Chapitre 14

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PDV Nicolas 

Durant peut-être une éternité, ou quelques secondes je sais pas, je plonge dans son regard émeraude. Ses yeux m'ont toujours marqués, dès notre première rencontre au bureau de cette même villa. Son regard, comme toujours, est impénétrable. C'est ce qui m'a toujours fasciné chez elle, le mystère qui plane constamment autour d'elle. 

-Waw, la tension sexuelle est présente ici. nous interrompt Claudia 

L'asiatique nous fixe tour à tour, un léger sourire aux lèvres. Théna a détourné son regard du mien et j'avoue être légèrement déçu. Je pourrais la contempler pendant des heures. C'est la première femme à m'avoir fait ressentir ça. 

-Tu vas où? demande Claudia à son amie 

Théna enlève ses gants et s'apprête à partir.

-Me chercher un café.

Profitant de cette occasion, je décide de m'incruster.

-Je t'accompagne. 

Bizarrement, elle n'omet aucune objection et me guide jusqu'à, je présume, la cuisine. Une fois à l'intérieur, je ferme la porte et l'observe activer la machine à café. 

-Pourquoi tu es partie sans prévenir? je l'interroge, n'en pouvant plus

Il me faut des réponses à mes questions, pour la survie de ma santé mental et de mon sommeil. Elle se tourne vers moi, surprise, et cherche ses mots.

-Je n'ai jamais aimé les au revoir. dit-elle simplement

-Même après ce que nous avons vécu?

-Encore pire. 

-Et mes lettres? 

-Quelles lettres? demande-t-elle perdue 

-Toutes les lettres que je t'ai envoyé la première année. 

-Je n'ai jamais reçu aucune lettre. 

-Ne ment pas Théna, ai le courage d'être honnête au moins. 

-Je te promets Nick que j'ai reçu aucune de tes lettres. 

Je sonde son regard, essayant de distinguer un mensonge camouflé, mais ils brillent de sincérité. 

Je lui ai envoyé des lettres toutes les semaines la première année, je lui posais toutes les questions auxquelles je voulais des réponses. Sans réponses évidemment. Ma dernière lettre, je lui ai avoué ce que je ressentais pour elle, avec beaucoup de courage et aussi les remontrances de ma petite sœur. Je suis même venu à l'agence pour la voir, mais on m'y en a empêché, elle était en mission paraît-il. 

-Je veux savoir quel marché tu as passé avec mon patron. Tu n'as pas le droit de participer à des missions confidentielles sans faire partie de l'agence. 

Je devrais lui dire? Non. Dans le marché, il est stipulé que je dois fermer ma gueule. 

Malgré toute la haine que je ressens pour elle, je ne peux m'empêcher de la trouver belle. Pas d'une beauté superficielle et fade, mais d'une beauté naturelle, envoûtante. En passant par ses yeux verts entourés de longs cils noir, de ses longs cheveux de jais raide, de ses légères tâches de rousseurs sur son nez en aquilin et ma partie préférée, ses lèvres pulpeuses rosée naturellement. 

Je ne l'ai jamais vu maquillée, elle reste toujours au naturelle et pourtant qu'est-ce qu'elle est magnifique. Mais c'est passé le temps où je lui courrais après et où je rêvais d'elle, maintenant tout ce que je ressens pour elle c'est de la rancœur, de la haine et surtout de la trahison. 

Parce que naïvement j'ai espéré un avenir avec elle.

-Nick? m'interrompt-elle au court de mes pensées 

Ah mince, j'ai oublié de lui répondre. 

-Ça ne te regarde pas, encore une fois. je réponds simplement 

Elle souffle de mécontentement et je souris, provocateur. Ces mêmes lèvres gémissaient mon nom il y a deux ans. Nick stop!

-Merci pour le café. 

J'embrasse sa joue, sans qu'elle s'y attende, et remarque que de légères rougeurs sont apparues sur ses pommettes. Adorable...

-Je te laisse ma belle, je vais reprendre mes entrainements. Faut que je sois prêt pour la mission. je lui lance accompagné d'un clin d'oeil

Fier de mon effet, je sors de la cuisine. Un léger voile de culpabilité me prend, honteux de me servir d'elle, mais il est vite remplacé par une image de moi il y a deux ans, me réveillant dans un lit froid et surtout, seul, après avoir passé la meilleure nuit de ma vie. 

PDV Théna

Je n'ai pas le droit d'être aussi décontenancée à cause d'un simple baiser, voyons! Que ce soit Nick ou quelqu'un d'autre! 

Je suis une femme indépendante et froide, je ne me laisse déstabilisée par personne et encore moins par un homme. 

Et pourtant, je sens mes joues se réchauffaient à cause de ce baiser. Mon corps me trahit et trahit mes émotions, je n'ai pas le droit de réagir comme ça. 

Je bois une gorgée de ma boisson chaude et laisse mes pensées dérivées. Je ne veux pas être interrompu durant cette courte pause spirituelle que je m'octroie. Et pourtant, des collègues rentrent et parlent bruyamment, ce qui m'agace fortement. Je souffle et sors, je vais directement dans le bureau du patron. J'ai besoin de réponses à mes questions.

Je toque et entre sans attendre. Mon patron est en pleine conversation avec sa secrétaire, qui s'échappe dès qu'elle me voit. 

-Théna, que me vaut l'honneur de ta visite?

-J'ai des questions.

-Je m'y attendais. Je t'écoute. 

-Je sais que tu ne vas pas me parler de ton marché avec Nick. Mais pourquoi lui?

-Tu as une hypothèse je suppose. 

-La dernière mission est la plus dure autant physiquement qu'émotionnellement. Pourtant, la mission que tu m'as confié est relativement simple, donc il est la pour jouer sur mon mental?

-Exact, mais pas que.

-Je comprends pas à quel moment tu t'es dit qu'il pouvait avoir un impact sur moi. 

Il ricane doucement, se foutant ouvertement de ma gueule.

-Je te savais têtue Théna mais pas à ce point. Tu crois que je n'ai pas remarqué ton changement d'attitude quand tu es rentré de cette mission il y a deux ans? Tu avais l'air bouleversée, absente et très songeuse. Puis les lettres de Nick m'ont permit de comprendre votre légère amourette.

-De 1, il n'y a jamais eu d'amourette. De 2, de quel droit as-tu gardé et lu les lettres qui m'étaient destinées?

-Je ne les ai pas lu, mais quand tu reçois une cinquantaine de lettres de la part d'un homme à une femme, c'est facile de comprendre. 

-Il n'y a rien à comprendre. Au risque de me répéter, je peux gérer cette mission sans lui! je me révolte finalement, haussant légèrement la voix 

-Baisse d'un ton avec moi pour commencer. Je sais que tu es forte et que tu peux réussir cette mission seule, mais je suis ton patron et c'est moi qui décide je te rappelle. Bref, un verre de vin? 

-Je ne veux pas boire. je râle

-Tant pis, moi je le veux. Tu peux disposer si tu as finis. On se verra lorsque tu auras réussi ta dernière mission. 

Je souffle, agacée encore une fois, et sors. Je marche d'un pas décidée vers ma chambre et m'écroule rageusement sur mon lit. 

Je suis impulsive c'est vrai, mais je déteste ne pas être au courant, surtout quand ça me concerne!

ThénaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant