Chapitre 1 - Vol annulé

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Dans sa maison cossue du centre de Londres, Harry Potter se prépare pour une nouvelle journée de travail. Sept ans ont passé depuis la Bataille de Poudlard et, pour les combattants encore en vie, la vie a reprit son cours. Avec ses petites joies du quotidien, ses moments ordinaires ou inattendus, mais aussi et surtout ses petits soucis.

Descendant les escaliers qui mènent à la cuisine, Le Garçon Qui A Survécu, devenu l'Homme Qui A Vaincu, pose distraitement les yeux sur les photos mouvantes accrochées au mur. Une version miniature de lui-même en deux dimensions lui renvoie l'image de celui qu'il était cinq ans plus tôt. Engoncé dans un costume chic, le Harry de jadis lui sourit, ses doigts enroulés autour de la main de Ginny. Une Ginny plus heureuse que jamais, ses longs cheveux de feu retombant en boucles parfaites sur ses épaules dénudées et cascadant sur le blanc immaculé de sa magnifique robe en dentelle. Les jeunes mariés esquissent quelques pas de danse jusqu'à ce que Harry marche sur le pied de sa chère et tendre et que tous deux manquent de tomber, hilares.

Viennent ensuite quelques scènes ordinaires de la vie d'un jeune couple. Leur voyage à Venise pour célébrer leurs noces, la crémaillère chez Ron et Hermione, un rodéo épique de Ginny et Luna sur ce qui semble bien être un ronflac cornu, les invités du mariage de George et Angelina courant dans tous les sens alors qu'ils tentent d'échapper aux feux d'artifices à tête chercheuse qui les pourchassent.

Sur la dernière en date, ses amis de toujours, Ron et Hermione, radieux, serrent dans leurs bras un poupon aux joues roses et à la tignasse aussi rougeoyante que celle de son père.
La petite Rose a six mois, déjà, et depuis sa naissance, il ne se passe plus une semaine sans que la même dispute ne revienne hanter les couloirs de la maison des Potter.

— Bien dormi ? s'enquiert Ginny en voyant son mari entrer dans la pièce. Il y a des pancakes dans le four, sers-toi, je dois y aller.

Un bisou, un sourire qu'il espère sonner sincère, la porte d'entrée qui claque, et Harry se retrouve seul. Une fois encore.

Pendant plusieurs mois, Ginny s'est faite insistante, plus que ça, même, ramenant inlassablement le sujet tabou sur le tapis. Mais depuis quinze jours, elle semble avoir changé de stratégie, négligeant l'amour de sa vie pour se consacrer corps et âme à son boulot d'attrapeuse professionnelle, ne s'adressant plus à lui que par le biais de phrases courtes et de regards lourds de sens où a commencé à s'agiter une étincelle de rancune.

Harry préfère ça. Ils passent moins de temps ensemble, s'éloignent un peu plus chaque jour, mais au moins n'a-t-il plus à inventer des excuses quotidiennes pour expliquer son non-désir de voir leur famille s'agrandir.

Avalant ses pancakes sur le pouce, il récupère son sac qu'il a abandonné dans l'entrée le soir précédent et sort à son tour. Pas vraiment pressé de rejoindre le Ministère, mais n'ayant pas d'autre plan pour la journée que de partir travailler.

À peine a-t-il posé le pied dans son bureau que Lewis Harmann, l'Auror Ultime, celui qui gère tous les autres et est de ce fait le chef direct d'Harry, déboule dans celui-ci.

— Potter ! hurle-t-il à moitié, comme il le fait systématiquement quand il s'adresse à ses hommes. Nous avons reçu un signalement qui correspond à McVinney dans un quartier moldu de Belgique. Vous partez par Portoloin dans dix minutes avec Ashes et Kennon. Vous serez briefés par les agents sur place.

Ravalant un soupir, Harry récupère le sac qu'il vient de poser à côté de sa chaise et en passe la bandoulière sur son épaule. Il ne contient pas grand-chose, juste ses papiers moldus et sorciers, un peu d'argent et des vêtements de rechange pour deux jours, parce qu'on ne sait jamais quand on sera envoyé en mission quand on est Auror. McVinney est un mangemort de faible envergure après lequel il court depuis plus d'un an. L'homme n'est pas responsable de grand-chose, pour ce qu'ils en savent, mais il est passé maître dans l'art de leur glisser entre les doigts. Une véritable anguille.

Avant que le moment ne soit passé (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant