrivé pour boucler le dossier de votre disparition. Pouvez vous nous en dire plus ? demanda-t-il essayant de cacher la gêne qu'il ressentait d'avoir si médiocrement surveillé la chambre d'Albert.

- Je crois que je n'ai rien à faire ici et je suis occupé, conclu Max en s'éclipsant, pour assister ses collèges qui s'occupaient d'un patient hurlant de douleur.

- Les ombres me suivent et me parlent où que j'aille. Je ne sais pas quoi faire, s'il vous plait trouvez une solution, implora Albert.

- Rassurez vous, on connait un spécialiste de ce genre de cas et figurez-vous qu'il est dans un bureau un peu plus loin, répondit le sergent un sourire amusé qu'il n'essayait même pas de cacher.

- Je vois bien que vous ne me croyez pas mais laissez-moi le voir peut-être qu'il pourra m'aider.

- Bien venez, pouffa M. Richard

Les gendarmes l'escortèrent à travers les couloirs blanc et aseptisé de l'hôpital. Après avoir esquivé une bonne dizaine d'infirmier pressé, ils arrivèrent devant une porte entrouverte. Le sergent Richard ouvrit la porte et invita Albert à entrer.

- Je t'amène quelqu'un tu vas enfin avoir du boulot ! lança le gendarme à travers le bureau.

Quand Albert fut suffisamment avancé, il claqua la porte d'un coup sec le laissant au milieu de la pièce accompagné d'un jeune homme d'une vingtaine d'année. Avant que la porte ne se referme, il avait eu le temps de lire sur un petit écriteau : "Théo Doré Psychiatre" 

Malédiction psychologiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant