The Way - Partie 2 : Le Réveil...

Chapitre 48...

Ernest Filibus tourne en rond dans cette sorte de pièce carré où il se trouve. Il est seul. Personne ne trouble ses pensées. L'absence de fenêtre et l'obscurité de l'endroit fait que le forain peut réfléchir.

– Vivante...

Durant toute sa carrière, c'est la première fois qu'une chose comme cela se passe. Normalement, les personnes qui tombent dans son piège meurent ou restent piégées dans son attraction. Ernest ne laisse jamais une personne s'en sortir. Cela serait dangereux. Il pourrait se faire attraper par la suite.

L'homme réfléchit à quoi faire. Il ne peut pas quitter l'endroit où il est. S'il allait lui-même chercher la fille, il y aurait trop de témoins. Il pourrait l'attirer à lui mais même là ce serait risqué. Elle serait en droit de demander à retenter l'attraction, ce qu'Ernest ne pourrait lui refuser. Et qui sait si elle s'en sortirait...

Ernest doit trouver un moyen pour faire taire cette fille une bonne fois pour toute. L'homme passe une main devant lui à l'horizontale. À ce moment là, une apparition de forme ovale grandit face à lui. Ernest salue la personne qui vient d'apparaître.

– Je vous remercie de votre signalement, Y. J'ai une autre tâche à vous demander. Il faut que vous réussissiez à rendre l'obstacle non dangereuse pour nous.

« – Très bien Monsieur, c'est comme si c'était fait. »

L'homme rompt alors la conversation avant de disparaître dans un couloir aussi sombre que l'endroit qu'il quitte. À l'opposé, une forme l'a observé.

**

Alexanne se réveille dans un lit d'hôpital. La jeune fille met quelques secondes avant d'identifier cet endroit. Elle laisse tomber sa tête sur l'oreiller en serrant les dents. Elle l'a vu. Elle a réussi à le voir mais elle ne pouvait rien faire. Alexanne déteste se sentir impuissante.

Elle entend ses parents discuter avec une troisième personne dans le couloir. Elle ne reconnaît p as la voix de cette personne.

– Sûrement un médecin, se dit la jeune fille.

Alexanne décide alors de se lever. Elle enlève la couverture posée sur elle et quitte le lit. Elle récupère ses vêtements posés dans une armoire et s'habille rapidement. Elle va ensuite pour ouvrir la porte lorsqu'elle entend son père dire :

– Il n'y a vraiment rien d'autre à faire ?

– Non, répond la voix qu'elle n'identifie pas, votre fille est devenue dangereuse pour elle. Il faut la transférer aujourd'hui.

Il y a ensuite un blanc et soudain Alexanne reconnaît la voix qui vient de parler. Il s'agit de la psychologue, le docteur Juliette Robert. Puis la respiration de la jeune fille s'accélère. Ils vont la faire interner en psychiatrie dans la journée. Alexanne ne peut pas y aller. Il faut qu'elle trouve l'endroit où se cache le forain.

La jeune fille s'éloigne alors de la porte pour s'approcher de la fenêtre de la pièce. Elle regarde à l'extérieur. Elle se trouve à l'étage. Trop haut pour sauter et il n'y a rien pour descendre.

– Réfléchie Alexanne...

Alexanne regarde autour d'elle pour trouver une idée. Cela ne servirait à rien de se cacher car elle serait trouvée. Elle retourne alors à la porte qu'elle entrouvre sans faire de bruit. Ses parents et la psy sont assez éloignés et de dos. Alexanne retourne alors au lit afin de créer un leurre qui lui donnerait un peu plus de temps et puis elle sort finalement de la chambre. La jeune fille se force à marcher. Courir la rendrait trop suspecte. Elle marche néanmoins rapidement et se rue vers le premier virage. Alexanne cherche les escaliers de secours. Ceux donnant directement sur l'extérieur. Passer par l'ascenseur ou les escaliers intérieurs lui ferait croiser trop de personnes.

