Chapitre 4 - Envie d'aventures

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Il est presque midi quand Harry ouvre les yeux. Il a mal au crâne et l'impression que la bouillie qui lui sert de cerveau tente d'expulser ses yeux en dehors de leurs orbites en se pressant tout contre l'intérieur de ses globes oculaires. Quel abrutit. Se payer une telle cuite en semaine. Il va se faire défoncer par Ginny.

Il tâtonne sur la table à sa gauche à la recherche de ses lunettes. Qu'est-ce qu'elle est loin cette foutue table de nuit. Est-ce lui qui l'a à ce point repoussée quand il est rentré après sa nuit de beuverie ? Par Merlin, il peine tellement à se souvenir de sa soirée qu'il ne comprend même pas comment il a pu rentrer jusque chez lui.

À force d'exploration, ses doigts trouvent enfin l'objet tant recherché et en les enfilant enfin sur son nez, Harry baille à s'en décrocher la mâchoire. Il n'a plus qu'à mettre la main sur sa baguette, s'envoyer un petit sort de dégrisement et il sera sur pied. Frais comme une licorne. Ou, à bien y réfléchir, peut-être davantage comme un scroutt à pétards.

Quand il s'assied sur le bord de ce qu'il pense être son lit, Harry réalise tout à coup qu'il n'est pas chez lui. Car chez lui, il n'y a pas de télévision, pas de chaîne hi-fi, pas de table basse en verre devant le canapé. Baissant la tête, il découvre qu'il ne reconnaît pas non plus le plaid qu'il a fait tomber en tentant de se lever et, soudain, il prend peur. Qu'a-t-il fait cette nuit ? Pas quelque chose de stupide, tout de même...

En un bond, il est debout et quand il entend le froissement d'une page que l'on tourne dans son dos, il fait volte-face, la main contre sa cuisse, là où devrait se trouver sa baguette, mais d'où elle a de toute évidence été retirée puisqu'il ne rencontre que la toile de son jean.

À quelques mètres de lui, assis à une petite table de cuisine, Rogue est occupé à écrire dans un carnet à l'air ancien. Sur les pages jaunies, Harry devine de nombreux post-it aux couleurs passées et quantité de fleurs et d'herbes séchées qui empêchent ce qui semble bien être un grimoire de se refermer correctement.

Contrairement à la veille, l'homme n'a pas attaché ses cheveux et ils dégringolent en cascades ébène sur ses épaules et jusqu'au milieu de son dos. Quand il passe une main dedans, il dégage son visage anguleux et les laisse retomber en partie sur son torse moulé dans une chemise bordeaux qu'il n'a pas boutonnée jusqu'au col.

Cette vision percute Harry de plein fouet et, dans son esprit brumeux, les souvenirs de la soirée qu'il a passée avec l'homme lui reviennent comme un crochet du droit lancé par un boxeur aussi agile que costaud.

Dans un silence troublé, Harry se refait le film. Il se rappelle de la statue de Marie, du bar, des verres qui se remplissent seuls. Il se souvient de son trouble grandissant qu'il a choisi de noyer dans la bière. Ils ont parlé, beaucoup, vraiment beaucoup. Oh, Merlin, il lui a dit des choses qu'il n'a même jamais osé avouer à Ron ou à Hermione. Il a ouvert une porte sur ses doutes, ses sentiments, son mal-être.

Plus surprenant encore, l'ancien professeur ne l'a pas remballé. Il l'a écouté, n'a pas vraiment cherché à le réconforter, mais ne s'est pas moqué de lui, ne l'a pas critiqué.

Harry se rappelle qu'il a trouvé ça gentil. Qu'il a trouvé la soirée agréable.

Prenant conscience qu'il ne peut pas rester plus longtemps planté comme un poireau sans piper mot, il s'éclaircit la voix avant de saluer son hôte.

— Enfin réveillé, remarque Rogue sans lever les yeux de son ouvrage. J'ai cru que j'allais devoir vous jeter un sort pour vous forcer à vous mettre debout. Vous avez le sommeil lourd, ajoute-t-il. J'ai passé la matinée à m'activer sans que cela ne semble vous déranger.

Avant que le moment ne soit passé (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant