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La suite se passe à toute vitesse.
Je l'entends pousser un cri de désespoir ce qui alerte sa mère. Clara sortit en courant de la maison et se dirige vers son père. Aussitôt, maître Razovsky m'attrape par le bras et nous disparaîssons. Je me retrouve dans ma chambre, déboussolée. Maître Razovsky me tient fermement la main après m'avoir obligé à rentrer. Mon corps tremble. Elle m'a vu. Elle a compris. J'en suis sûre et certaine. J'ai peur de sa réaction. Des larmes s'échappent de mes yeux. Mon maître m'assoit sur mon lit et se met à genoux devant moi.

- Camélia, me souffle-t-il, je sais que c'est dur mais tu le sais. Ce sera ton rôle et tout au long de ta vie. Plus les années s'écouleront et plus les gens que tu connais ou même que tu chéris le plus au monde mourront sous tes yeux. Parfois en souffrant comme cet homme et puis d'autre fois dans la sérénité la plus totale. Ne sois pas triste car si il n'était pas mort aujourd'hui, il serait mort d'un cancer d'ici une semaine. Il aurait beaucoup plus souffert.

Ne voyant aucune réaction de ma part, il s'assit à côté de moi et attendit que mes larmes se tarissent. Puis, au bout d'un moment dans un silence complet, la voix de ma mère me prévenant que les invités allaient arriver résonna dans l'escalier. Maître Razovsky se leva et me regarda une dernière fois.

- N'oublie jamais Camélia que la mort est un beau voyage et que toute personne fini par prendre son billet. On ne peut pas y échapper mais peut être est-ce mieux ainsi car on découvre une autre partie de la vie et aurait-elle un sens si on savait qu'elle ne finirait jamais? Cela demande réflexion. Enfin, prépare-toi sinon ta famille va s'inquiéter.

Et sur ces derniers mots, il disparut, me laissant seule dans ma chambre.

Je sèche donc mes larmes, enfile une tenue décente, sans trace de terre et de sang, puis descend à la salle de bain me passer un coup sur le visage.

Alors que j'entre dans la pièce, je crois ma mère qui m'attrape par les épaules et me regarde avec insistance.

- Ma chérie que se passe-t-il ? Ton visage est tout sale et tes yeux sont rouge ! Qu'est-ce qui ne va pas mon coeur ?

- Maman, Clara m'a appelé. Son père est mort devant chez elle il y a moins d'une heure.

Je ne venais pas de dire toute la vérité mais cela satisfera ma mère sur quelque points. En plus, quand j'étais plus jeune, je me créais une double vie. Elle avait donc toujours cette impression que je lui cache quelque chose.

Sans rien demander de plus, elle me serra contre son coeur et me caressa tendrement les cheveux

- Veux-tu rester dans ta chambre ce soir, me chuchota-t-elle à l'oreille. Je ne vais pas t'obliger à venir si tu n'es pas bien.

Je fis non de la tête. C'était ma double vie et si je ne savais pas me remettre de ma double vie, je ne serai jamais digne d'être la Mort.
Je m'écarta donc de son étreinte et partit me laver le visage. Quand j'eus finis, les invités entrèrent dans le vestibule.

Je parlais donc toute la soirée et sourit et rie. Tout comme devait se passer une soirée de nouvelle an digne de ça. Je ris toute la soirée avec mes cousins. Puis au moment de changer d'année, comme il était de tradition à minuit pile, nous primes tous un temps de silence pour faire un voeu de nouvelle année.
Pour ma part, je m'imaginais passer une bonne vie et jongler tranquillement entre mes différentes identités sans problème, sans jamais avoir besoin d'être triste pour une quelconque personne à qui j'aurai récupérer son âme. Cette pensée me fit verser quelque larmes ce qui alerta ma mère. Elle s'approcha gentiment de moi pour me réconforter et m'invita à passer la fin de la soirée dans la chambre mais je ne pus m'y résoudre. Alors, après un ultime effort je sécha mes larmes et repris de plus belle la fête.

La fin des vacances se passa tranquillement sans rien d'alarmant. Je ne travailla pas des jours restant et la rentrée arrive, bien trop vite à mon goût.
La fatigue des fêtes de fin d'année m'avait épuisé plus que nécessaire et, en ce lundi matin 3 janvier de cette nouvelle année, je sentais au fond de moi que tout avait bascule dans mon existence.

Toutes mes amies s'étaient retrouvées dans notre salle comme tous les matins. Elles étaient toutes super heureuses de leur vacances et personne n'évoque la mort du père de Clara. Cette dernière ne me jeta pas un seul regard.

Le reste de la journée se passa sans encombre et, alors que je discutais avec Mélanie, Clara nous rejoignis et planta ses yeux dans les miens.

Elle avait l'air d'avoir pris une grande décision. Alors, gentiment je lui souris et lui demande d'attendre le temps que je finisse de discuter avec Mélanie.

- Non. Je veux juste discuter ce soir chez toi, seule à seule, me rétorque-t-elle.

Puis, sur ces mots, elle partit aussi vite qu'elle était arrivée.

- Tu sais de quoi elle veux te parler, me questionna Mélanie.

- Non, mais ça à l'air d'être important.

Puis, nous continuâmes notre discussion.

À la sortie du lycée, Clara m'attrapa le bras et me força à rester avec elle. Je la ramena donc chez moi perturbée de ce dont elle voulait parler. Et pire encore, Maître Razovsky se permettait certains soir de venir m'attendre vers dix-huit heures et si c'était le cas ce soir, elle le verrait et tout ses soupçons seraient confirmés. Heureusement, ce soir-là il n'était pas venu tôt. Une fois que Clara eut dit bonjour à mes parents, nous montèrent dans le silence le plus total. Nous nous assîmes alors sur mon lit et nous nous sommes observées sans prononcer le moindre mot. Quelques minutes passèrent ainsi sans qu'aucune de nous deux ne fasse le moindre bruit. Puis la voix de Clara brisa le silence.

- Tu étais là ce soir-là, n'est-ce pas ? Le soir où mon père est mort, c'est toi qui étais à ses côtés avec une faux je me trompe ?

Avec cette phrase je savais. Je savais que tout était terminé. Elle connaissait mon identité et plus rien ne sera maintenant pareil

Moi, la MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant