4. Je te laisserai des mots

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Je ne sais pas si j'ai hâte d'aller le voir ou pas. Je suis plutôt anxieuse, je me balade dans la rue j'observe le comportement des gens. Il y en a des grands, des petits, des beaux, de moins beaux, cheveux longs, cheveux courts il y en a tellement. Je ne sais plus où regarder, je trouve enfin une direction, la place du Trocadéro. Je n'aime pas forcément être entourée de personnes mais j'aime bien pouvoir les analyser, leur inventer une vie, une histoire seulement grâce à quelques comportements. Un geste de la main, une respiration saccadé, un pas léger, une expression du visage, ect.. Tout est un indice pour comprendre qui se cache sous ce visage, je l'avoue ça fait un peu psychopathe mais bon ça me plait. Je m'assois sur une des marches et observe, ça me change les idées par rapport à mon anxiété lié à ce fameux rendez-vous qui me travaille l'esprit depuis hier soir.

J'aperçois un couple, ils sont mignons d'apparence mais le sourire du mec semble faux. Il semble vraiment tracassé par quelques choses, je le vois car son doigt ne cesse de sautiller. J'observe ses yeux, je le vois mieux qu'avant vu que les deux "amoureux" se rapproche de là où je me trouve. Il a des cernes plutôt prononcer, le regard posé sur ses chaussures? elle mène la danse, le tire vers une direction inconnue pour moi, elle semble impatiente suite aux actions lasses de son petit-ami. Soudain mes yeux sont attirés sur ces bras laissés nue par le port d'un tee-shirt. Il faut avoir l'œil pour pouvoir le voir mais il y a pleins de petites taches de brulures comme celle d'une cigarette. Soudain, la jeune femme allume une cigarette et le regard de l'homme devient plus sombre et fuyant qu'avant, ça ne fait que confirmer ma théorie. Elle le maltraite en le brûlant avec ses cigarettes et avec beaucoup de chances elle ne fait pas que ça. Le regard du pauvre garçon croise le mien, il a compris que j'avais compris. Je me lève quand je m'aperçois que la cigarette ne va plus vers les lèvres de la femme, je commence à courir, faire croire que je suis pressée et avant qu'elle ne puisse le brûler, j'ai réussi à la bousculer malheureusement mais inévitablement les cendres de celle-ci se sont posé sur mon bras gauche. " Putain fait attention grognasse!" lâche t-elle avec énervement. Je croise à nouveau le regard du jeune homme qui me remercie d'un signe de tête. Ce n'est pas grand chose et ça ne changera sûrement pas son destin mais c'est tout ce que je peux faire actuellement.

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Le soleil éclaire ma peau, j'écoute ma musique tout en me dirigeant vers le lieu de rendez-vous de Samuel. Je continue d'observer les gens. Je ne peux m'empêcher à la scène à laquelle j'ai assisté tout à l'heure. J'aurais sûrement du appeler la police mais avec aussi peu de preuves, est-ce que ça aurait vraiment servit à quelque chose à pars embêter tout le monde ? Je pense qu'au final l'affaire aurait été classé sans suite, c'est rarement les hommes qui sont victimes de ces violences, les policiers auraient sûrement pris ça à la légère. Je suis perdue, toute manière il est bien trop tard maintenant, ça ne sert à rien d'y repenser mais mon cerveau est en boucle, il ne veut pas s'arrêter. Je sors de mes pensées pour regarder dans quelle direction je vais. Les immeubles ancien, le passage piéton, le feu tricolore, les voitures qui se battent pour passer, la rambarde, cette putain de rambarde. C'était ici, ici qu'on m'a attrapé, ici qu'on m'a touché, ici qu'on m'a agressé, ici qu'on a essayé de me violer, ici que Samuel est venu à mon secours. Comme si j'étais une princesse en détresse et lui le prince charmant.

