Théna

Chapitre 7

Le métier d'agent gouvernemental est un poids lourd à porter. Nous faisons subir des atrocités aux coupables, tuons des personnes sans contester. Il faut avoir une certaine force mentale pour subir les conséquences de nos actions. 

Mes conséquences à moi se déroulent durant mon sommeil. Je revois souvent mes victimes, mes gestes mécaniques, les ordres que j'ai reçue et effectuée. Il m'arrive d'avoir des remords parfois, mais je sais que j'ai fais tout cela pour la bonne cause, pour mon petit frère. 

Il est 4 heures du matin lorsque je me lève. Je descends dans le salon et me sers un verre de whisky. Je bois rarement, surtout durant le travail, mais un petit verre ne me fera pas de mal. Entendant des pas derrière moi, je pointe mon arme vers cet intrus. 

-Ce n'est que moi! s'exclame Nick en levant les mains en l'air 

Je baisse mon arme en soufflant, n'assumant pas vraiment d'avoir eu peur.

-Je peux me joindre à toi? demande-t-il ensuite 

Je secoue la tête positivement, et il se sert un verre avant de s'assoir à mes côtés.

-Que fais-tu debout à cette heure-la? je le questionne 

-J'arrive pas à dormir. Je tourne en rond dans ma chambre depuis presque 2 heures. Et toi?

-Je me suis réveillée et je n'ai pas réussi à me rendormir. Tu pensais à quoi?

-À ma sœur et ce que je viens d'apprendre. Je suis toujours sous le choque. J'ai toujours traité Eva comme un petit bébé, et de réaliser maintenant qu'elle est grande, j'ai du mal.

-C'est ta petite sœur, c'est tout à fait normal. 

-J'ai une question à te poser.

-Non Nick. Tu ne cherches aucune information sur moi, c'est la règle. 

-Alors vient on oublie la mission juste pour ce soir, qu'en dis-tu? 

-Ce n'est pas une bonne idée. je souffle en buvant une gorgée de ma boisson alcoolisée 

-Juste ce soir, Théna. On oublie tout demain. On apprends à se connaitre comme deux personnes normales. 

-Je crois que ni toi ni moi sommes tout à fait normal. je plaisante 

-Je prends ça pour un oui. Depuis combien de temps tu es dans l'agence?

-Depuis mes 15 ans. 

-Pourquoi? Je veux dire, j'imagine que tu ne rêvais pas de devenir agent étant petite. 

-Des raisons personnelles. Mais non, en effet ce n'était pas ce que je voulais faire étant jeune. Je voulais devenir psychologue.

-Changement radical de carrière alors. Tu as quel âge?

-24 ans. 

-Putain tu es tellement jeune. Tu es vraiment une femme intrigante. 

-Je ne vois pas en quoi. 

-Je suis commerçant, j'ai toujours réussi à cerner mes adversaires. Ils ont toujours le même caractère compétiteur, à vouloir montrer qu'ils me dominent alors qu'ils sont juste prétentieux et imbus d'eux-mêmes. Alors que toi, tu es une femme qui reste professionnelle en toutes circonstances. Tu ne cherches pas à montrer que tu es douée, tu fais ton boulot sans te dévoiler. Ça, ça m'intrigue. Tu es la seule femme qui a réussi à piquer ma curiosité. 

-Arrête, je t'en prie. Tu étais fiancé je te rappelle. 

-C'est vrai. Mais ce n'était pas pareil avec elle. 

-En quoi c'est différent alors? 

-Anne était une femme superficielle. Malgré que je l'aimais, c'est un trait de caractère que je n'ai jamais apprécié chez elle. Mais elle m'a séduite et j'ai succombé. J'ai découvert quelques jours avant le mariage qu'elle me soutirait de l'argent pour le placer sur un compte épargne. Pendant nos deux ans de relation, elle se servait de moi pour mon argent, elle ne m'a jamais aimée. 

-Ça a du être dur pour toi. 

Suite à ma phrase, il termine d'un cul sec son verre avant de se resservir.

-L'amour que j'avais pour elle a été remplacé par le dégoût. C'est le goût de trahison qui a été le plus dur a dépasser, mais maintenant c'est bon. 

-Tu n'auras plus jamais confiance totalement en une personne. j'affirme 

-La psychologue en toi ressort à ce que je vois. plaisante-t-il afin de détendre cette conversation devenue sérieuse pour lui

-C'est pas difficile à remarquer. La trahison brise notre confiance, la méfiance s'installe suite à ça. Mais tu es un homme fort. 

Il sourit, gêné.

-Et toi alors, tu n'as jamais eu de relation amoureuse?

-Avec le métier que j'exerce, penser aux hommes n'est absolument pas ma priorité. 

-Tu n'as donc eu aucune relation sexuelle? demande-t-il incertain

-Tes questions deviennent un peu trop intime Nicolas. 

Cette fois, c'est à mon tour de finir cul sec on verre. Évidemment que j'ai déjà coucher avec un homme, mais je ne suis pas prête à lui en parler. Faut pas abuser de ma générosité. 

-On avait dit une conversation entre deux personnes normales, tu sais. réplique-t-il

-Tu poses souvent cette question aux gens toi?

-Si je suis proche d'eux, oui. 

-Parce que nous sommes proches toi et moi? je le questionne

-Je t'ai confié une partie de mon passé, j'ai assez confiance en toi pour te confier la sécurité de ma sœur et tu as accepté que j'apprennes à te connaître. Pour moi, cela signifie que nous sommes proches. 

Putain à quoi je joue? Je ne suis absolument pas professionnelle! Je suis ici pour une mission, je ne dois avoir aucun moment d'égarement, alors qu'actuellement je bois avec mon client et on se raconte nos vies. J'ai pas respecter les règles. 

-Je t'arrêtes tout de suite, nous ne sommes pas proches. Je suis la pour ma mission, tu es mon client et pas mon ami ou je ne sais quoi. Ce que nous faisons la n'est pas censé se produire. Ni moi ni toi n'avons respecter mes règles et c'est pas normal.

Je me lève précipitamment pour retourner dans ma chambre. 

-Tu oublies tout de cette nuit, et tu n'en reparles jamais. 

-Attend Théna! s'exclame-t-il en attrapant mon bras et me retourne vers lui

Je le fixe, attendant qu'il parle. Lui, fixe une chose bien précise, mes lèvres. Je retire directement mon bras de sa prise et m'éloigne de lui.

-Je ne suis pas une de tes conquêtes ou je ne sais quoi, Nick. Toi et moi nous n'aurons jamais une relation autre que professionnelle.

-Tu me lâches donc la bonne phrase clichée de "tu oublies cette nuit, il ne s'est jamais rien passé". grogne-t-il visiblement agacé

-Tu crois quoi? Qu'on aurait été un bon petit couple comme si de rien était? On est pas dans un film à l'eau de rose Nick. Je suis un agent et tu es mon client, on en reste la c'est mieux.

Il souffle et avant qu'il n'ajoute quelque chose, je monte dans ma chambre rapidement. J'ai peur que ce moment d'égarement me coûte bien plus que mon emploi.