Enfin la porte des escaliers est trouvée. Alexanne s'engage dans les escaliers et ne met pas longtemps avant d'arriver sur le côté de l'hôpital. Elle prend alors la direction qui s'offre face à elle afin de s'éloigner.

Soudain, une voiture s'arrête à son niveau, la faisant sursauter. La fenêtre côté passager s'ouvre et une tête se penche vers elle. Alexanne est surprise de voir Matteo. Le jeune homme la regarde avec surprise.

– Alexanne ? Je croyais que tu étais à l'hôpital, je venais te voir justement.

La jeune fille continue à avancer, forçant le garçon à reculer.

– Je suis sortie de l'hôpital, je rentre chez moi.

Matteo sait qu'elle ment mais il ne soulève pas. Il trouve sa copine si différente depuis quelques temps.

– Tu rentres à pieds ? Personne n'est venu te chercher ?

– Mes parents travaillent.

Matteo lâche un rictus face à tous ces mensonges.

– Tu sais quoi ? Ton histoire... je te crois.

Alexanne s'arrête à ces mots. Elle se tourne vers Matteo mais reste sur la défensive.

– Comment ça tu me crois ?

– Tu es trop différente. Donc j'imagine qu'il s'est passé quelque chose...

Alexanne ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas si elle doit le croire ou non. La dernière personne qui lui a dit la croire a convoqué par la suite sa mère pour lui dire de la mettre en psychiatrie. Soudain, Alexanne entend des cris provenant de l'entrée de l'hôpital. Ils sont en train de la chercher...

Ni une, ni deux, Alexanne ouvre la portière de la voiture pour s'installer à côté de Matteo.

– Fais moi partir d'ici.

Le jeune homme la regarde sans comprendre.

– Matteo, continue Alexanne en se tournant vers lui, il ne faut pas qu'ils me trouvent.

Le garçon baragouine un mot que la fille ne comprend pas puis fait demi-tour rapidement pour sortir de la zone de l'hôpital.

– On va où ? Demande-t-il une fois qu'ils se sont éloignés.

– Tu vois le terrain vague à la sortie est de la ville ?

– Oui...

– Conduis moi là bas.

Matteo obéit sans rien dire. Décidément Alexanne est bien différente de celle qu'il a connu. C'est comme s'il y avait deux personnes et que celle qu'il avait connue avait disparue. Matteo lui a dit qu'il la croyait pour la faire s'arrêter de marcher. Mais à ce moment, même si cela peut paraître fou, il se demande si la fille qu'il a à côté de lui ne dirait pas la vérité.

Et si la Alexanne qu'il avait connu avait disparu ? Et si cette fille disait vrai ?

Matteo veut en savoir plus sur cette histoire. Alors il fait ce qu'elle lui dit.

Il ne sait pas dans quoi il s'embarque.

**

Sophie Genêt est dévastée. Sa fille a disparu. Encore une fois. Mais cette fois-ci, c'est elle qui l'a décidé. Sa fille vient de fuguer. Sophie a peur de l'étendue de la schizophrénie de sa fille. Et si cela la poussait à se suicider ?

Non Sophie ne veut pas y penser.

Elle passe le mouchoir que le policier lui a donné sous son œil afin d'essuyer ses larmes. À côté d'elle, André lui attrape la main. Sophie tourne sa tête vers lui en appréciant ce geste de réconfort.

André est également inquiet. Il a peur pour sa fille. Il ne sait plus ce qu'il doit faire face à la réaction d'Alexanne. Il ne sait plus s'il doit accepter à ce que sa fille aille en hôpital psychiatrie.

Au bout d'un moment, la porte du capitaine de police Maurice Jacob s'ouvre. L'homme s'avance vers le couple pour leur serrer la main.

– Monsieur Genêt, Madame Genêt.

Maurice les guide jusqu'à son bureau puis ferme derrière eux. Le capitaine s'installe ensuite à son bureau. Il ouvre le dossier au nom d'Alexanne Genêt et le parcoure un instant avant de relever les yeux vers le couple face à lui.

– Bon. Expliquez moi tout depuis le début.