J'arrive enfin au café, avant d'ouvrir la porte je m'aperçois qu'il y a un petit mot affiché « D'ici, je peux déjà t'admirer. S» Je n'arrive pas à savoir si c'est mignon ou juste lourd. J'ouvre la porte et l'odeur de café parvient tout de suite à mes narines, j'observe le café, il n'y a pas beaucoup de monde, pourtant je n'aperçoit pas Sam. Je vais demander à Mathéo si il l'a vu. Je m'avance doucement vers le bar mais je ne vois pas Mathéo non plus, c'est une farce? Ils me jouent un tour ou quoi? Je ne cherche pas à plus comprendre et je m'installe à une petite table ronde entouré de deux chaises qui s'opposent en face de la fenêtre. Je commence à sortir un livre de mon sac et me plonger dans ma lecture quand quelqu'un s'installe en face de moi. Je lève la tête et le vois, il est là, tout près de moi, le visage ébloui par les quelques rayons de soleil qui passent à travers la fenêtre. On se regarde mais on ne dit rien, je me retrouve noyé dans le vert émeraude de ses yeux.

J'engage la conversation, il le faut bien même si je pourrais me noyer encore et encore dans ses yeux. Mais je ne dois pas, c'est dangereux et stupide :

- Sympa le petit mot. Lui dis-je

- Heureux que le concept vous plaise, je ne savais pas trop comment être aussi original que vous. M'annonça-t-il le regard plongé dans le mien

- Vous me flattez, je ne le suis pas tant que ça, je suis plutôt ordinaire je dirais, banale qu'on pourrait croisé un peu partout. J'ai répondu en baissant les yeux.

- Vous connaissez beaucoup de femmes aux cheveux noirs et verts, qui écrivent des poèmes d'une légèreté et douceur comme la votre, et qui en plus font de l'escrime? Moi, non.

Je ne sais pas quoi répondre, il dégage une aura qui me donne envie de le croire, envie de croire que je suis spéciale.

- «N'aimez jamais quelqu'un qui vous traite comme si vous étiez ordinaire» il reprit.

- Oscar Wilde? Je dois avouer que j'aime beaucoup vos références. Il est vrai que l'humain n'est pas très ordinaire de base et je trouve les gens ordinaires assez ennuyant, c'est facile de comprendre leurs émotions, trop facile, de savoir des informations sur eux comme si on lisait dans un livre. C'est pourquoi je ne comprends pas pourquoi vous me donnez tant d'intérêt.

Wow je me suis lâcher là. Il prend le temps de réfléchir, un court instant je dirais grand maximum 3 secondes mais assez long pour que je le remarque.

- Jeune demoiselle quand est-ce que vous allez comprendre que vous êtes unique? Sûrement la personne la plus intéressante que je n'ai jamais rencontré.

Je ne réponds pas. Après quelques minutes il surenchérit.

- Gwenhaëlle puis je te poser une question ?

- Oui, Samuel ?

- Ce n'est pas très ordinaire d'écrire des textes comme les tiens, ils ont l'air si léger mais sont si lourds. Dit moi, que ce passe t'il dans tête quand tu écris ?

- Ce n'est pas une question banale, j'écris que j'en ressens le besoin depuis que j'ai 11 ans. Bien sûr au début il n'était pas très organisée et plaisant à lire. Vraiment, j'en ai honte. Puis quand j'ai compris que je pouvais faire quelques de jolies et transmettre aux gens ma vision du monde, j'ai commencé à les travailleurs plus, des rimes, des strophes ect... Ça m'a vraiment aidé pleins de fois quand j'étais sur le point de sombrer. C'est une manière d'exprimer les émotions que je cache une grande partie du temps. J'écris quand mes émotions sont bien trop envahissante. J'ai écris pour des gens sans jamais les revoir, j'ai écrit pour des hommes que j'ai aimé, j'ai écrit pour pleins personnes mais on ne m'a jamais rien écrit a part ce petit mot sur la porte du café.

Il me fixe, il est très attentif, soudain il reprend la parole.

- Sache alors que je me ferais l'honneur d'être l'homme qui t'écrit. Dans cette ville, sous un pont, sur une toile, dans un café, sur un poteau, sous ta porte, sous la lune je te laisserai des mots Gwenhaëlle.

Le temps passe et je n'ai reçu aucun message de Samuel, je commence à me demander si tout cela n'est pas qu'un rêve, mais bon je n'y pense plus. Mon regard s'arrête sur mes bras remplis de brûlures de cigarettes.

The Wanderes StarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant