Chapitre 3 : Glacée d'effroi

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Théo reprenait conscience lentement. Les yeux clos, il avait conscience d'avoir fait un terrible cauchemar. Tous ses membres étaient encore complétement crispés par la peur. Son corps s'en souvenait, pourtant seules des bribes d'images ensanglantés persistait dans son esprit. Il voyait le sang coulant à flot d'une gorge tranchée tandis que des ombres s'immisçaient dans son champ de vision, le plongeant dans le noir. L'effet de la drogue et du terrifiant Albert devaient être responsables de cette vision d'horreur. Le midazolam surdosé devait encore faire effet, il avait l'impression de baigner dans un liquide chaud et visqueux, comme un enfant dans le ventre de sa mère. Il se jura de ne plus jamais prescrire ce médicament, si tel avait été les effets sur lui, il n'osait pas imaginer  sur un esprit malade.

Théo se rappela qu'il était à la poursuite d'Albert avant de perdre l'esprit. Il était de son devoir de prévenir les forces de l'ordre qu'un homme instable était en liberté. Les paupières entrouvertes, il se mit à analyser son environnement. Malgré une vision floue et le noir total, un arbre d'une très grande stature était clairement identifiable. Théo se trouvait surement dans la forêt qui délimitait l'enceinte de l'hôpital.

Dans la nuit, les ombres étaient légions, elles semblait jouir silencieusement de leur puissance de confusion. Les silhouettes à peines visibles était éclairé par la faible lueur d'une lune quasiment absente.  Le psychiatre était complétement perdu, il ignorait la raison de sa présence en ce lieu et n'avait plus aucun repère temporel. En se relevant, il comprit que le liquide qu'il pensait avoir imaginer était réel. Il en était recouvert et sous ses pieds, il entendait le clapotis d'une flaque, sans pouvoir déterminer son origine.

Théo n'avait de tout façon pas le temps de se poser plus de question et il retourna prudemment en direction d'une source lointaine de lumière espérant tomber sur l'hôpital Saint-Vincent. Le parc était d'un calme absolu, il était seul. Pourtant, il se sentait épié, jugé, comme assailli d'une culpabilité inconsciente. Un fou se retournerais pour vérifier qu'il n'était pas suivi, tandis qu'une personne saine d'esprit rationnaliserait et prendrait conscience de l'absurdité de ce sentiment. Il le savait mais il ne put s'empêcher de vérifier. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule se préparant au pire mais seul le noir glacé le suivait. Malgré tout, il aurait pu jurer que quelque chose s'était caché dernière le grand chêne pédonculé à 20 mètres de lui. Théo accéléra le pas et il percuta violemment un objet lourd avec pied le faisant perdre l'équilibre. Sa tête fut la première à accueilli le sol, ses mains n'avaient pas eut le temps de réagir. La drogue avait anesthésié la douleur mais elle avait aussi annihilé tout réflexe.

Il resta quelques secondes inerte sonné par le choc qu'il venait de subir. Son innocence et sa confiance en lui venaient d'être violées en une soirée. Habituellement naturellement optimiste, il avait maintenant l'impression que la vie s'était ligué contre lui. Broyant du noir, il découvrit horrifié, grâce à la l'éclat lunaire, le corps inanimé d'Albert sur lequel il venait de trébucher. Sa gorge était tranchée par un opinel, du sang coulait de sa bouche. Théo complètement décontenancé comprit, qu'il était responsable de ce meurtre. Le couteau offert par son père était encore fiché dans l'artère du pauvre homme qui n'avait probablement pas eu le temps de le retirer. Il y a quelques instants, il était surement en train de prendre un bain dans son sang. Une option lui semblait aussi terrifiante qu'évidente, il devait se rendre. N'étant pas en pleine conscience de ses moyens, il avait espoir qu'un juge puisse se rallier à sa cause. A l'intérieur de lui, une voix qu'il n'avait jamais entendu n'était pourtant pas de cet avis.

Cache le corps, tu n'es pas coupable, tu sais très bien que si les gendarmes le découvre tu le deviendras... susurra-t-elle dans son esprit. 

Elle avait raison, il en était maintenant convaincu, il n'aurait jamais pu tuer un homme et il ne pouvait pas prendre le risque d'être considéré comme coupable. En enfouissant le corps sous les feuilles, il s'était juré qu'il chercherait le meurtrier et qu'il le dénoncerait sans hésitation. Théo estima qu'Albert était suffisamment bien caché, du moins il l'espérait. Son corps était dans une zone suffisamment reculée, il n'y avait aucune chance d'être trouvé par hasard. Le psychiatre ne pouvait pas retourner au bureau, il devait avant tout enlever le sang qui le recouvrait avant d'être repéré. Enfin revenu sur le parking, il fut soulagé de constater qu'il n'y avait personne, seulement les quelques voitures de l'équipe de nuit de l'hôpital. Sa Renault Capture rouge nouvellement acquise l'attendait, elle représentait sa chance de rentrer chez lui discrètement. Sortant la clé qu'il avait mise dans la poche arrière de son jean, il s'empressa de la déverrouiller pour s'installer au volant. Au démarrage, le moteur gronda dans le silence de la nuit. Il se sentait terriblement vulnérable ne réalisant pas entièrement la situation. Il s'imaginait déjà les mains liées en direction d'une grande porte en fer celle qui deviendra sa future cellule.

Parmi les places parking pochent de la sortie, il aperçut, une voiture de gendarme. De son point de vue, son bleu signature brillait de milles feux au milieu des autres. Il guettait ses moindres mouvements priant pour ne pas être vu. Ce véhicule était maintenant à éviter à n'importe quels prix. Il le hantera surement à tout jamais à coté de l'image du cadavre d'Albert. Il n'était pas coupable du meurtre mais il était malgré tout responsable de sa dissimulation.

Son cœur battait la chamade, il devait passer juste devant pour quitter l'hôpital, il n'avait aucune autre option. Théo espérait qu'aucune source de lumière n'éclaire suffisamment l'habitacle pour permettre de voir les nombreuses tâches sur ses vêtements. En adoptant, une conduite la plus naturel possible, il passa lentement, devant le véhicule, heureusement complétement vide. Il n'eut pourtant pas le luxe de pouvoir se détendre, au loin sous la lumière de la façade de l'hôpital, le Lieutenant Ozenne et le Sergent Richard lui faisant signe de s'arrêter. Dans un vent de panique, Théo appuya sur la pédale d'accélérateur se mettant immédiatement hors de portée des gendarmes, sur une départementale largement au-dessus de la vitesse autorisée.

Malédiction psychologiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant