BORN IN RAINBOW ( BxB )

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Madame Martin ne se retenue pas et ce fut en pleurant qu'elle attendait une réponse de son fils. Christian était confus, lui également était en pleurs. Il était désorienté, il en savait que dire, encore moins que faire.

— Maman... je...

— Comment as-tu pu ainsi te jouer de nous tous ? Comment as-tu pu utiliser Cézanne pour cacher que tu étais gay ! Gay Christian Martin. Gay !

Christian sentit ses forces le délaisser. Il se laissa tomber sur son siège. Le regard pétrifié par celui de sa mère qui était plus ferme, plus froid, plus austère. Et sans qu'il ne puisse se maîtriser il se mit à sangloter.

— Maman...

— Ne m'appelle plus maman, c'est une abomination ce que tu es Christian, une abomination ! Comment peux-tu aimer un homme ? Comment ? Où ai-je raté dans ton éducation ? Où ?

Christian sentit les larmes redoubler en lui, tout comme cette culpabilité accablante, affligeante. Il pleurait pour une multitude de raison. Le fait de décevoir sa mère... le dégoût qu'il lisait dans les yeux de Martine... la honte qu'il ressentait en ce moment d'être gay... la culpabilité qu'il éprouvait de regretter sa sexualité...

— Maman...

— Ne m'appelle plus maman ! Plus jamais, tu m'entends, plus jamais !

Le cri de Martine résonna en Christian comme les tintements d'une cloche d'église. Il couvrit son visage avec ses mains.

— Ça suffit Martine ! gronda monsieur Martin.

Patrick avait frappé contre la table. Sa femme se résolut à quitter la pièce sans toutefois se retenir de dire à son fils qu'elle éprouvait du dégoût à son égard. 

Christian ne cessait de pleurer, se remémorant chaque seconde les mots de sa mère. Un tourbillon de mot, un flot d'insulte, une succession d'image gravant la colère de sa mère en lui.

La douleur était devenue comme son ombre, présente tout comme absente. Affaiblissante tout comme réconfortante. Car au moins, dans cette affliction, la vérité était connue. Il n'avait plus besoin de se forcer à être un hétéro. sa réalité il l'avait enfin changé et il était prêt à l'assumer.

♧

Le sommeil le fuyait, il ne faisait que se retourner  dans son lit sans trouver le repos. Christian avait les yeux ouverts dans la pénombre, ses pensées bouillaient en lui. Excédée par cette réflexion continue, il se leva et alla à sa fenêtre. Il l'ouvrit et regarda les réverbères qui crachait leurs lumières sur le bitume. L'air le caressa, il en apprécia la sensation.

Lentement, sans tenir compte du temps qui s'écoulait et de la morsure du froid, Christian se repassa en mémoire les événements de la journée. Sa confrontation avec Cézanne ce matin... celle avec Mattéo ensuite... son statut sur l'application verte avouant son attirance pour les hommes et les messages qui suivirent... sa révélation à sa mère. Oui, sa vie avait changé. En une journée elle avait prit une tournure qu'il n'aurait jamais suspecté. En une journée, Mattéo Devis avait tellement secoué l'homme lache qu'il est, pour qu'enfin il puisse ne pas céder à cette menace qui ouvrait la porte, à nouveau, au régime de la peur.

Toute sa vie la peur avait orienté ses choix. C'était la peur d'être découvert qui l'avait poussé à utiliser Cézanne, c'était la peur d'affronter sa mère qui l'avait conduit à mentir sur une chose qu'il n'avait pas choisi, c'était la peur de tomber amoureux qui l'avait poussé à nier son amour pour Mattéo... c'était la peur qui l'avait empêché d'être qui il était vraiment. Un homosexuel. Christian Martin.