Le Destin est en marche

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Chapitre 3 : Le Destin en marche

Esteban et Zia étaient repartis aussi brusquement qu'ils étaient revenu.Ils avaient hésité à le faire, pensant trahir leurs amis. Ils auraient au moins pu attendre le retour de Mendoza et d'Isabella prévu le jour suivant... Mais non, ils n'avaient que trop attendus. Les deux enfants ne pouvaient oublier Ambrosius et ce qu'il pourrait provoquer dans le futur. Puisque Rana'Ori leur avait précisé que leur retour risquait de provoquer des remous dans l'espace-temps et donc, potentiellement, d'accélérer la montée en puissance du scientifique fou. Et s'il attaquait l'Ordre du Condor cinq ans en avance, le petit groupe de Tao n'avait que peu de chance de survivre. Alors, les deux enfants élus faisaient route vers l'Espagne. Esteban était concentré sur la manœuvre du Condor. Partis depuis deux jours, ils avançaient progressivement vers leur destination. Zia avait un bras posé sur le rebord et regardait le paysage défiler, l'air pensive. Parfois, elle jetait un œil en direction du siège vide de l'autre côté d'Esteban et aux banquettes arrières, toutes aussi libres pour qui voudrait s'asseoir.

-Tout va bien, Zia ?

-Je pensais à nos amis. A ce qu'ils doivent penser en ce moment-même. Nous leur avons laissé un message pour les rassurer et leur promettre que nous reviendrons vite. Mais ils doivent tout de même se poser des questions sur ce qu'on fait. Non ?

-Nous leur avons aussi dit que c'était lié à la princesse Rana'Ori, nous n'avons pas vraiment menti, après tout elle nous a elle-même renvoyés dans le passé.

-Je me sens tout de même coupable à leur égard. Ils auraient tout fait pour nous aider si nous leur avions dit.

Mais Esteban ne pouvait pas se cacher qu'il se sentait aussi mal que son amie. Ils avaient laissé leurs amis de côté. Pour les protéger, certes, mais quand même. Que devaient-ils penser ? L'affection qu'ils avaient pour eux suffirait-elle pour qu'ils leur pardonnent ? Et comment se passerait leur confrontation avec Ambrosius ? Il s'était lancé dans l'aventure et avait entraîné Zia à sa suite, mais la vérité était qu'il n'avait aucun plan. Tao râlerait en affirmant qu'il n'était qu'un âne obstiné, et il aurait raison. Mais pouvaient-ils réellement se permettre de faire demi-tour ? Il secoua la tête vigoureusement, non ils ne le pouvaient pas. Ils devaient protéger ceux qu'ils ont abandonnés pendant trois décennies entières, coûte de coûte !

-Esteban, tu vas bien ? S'inquiéta l'Inca

-Très bien, ne t'inquiète pas. J'avais juste... Un rayon de lumière dans l'œil. Ce n'est rien.

-Nous devrions peut-être nous poser quelque part. Regarde, le soleil est en train de se coucher, nous ne pourrons bientôt plus voler.

-Nous pouvons continuer encore une heure environ, alors on va le faire.

Le ton était un peu rude, Esteban s'en rendit compte rapidement et demanda pardon auprès de sa bien-aimée. Cette dernière accepta ses excuses, et les enfants continuèrent leur chemin sans échanger la moindre parole. Le jour suivant, avec de la chance, ils finiraient par atteindre l'Espagne, et pourraient commencer leur recherche d'Ambrosius. Ils avaient décidé de commencer par la capitale, Madrid. Après tout, leur adversaire avait manipulé Charles Quint, il devait bien s'être rapproché du roi d'Espagne à un moment ou un autre. Et cela lui avait peut-être pris du temps avant de réussir à le prendre sous son emprise. Ils avaient toutes les raisons de penser qu'Ambrosius était depuis un moment dans le plus gros pays qui composait la péninsule Ibérique. Et Madrid restait l'endroit le plus simple pour espérer l'atteindre. Malheureusement, ils n'avaient pas d'idées quant à l'emplacement précis de sa cachette.

Le retour des enfants du soleil et de la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant