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La nuit avait enveloppé la maison des Relish dans son manteau sombre et silencieux. Tout le monde dans la pièce s'était retiré pour se coucher à la demande du grand-père, mais le sommeil semblait fuir chaque occupant. Les esprits étaient agités, les pensées tourbillonnantes empêchant le repos.

Lise, en particulier, ne s'était même pas remise au lit. Son esprit était un tourbillon d'informations et d'idées, un puzzle complexe qu'elle essayait désespérément de résoudre. Elle était assise à son bureau, sa plume dans sa main droite et le douzième papier face à elle griffonné d'idées, qui n'avait pas encore rejoint la pile qui jonchait sur son parquet. La jeune fille de dix-huit ans cherchait la meilleure solution pour aider sa famille. Son imagination débordante lui permettait de prévoir tous les éventuels scénarios possibles, chaque possibilité étant soigneusement examinée et analysée.

Avec chaque minute qui passait, Lise sentait son énergie s'épuiser. La liberté qu'elle souhaitait tant s'apprêtait à définitivement s'envoler, la laissant avec un sentiment de désespoir grandissant. Alors que la jeune fille commençait à somnoler sur son bureau, les premières lueurs du soleil faisaient leurs apparitions et le coq entamait tout juste son chant, signalant le début d'un nouveau jour.

C'est un visage violacé de cernes qu'elle retrouve les membres de sa famille à table. Enfin la partie de sa famille qui était avec elle hier soir lors de cette bouleversante nouvelle. Le petit déjeuner n'était pas comme avant, il était baigné d'un silence presque étouffant. L'air était lourd d'inquiétude non dite, chaque membre de la famille perdu dans ses propres pensées.

Et le malaise s'intensifie à l'arrivée de Léonard, dix ans, qui porte dans ses bras la petite Fiona qu'il donne à sa mère avant de s'installer à table. Puis, c'est Joséphine, sept ans, accompagnée de Oliver, cinq ans, qui font leur entrée, en plein débat sur le programme de la journée. L'une voulait partir en pique-nique tandis que l'autre souhaitait se rendre au centre-ville pour faire les magasins, notamment la boutique de farce de Monsieur Trémaire. Les trois plus jeunes, trop animés par leur occupation, ne se rendent pas compte de l'ambiance habituelle absente, mais le plus grand, Léonard, sent ce quelque chose de bizarre.

Et c'est sans compter son tact habituel, hérité de ses longues heures à côtoyer son grand-père au franc parler, qu'il prend la parole.

-Il y a quelqu'un qui est mort ? - dit-il d'un calme innocent en tartinant son pain de sa marmelade préférée. Sa question, bien que posée innocemment, fait l'effet d'une bombe, brisant le silence pesant qui avait envahi la pièce.

-Bon très bien, nous irons en ville aujourd'hui les enfants. Tous ensemble !- survient la mère pour couper court à la question de son fils. Sa voix, bien que ferme, tremble légèrement, trahissant son inquiétude.

-Grand-père aussi vient ? - demande Joséphine de sa petite voix, ses yeux brillants d'excitation à l'idée de la sortie en famille.

-Oui, tout le monde vient ! Allez, tout le monde va se préparer, vous avez une heure les enfants - déclare la mère, se levant de table.

Une bonne minute passe où tout le monde se regarde dans les blancs des yeux avant que Oliver ne sorte de table, suivi de près par Léonard qui prend la main de Joséphine pour l'aider à descendre de sa chaise. Et s'en suit tous les autres dans le brouhaha des chaises de la salle à manger.

Philippe, lui, se rend sur le perron de la maison pour ramasser le journal local. Il déplie le papier, ses yeux parcourant rapidement les titres jusqu'à ce qu'ils tombent sur l'annonce que la famille attendait : "Le maire invite tout le village à se rendre à la place de la fontaine au centre-ville pour une annonce urgente". Ce dernier le montre à son père qui pose une main réconfortante sur l'épaule de son fils et le regarde d'une manière à lui transmettre toute la force possible face à l'épreuve qui les attend.

Les désastreuses aventures des RelishOù les histoires vivent. Découvrez maintenant