-Beauté éphémère-

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Le vent balaie doucement les cheveux des deux adolescents, d'un sens puis d'un autre, faisant virevolter leurs mèches rebelles et défaisant le chignon de l'un d'entre eux.

Assis sur le bord d'un toit, accoudés au muret, ils observent silencieusement le paysage qui s'offre à eux.



Il est tard, mais la ville est active.

Les panneaux publicitaires baignent les ruelles de leurs magnifiques couleurs, les lampadaires clignotent au rythme des pas des passants, et les feux changent leurs intensité, commandant chaque mouvement de voitures, qui sont telles des fourmis. Des rires sont audibles, et résonnent à travers les murs, provenant de petits groupes assis à des bars sur le coin des rues. De la musique très légère s'en échappe, et parfois quelques cris leurs parviennent, mais cela les fait rire. Les chats errants osent s'aventurer dans les rues désormais désertes comparé à la journée, et cherchent quelque chose pour atténuer leurs faims. Les personnes les plus courageuses rentrent du travail, leur épuisement visible sur leur visage lorsqu'ils sortent de leur voiture, où lorsqu'ils arrivent devant leur porte. La plupart du temps, ils s'arrêtent quelques secondes avant de rentrer en souriant, comme si ces quelques secondes leur avait permis d'oublier leur vie médiocre. Les lumières des appartements s'allument, et le nombre de fenêtres illuminées augmentent au fur et à mesure du temps qui passe.

La ville leur offre sa douce et radieuse mélodie tardive.

Et ils se contentent de l'écouter dans le plus grand des silences.






Les arbres encore feuillus délivrent leurs douces pétales qui s'envolent délicatement au vent, et qui vont baigner les passants de ne serait-ce que d'une jolie vue agréable, leur faisant oublier leurs maux une demi-seconde. Elles tourbillonnent, s'entortillent, et se baladent à travers cette étendue qui s'offre à elle.









-T'en penses quoi ?

L'adolescent aux cheveux noirs fixe ce paysage avec les yeux pétillants, sourire léger aux lèvres. Son ami prend quelques secondes à répondre, et baisse sa tête en se la grattant comme pour réfléchir, ce qui manqua de faire tomber ses petites lunettes noires.

-Hmm, je sais pas trop. C'est Tokyo quoi.

Le noireau se mit à rire légèrement, tout en baissant la tête également juste avant de se relever et de fixer de nouveau ce qui s'offrait à ses yeux.

-Tu m'impressionneras toujours Satoru, tu ne vois que les choses tels qu'elles sont.

Le jeune aux cheveux blancs fronce les sourcils suite à cette réponse, ne comprenant pas où son ami voulait en venir.

-Tu ne vois pas la réelle beauté. Tu te contentes d'observer, et tout simplement de prendre en compte, sans essayer d'analyser ou de chercher plus loin que simplement ce que ton œil voit. Et ce même avec ton sixième œil.

Il recule son buste, offusqué par cette remarque qui ne l'était pas, puis se mit à sourire tout en tournant le regard vers l'étendue en face d'eux.

-Tu vas me dire que tu arrives à déceler une beauté ici ?

-Oui.

Satoru se retourne vers lui, cherchant à avoir une explication supplémentaire. Son ami prend une grande inspiration et s'avance de quelques centimètres, avant de ne pas parler pendant quelques minutes.

-Tu vois, cette rue, dit-il en tendant la main, la lumière clignotante des lampadaires l'éclaire, donnant ainsi une atmosphère assez lourde, ce que tu peux voir sur les visages inquiets des gens. Ou encore là-bas, ajoute-t-il en pointant l'opposé. Le monsieur qui rentre chez lui à l'air triste, mais regarde maintenant, il sourit juste après avoir ouvert la porte de son domicile, et après avoir vu sa fille lui sautant dans les bras.

Le jeune aux cheveux blancs écoute attentivement les propos de son ami et suit ses gestes. Il plisse légèrement les yeux, et un léger sourire apparait sur son visage lorsqu'il comprend ce que son ami dit.

-Il y a une harmonie partout. Il suffit juste de la trouver, c'est tout, continua-t-il en regardant le ciel, apaisé.

Quelques minutes de silence se firent.

-Tu me surprendras toujours, Suguru, dit Satoru en baissant le tête, sourire aux lèvres, tout en donnant un léger coup de coude à son ami.

Ils se mettent tout les deux à légèrement rire puis de nouveau un silence se met en place, laissant la douce mélodie de la ville réapparaitre peu à peu.

Satoru relève la tête après quelques minutes, et observe ce qui s'offrait pleinement à lui, toute cette beauté.



Il voit l'harmonie des voitures qui se déplacent en troupeau, et qui se font commander par un ridicule poteau en fer, ce qui le fait sourire lorsqu'il se rendit compte de cela. Il voit le jeune homme et la jeune femme posés dans l'un des bars du coin de la rue, le jeune homme rapprochant peu à peu sa main de celle de la jeune femme tout en continuant de rigoler et de sourire. Il voit les oiseaux se regrouper sur le toit en face d'eux, en ligne, comme s'il se racontait leurs journées, juste avant de s'envoler et d'apparaître sous la forme d'ombres noires dans le ciel légèrement bleuté.

Il voyait désormais toute cette harmonie, toute cette beauté cachée et éphémère, qu'il fallait simplement capter au moment propice.



Satoru se mit à sourire bêtement, et à lâcher un petit rire de satisfaction, se rendant compte qu'il ne fallait pas chercher loin pour être satisfait, et pour être heureux. Ses yeux pétillent. Il tourne lentement la tête vers son ami à sa gauche qui lui, observe attentivement le paysage en tailleur, et le regarda quelques secondes, arborant toujours un sourire.

Il se rendit compte à ce moment-là de la chance qu'il avait de l'avoir lui à ses côtés, et qu'il l'avait bien choisi.

Son meilleur ami.

𝐌𝐲 𝐨𝐧𝐞 𝐚𝐧𝐝 𝐨𝐧𝐥𝐲 // Recueil d'OS Jujutsu kaisenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant