1.

969 31 4
                                    

Le lundi c'est son jour de repos, en théorie. Iris prend quand même le temps de répondre à quelques mails sur son téléphone et à la trentaine de messages de Charles sur différentes plateformes tout en sachant qu'elle n'est pas payée ce jour là.

Elle s'assoit sur son lit en mangeant des céréales et en regardant des séries jusqu'à ce que ses yeux se mettent à piquer.
Elle finit toujours par s'endormir quelques heures bercée par la lumière de l'après midi. Quand elle se réveille, en général elle part à la recherche d'Emma, sa colocataire, qui est souvent à la fac en train de bosser. Quand elle est là et qu'Iris ne dort pas, elles essayent d'aller à la salle de sport ensemble, chacune repoussant leurs limites pour ne pas être la première à craquer.
Ensuite elle décongèle un plat déjà préparé avant de rejoindre son lit, profitant de chaque moment qui passe où elle n'est pas obligée de parler.

Elle sort souvent le lundi soir dans son bar préféré et fini régulièrement chez un inconnu. Elle rentre bien sur en taxi juste après.

Le mardi matin, tout recommence.
Iris se lève et s'arrête pour prendre un muffin et un café dans le petit shop à côté du métro. Elle retrouve souvent Charles chez un fleuriste ou dans n'importe quel endroit où se dérouler le désastre.

Iris n'aurait jamais pensé qu'elle deviendrait organisatrice de mariages. C'est la faute de Charles.

Ils étaient tout le temps en compétition en école de commerce : bons élèves et facilement agacés par l'autre. Mais il y a toujours un lien inévitable qui se crée lorsqu'on partage les mêmes deadlines et la même bande de potes.

Charles a vu Iris dans ses pires états quand elle s'est faite quittée de façon brutale pendant leur dernière année et Iris a toujours ramené Charles chez lui après qu'il ai trop bu. Ce qui arrivait souvent.

Personne n'avait préparé Iris pour la vie après son diplôme et Charles lui avait proposé de monter un business avec lui.

« Organisateurs de mariages » avait dit Iris, répétant le mot pour être sure de comprendre.

Charles a des contacts dans l'événementiel et dans la mode. Il a fait des stages dans les meilleures boites, se débrouillant pour rencontrer des gens jusqu'à l'épuisement et il a réussi à gagner pas mal de followers sur ses réseaux sociaux ces dernières années. Il comprend les modes et sait très bien jouer de son accent français lorsqu'il le faut.

Il a aussi reçu une aide financière de sa famille pour pouvoir créer une start-up correcte.

«Mais alors pourquoi t'as besoin de moi ? » avait demandé Iris, vraiment perdue. Elle avait fait un stage au Crédit Mutuel et était en train de passer des entretiens pour un poste chez Samsung. Elle s'est dit que ça pouvait être intéressant d'aller en Corée quelques années.

« J'ai pas envie de bosser pour quelqu'un d'autre » lui a expliqué Charles en la regardant à travers ses petites lunettes rondes qui lui donnaient un air prétentieux selon Iris.
Ils étaient assis dans un petit café bobo, rempli de fleurs exotiques qui n'arrivait pas à cacher la couleur grise du ciel de Paris. Charles buvait un café noir tandis qu'Iris jouait nerveusement avec son verre d'eau. « Et je pense sincèrement qu'on peut y arriver, ça peut devenir un succès et je suis peut-être pas le meilleur quand il s'agit des détails mais toi si. »

Ça serait mentir si elle disait qu'elle n'avait pas été flattée à ce moment là et Iris a sentit que ça avait marché.
Elle pouvait voir son futur se dérouler devant elle : Quelques idées flous qui se transformaient en véritables bureaux, elle allait avoir un vrai boulot, un travail qui finirait par avaler toute forme de liberté pendant les 30 ans à venir.
L'idée la déprimait mais comme lui disait son père, on ne peut pas vivre d'amour et d'eau fraîche.

L'avant de l'après / Daniel RicciardoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant