Chapitre X - La peur d'aimer

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Fulminante de colère, Chihiro se précipita avec hâte dans les bains publics pour déchainer sa fureur. Bien qu'elle ne soit qu'une humaine et qu'elle ne détenait aucun pouvoir particulier, plusieurs esprits furent quand même pris de panique lorsqu'ils croisèrent son regard endiablé. En réalité, sa rogne fit fuir plusieurs clients... Yubaba serait sans doute mécontente de perdre des affaires, mais Chihiro était bien trop en colère pour s'en soucier.

Oh, ce Haku ! pensa-t-elle avec aigreur. Je ne peux pas croire qu'il ait pu me faire ça, et dire que Lin et Kamaji étaient aussi de la partie ! Et ils prétendent être mes amis !

Alors qu'elle continuait à décharger sa colère, cette dernière commença lentement à se muter en désespoir.

Oh, et moi qui pensait qui pourrait un jour y avoir quelque chose entre moi et Haku... je suis tellement idiote. Mais vraiment, à quoi je pensais ? C'est un esprit et je suis une humaine, ça ne marcherait jamais. Je suis tellement stupide, il ne m'aimera jamais de la même manière. Je me demande même s'il se soucie de moi. Et cela vaut aussi pour Lin et Kamaji. Je n'arrive pas à croire qu'ils complotaient pour me renvoyer chez moi. Depuis combien de temps me mentent-ils ?

C'était vraiment déprimant, elle avait besoin de parler à quelqu'un. Elle ne pouvait résolument pas se tourner vers ses trois compères - puisqu'ils étaient eux-mêmes la cause de ce bouleversement. Yubaba ne servirait à rien non plus, elle se contenterait probablement de lui assurer qu'elle resterait ici temps qu'elle était sous contrat. Cette pensée lui remontait un peu le moral : à moins que Yubaba ne le déchire, elle se serait pas autorisée à partir. De toute évidence, elle n'était pas au courant du plan de ses amis de la renvoyer chez elle, sinon elle y aurait sûrement mis un terme - ne voulant pas à nouveau perdre son 'meilleur employé'. Pourtant, cela ne gommait en rien la trahison qui venait de la frapper. Elle se demandait qui d'autre pouvait être dans les petits papiers. Chihiro s'arrêta soudainement, réalisant une chose... Bôh. Il semblait contrarié depuis un moment maintenant. Le savait-il ? Était-il dans la confidence ? Elle devait en avoir le cœur net.

En réalité, la jeune femme se sentait un peu à court d'amis en ce moment. Elle ressentait le besoin de converser avec une personne qui jugeait sa présence légitime. Elle se dirigea alors vers le bureau de Yubaba, sans même prendre la peine de frapper - à la grande irritation du heurtoir. La vieille femme leva les yeux alors que Chihiro faisait irruption dans son bureau.

- Haku m'a déjà averti de votre retour, dit simplement Yubaba, retournant à son travail. J'espère que tu as apprécié ta pause, car nous sommes très occupés aujourd'hui.

- J'ai besoin de voir Bôh, répliqua Chihiro.

Yubaba haussa un sourcil.

- Pourquoi ?

- C'est personnel.

Les yeux de la sorcière se rétrécirent.

- Tu rentres de vacances et tu veux déjà faire une pause ? Bien essayé, ma fille, mais nous avons des clients.

Chihiro s'énerva. Cette journée, qui avait pourtant si bien commencée, s'était rapidement transformée en cauchemars ; elle n'avait en aucun cas besoin d'en entendre plus.

- Eh, Bôh ! appela Chihiro, faisant sursauter les trois têtes vertes. Ta mère ne me laisse pas venir te voir !

La réaction fut prévisible et immédiate.

- Baba, laisse entrer Chihiro !

Yubaba regarda Chihiro.

- Mon trésor, Chihiro a du travail. Elle vient de passer un week-end amusant et doit faire son travail maintenant, dit-elle doucement.

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