Chapitre 2 - La bonne route

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— Je suis désolé, s'excuse Harry, la tête basse, face au directeur des déplacements magiques, chez qui la jeune sorcière l'ayant accueilli plusieurs heures plus tôt vient de l'emmener.

— Vous êtes une sommité dans votre domaine, Mr Potter. Et nous sommes bien placés, ici, pour savoir que les génies sont souvent un peu excentriques. Oserai-je dire un peu surréalistes ?

Le sourire surmonté d'une petite moustache en guidon de vélo de l'homme rougeaud est sincère, et son accent prononcé, autant que ses manières un peu datées et sa grosse tête ronde, le rendent immédiatement sympathique à Harry. Le sorcier semble tout droit sorti d'un roman de gare des années 1900. Sans jamais cesser de sourire à son homologue anglais, il ne peut s'empêcher de replacer encore et encore sur son bureau quelques accessoires sans importances, mais surtout déplacés dans un bureau directorial. Une figurine animée d'une sorcière rousse vêtue d'une robe vert et noir qu'Harry ne reconnaît pas, une poignée de trombones magiques en forme de fruits, un paquet de cuberdons hurleurs. Que des objets qu'on n'imagine pas de prime abord dans le bureau d'un homme important.

— Nous ne pouvons pas vous faire rentrer en Angleterre aujourd'hui, hélas, explique l'homme dans un second temps. Nous avons bien essayé, mais le réseau est saturé à cause des départs en vacances et du championnat de bavboules qui se déroule en ce moment même dans notre merveilleux pays. Néanmoins, je suis parvenu à vous avoir un créneau demain matin à sept heures précises. Je propose que vous dormiez cette nuit dans l'un des appartements que nous réservons aux agents étrangers en mission chez nous. Ça vous laissera tout un après-midi et une soirée pour découvrir par vous-même si la réputation des bars liégeois est méritée ou non, conclu-t-il en riant.

Quelques remerciements et explications plus tard, Harry se retrouve une fois encore en plein soleil sur la place St Lambert, surplombant ainsi les installations cachées du Ministère.

S'il est vrai qu'il ne souhaitait pas rentrer ce soir, il n'avait pas prévu que ce serait à cause de son éternelle tête en l'air et d'une maladresse de plus à mettre sur son compte.

Ginny va râler, se rend-il compte en se mettant en marche. Après les quelques mois qu'ils viennent de passer, elle va croire qu'il l'a fait exprès. Oh, et puis qu'elle râle, décide-t-il, ça ne changera pas grand-chose vu à quoi ressemble leur quotidien depuis des semaines.

Flânant sans réel but, Harry passe de rues commerçantes modernes à une enfilade de ruelles à l'aspect plus ancien et ne comportant pour la plupart que des habitations à l'allure vétuste, voire antique. En quelques minutes, pourtant, il se retrouve à nouveaux au centre de la ville et des animations, dans un quartier récent. Ville de contraste, où l'on passe du vacarme des voitures au calme des coteaux, des babillements et cris des passants au sifflement des oiseaux en un clin d'œil.

Alors qu'il marche en détaillant une devanture de l'autre côté d'une rue étroite à sens unique, profitant de l'immobilisation des voitures due à un feu rouge quelques mètres dans son dos, Harry percute l'épaule d'une personne venant en face et qu'il n'a aperçue qu'au dernier moment.

— Excusez-moi, s'empresse-t-il de demander à l'inconnu alors que celui-ci vient de se retourner dans sa direction.

— C'est de ma faute, contre aussitôt l'homme alors qu'il n'a pas encore posé les yeux sur Harry. Je ne regardais pas devant m...

La fin de sa phrase se perd sur ses lèvres alors que celles d'Harry s'entrouvrent sous le choc.

Devant lui, vêtu d'un jean sombre et d'une chemise noire cintrée et aux manches retroussées sur ses avant-bras dont l'un a été bandé, se trouve l'ancien professeur de potion de Poudlard. Ses cheveux sont plus long que dans son souvenir et attachés en un chignon bas qu'il se traîne depuis le matin si l'on en croit les nombreuses mèches qui s'en échappent.

Avant que le moment ne soit passé (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant