Chapitre 5 - Voyage en terres inconnues

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Face-à-face dans la petite cuisine de l'appartement de Rogue, les deux hommes se regardent sans dire un mot. Severus a laissé sa main retomber le long de son flanc, faisant frissonner Harry quand il lui a effleuré la nuque.

Il a accepté d'attendre qu'Harry dessaoule complètement avant de donner une réponse définitive à sa proposition de l'accompagner, mais il craint surtout qu'une fois celui-ci sobre, il ne revienne sur cette demande en comprenant le sens réel de ce contact qu'il vient d'y avoir entre eux.

Car, bien sûr, ce crétin n'a pas pu se contenter de lui demander de l'accompagner. Non, il a aussi fallu qu'il lui déroule toute une liste d'envies pour le moins gênantes et... tentantes.

Alors que Severus a pris pour acquis le fait d'avoir encore 24 heures pour trouver une solution à cette situation improbable, Harry avance la main vers sa hanche et, avant qu'il ait pu lui demander ce qu'il est en train de faire, le jeune homme s'empare de sa baguette rangée dans un holster désillusionné pour ne pas apparaître aux yeux des moldus et la lui tend.

— Jetez-moi un sort de dégrisement.

Severus hésite à reprendre sa baguette, car s'il s'exécute, il devra assumer tout de suite son moment de faiblesse. Parce qu'il va de soi que jamais Potter ne restera sur ses positions une fois les résidus de leur beuverie évacués de son système sanguin.

— Faites-le, insiste le jeune homme en lui mettant sa baguette dans la main.

Alors il obéit. Parce que retarder l'échéance ne fera pas disparaître sa caresse, ses aveux muets. Il prononce le sort, sa baguette pointée en direction du cœur du Gryffondor, ses yeux noirs plantés dans les émeraudes qui le dévorent et lui promettent tant de stupre et de luxure.

Des yeux dont l'éclat ne ternit pas une fois le sort lancé.
C'est impossible. Il était sérieux ? Il veut vraiment...

— Si tu ne m'embrasses pas tout de suite, j'en mourrais de honte, miaule Harry, le rouge aux joues.

Il a peut-être mal lancé le sort ? Non. Il n'est pas n'importe qui, et quand il lance un sort, il sait s'il l'a réussi ou non. Et puis un sortilège aussi simple, il serait capable de le lancer avec les mains attachées dans le dos et un bâillon dans la bouche. Alors non, il ne s'est pas trompé, pourtant Harry veut toujours de lui. C'est insensé. Pourtant, Severus avance d'un pas, lui pose une main sur la joue et l'autre sur la hanche avant de lui demander, incertain :

— Que veux-tu, maintenant ?

— Toi, gémit Harry en fermant les yeux.

Comment refuser ? Comment résister ? Severus effleure sa joue du bout du nez, les lèvres entrouvertes, curieuses. Il ignore pourquoi il a apprécié la compagnie d'Harry hier soir, il ne se souvient pas à quel moment il a commencé à le regarder autrement. Il ne comprend pas non plus comment il est possible que cette attirance sans fondement puisse être mutuelle. Il a juste conscience de cette tornade qui s'est levée dans son ventre, de cet ouragan qui dépoussière son cerveau, mettant à nu certaines sensations qu'il pensait avoir enterrées à tout jamais.

Il sent le souffle d'Harry sur ses lèvres, scrute ses yeux emplis de désir. En cet instant, il n'a plus rien du gamin arrogant et prétentieux qu'il détestait. Sa carrure s'est élargie, il a pris juste assez de poids pour ne plus avoir l'air d'un gringalet et il est en plus capable de le regarder comme Severus n'a que trop rarement été regardé. Il est beau. Oui, c'est un fait, il est devenu un homme des plus séduisants. Mais ce n'est pas juste ça qui fait palpiter le cœur du Maître des Potions.

L'interdit que représente le Survivant l'excite un peu, il doit l'admettre. Coucher avec le héros du monde sorcier, caresser sa peau, lécher des parties de son anatomie qui n'ont jamais vu la lumière du soleil, lui faire pousser d'adorables petits cris... La moitié de cela lui suffirait déjà. Alors il penche la tête sur le côté et l'embrasse.

Avant que le moment ne soit passé (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant