Le Deuil

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Les souvenirs de deuils sont rarement les souvenirs les plus chaleureux, mais ce souvenir ci en particulier était sombre et macabre, baigné dans l'obscurité et remincissent d'une époque de trouble. On venait d'enterrer ma mère, grande matriarche de notre maison elle avait toujours gardé le rôle de pilier de la famille même bien avant la mort de notre père décédé bien jeune lors de ses années de travails. C'était une femme digne, forte et autoritaire mais dont la vie fut nimbée de secrets profonds. Jamais ni moi ni mes frères et sœurs ne sut jamais réellement tout sur notre mère, elle était réservée et bien souvent fermée à la discussion, on n'eut jamais vraiment grand-chose a partagé avec elle et au jour de son enterrement, bien que nos visages demeurassent scellés, moindre larme ne perlait le visage de chacun. Peut être tout au plus un sentiment de regret de ne pas s'être sentit plus proche de ce qu'était notre mère. Lors des obsèques, nous nous sommes réunis dans une salle blanche presque comble, avec la famille et les amis proches. Le silence qui enrobait la pièce était pesant et bientôt le prêtre se dressa au sommet de l'estrade, il s'adressa à nous, enfant de notre mère, pour nous rappeler à quel point la perte fut grande. « Elle nous manquera » finit il avant d'entamer ses oremus. Durant les prières, mon regard ne put s'empêcher d'examiner le visage des personnes autour de moi, peut être j'aurai voulu savoir à qui plus qu'à moi la perte de ma mère avait pu être profonde mais c'est bien autre chose qui attira mon attention : un homme quelques rangés derrière moi, vieux, cheveux grisonnant du moins de ce qu'on pouvait en voir puisqu'il portait un chapeau noir, le regard cachait par des lunette noires, et arborant un rictus que l'on pouvait tout autant distingué de ses lèvres que des petits plissement de peau dans le coins des yeux, les mains lié entre elles figurant d'imposantes cicatrices provenant très certainement d'une ancienne brûlure. Mon visage resta longtemps posé sur cet homme qui dégageait une aura à glacer le sang. Bientôt il me remarqua mais au lieu de détourner le regard comme j'aurai pu le faire à mon habitude, je continuais de le scruter comme désireuse de connaitre sa réaction. Il retira ses lunettes pour laisser apparaitre son regard fatigué de vieil homme mais pourtant rempli de cette lueur d'excitation et de malice d'un jeune enfant. Je restais l'air bête à le fixé ainsi, la bouche un peu bé en essayant de comprendre pourquoi il souriait ainsi et bientôt son sourire s'intensifie laissant apparaitre ses dents blanches parfaites. Il me regarda ainsi fixement à son tour puis me fit un petit clin d'œil. Je détournai enfin abruptement les yeux un instant, me concentrant sur la prière mais, sentant un regard pesant sur moi, je tournai de nouveau la tête. Le vieil homme au chapeau était toujours là à me fixer du regard, le sourire véritablement éclatant de bonheur. Le prête interrompis sa prière, c'était l'heur de se recueillir sur le cercueil de notre mère. On passait tour à tour, les gens défilaient, restaient un instant puis repartaient, la file se vida petit à petit jusqu'à ce que ça soit à mon tour. Arrivé devant le corps mort de ma mère, je n'eu presque pu la reconnaitre, elle avait vraiment les cheveux comme ça ? Comme les autres je posai une main sur le cercueil, fermai les yeux, fit mine de me recueillir. Lors de cet instant un de mes yeux s'ouvrit un peu pour scruter les photographies qu'ils avaient déposé près d'elle. Aucune photo de moi ou de mes frères et sœurs, ni même de ses petits-enfants... Une photo néanmoins me fit réagir, on y voyait ma mère habillée comme la reine du bal dans ce qui semblait être une soirée très festive, elle arborait un véritable sourire comme elle n'en eu jamais aucun avec nous. Était-ce bien ma mère ? Mon regard se posa sur la personne qu'elle prenait sous son bras, un fringuant jeune homme, glabre, brulé de la tête au pied, les cavités oculaires entièrement creuses dénués d'yeux, on ne pouvait à peine distinguer un visage humain si ce n'était ce resplendissant sourire de bel homme. Je tressaillis un instant et bien que je n'aimais pas être intimidé face au malheur des gens, cette personne au visage déformé par les brulures me torturait littéralement le tréfond de mes entrailles, aussi bien qu'il semblait me scruté et me sourire à moi. Je retirai ma main du bord du cercueil et je rejoignis mon frère. Je n'eus pas le cœur de lui faire part de mon ressentiment, on est simplement sortie de la salle avec le reste de la communauté. Lors de la mise en terre, il n'y eu point nuages ni pluies comme dans les films, pas plus de larmes ou de pleurs d'ailleurs. Le prêtre lu de nouveau des prières pour accompagner notre mère dans la tombe quand soudain, une vieille femme de l'âge de notre mère, inconnu de notre famille, s'écroula de chagrin en proie aux pleurs et à la lamentions. Ce qui semblait être son mari, tout aussi inconnu, tentait de la rassurer et de la consoler. Mon regard se déversa sur la foule, désirant reconnaitre l'homme au chapeau s'il s'y trouvait mais non il n'y était pas... ah si là ! De son sourire magnifiquement vêtu, il redonnait chaleur et bonne humeur dans les cœurs de tout un chacun... mais pas à moi, il n'instaurait en moi que frissons de terreur et malaise profond. J'attendis que la cérémonie se clos pour aller lui parler, je sortie du cimetière et il était déjà là comme si c'était lui qui m'attendait... toujours avec un très très beau sourire affiché sur son vieux visage. Je m'adressai à lui avec les meilleures politesses que je puisse avoir à ce moment-là... « Bonjour monsieur, je vous ai aperçu aujourd'hui je crois que vous n'avez pas été encore présenté à notre famille, vous connaissiez ma mère ? ». Il restait figé là, le sourire éclatant de blancheur. Après un instant de vide intense, il prit la parole d'une voix suave, lente, presque perché « Oh oui, elle était merveilleuse oh ! ». « D'accord, hum, où l'avez-vous rencontré ? ». Le grand et vieil homme resta immobile, parfaitement amorphe mais toujours aussi souriant. Je poursuivis alors « Vous avez passé toute la cérémonie à me fixer et à sourire, je peux savoir pourquoi ? ». Encore une fois je n'obtiens aucune réponse, et cet air bé et cet affreux sourire dégoutant commençait à profondément m'énerver. « Très bien... Monsieur, aurevoir ! » Je me retournai et commençai à partir lorsqu'un geste foudroyant me pressa très fortement le bras pour m'en empêcher. Je sentis le sang en moi se geler tout à coup, comme si mes vaisseaux sanguins furent en un instant transit et je ne sentais qu'au fond de moi un mal-être informe et une nausée glaçante. Je me retournai mécaniquement tant mes muscles étaient saisis d'effrois, et mon regard se posa sur cette figure sombre et hilare, le visage mortifié à l'exception de sa fissure rectuesque lui déformant le visage, me tenant là le bras et de son profond regard vide me fixait. « Merveilleuse ! ».

Après un bref moment d'effroi, ma colère pris place, je me débattu « lâchez moi sale fou ! ». Je lui envoyai en plein visage un coup de poing et c'est alors qu'il daigna lâcher prise. Je m'enfui en courant non sans laisser derrière moi un dernier regard, je n'étais pas étonné mais pourtant tout autant terrifié, il souriait. 

Ténèbres éveilléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant