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Allongée sur mon lit, je fixe le plafond de ma chambre, bercée par les ronronnements de Frisbee – et de la voix nasillarde de DD scotchée à son téléphone.
De sa langue natale, l'espagnol, la Costaricaine explique à sa mère qu'elle reste dormir chez moi. Elle raccroche après de longues minutes et libère un soupir de soulagement d'avoir enfin pu mettre fin au flot incessant de paroles de Madame Vitoria Delgado.
— Je m'interroge, lancé-je alors qu'elle me rejoint sur le matelas.
— Sur quoi ? répond-elle en arquant un sourcil.
Elle s'allonge à mes côtés, sa main sur Frisbee, et ses yeux se promenant sur les photos de nous accrochées au plafond.
— Pourquoi le son de ta voix augmente considérablement dès que tu parles espagnol ?
Du coin de l'œil, je perçois ses lèvres se retrousser.
— Parce que ma mère a toujours eu l'impression d'avoir besoin de crier lorsqu'elle appelait la famille au Costa Rica. Pour elle, la distance nécessite de parler plus fort pour qu'on l'entende. Va comprendre ! Et voilà que je me retrouve à faire pareil.
Je souris à mon tour puis attrape sa main dans un silence rassurant. J'aime la savoir avec moi. Les nuits sont longues depuis que je suis seule dans cette maison. Tante Judy prend régulièrement de mes nouvelles, mais ses coups de fils n'apaisent pas le manque de mes parents. Elle le sait. C'est pourquoi elle a décidé de passer quelques semaines à la maison pendant l'été avec son fils, Noah. Elle m'a d'ailleurs proposé d'appeler Maïa, ma cousine, également. Et les mois qui me séparent de ces retrouvailles me semblent tristement loin. Très loin. Surtout lorsque j'arpente quotidiennement les couloirs de cette maison vide. Cette maison où le parfum de maman flotte encore dans l'air, que les outils de papa traînent encore dans l'atelier, et que la porte de leur chambre reste douloureusement fermée.
Je sens leur présence figée, invisible, partout autour de moi. Elle m'assassine lentement. Pourtant, ironiquement, c'est elle aussi qui m'apaise, me rassure en m'accordant encore un peu d'eux.
— Est-ce que ton frère est déjà revenu ici ?
Ma mâchoire se crispe et je me raidis face à la question de DD. Je secoue la tête.
— Non. Je ne comprends pas pourquoi il est si détaché, avoué-je sans cacher la douleur que ce constat m'inflige.
Ma meilleure amie a plus d'une fois proposé son aide pour mettre de l'ordre dans les affaires personnelles de mes parents, mais la vérité, c'est que j'aimerai que Sam m'accompagne dans cette tâche.
— T'en as discuté avec lui ?
— Non. Mais je ne vais pas avoir le choix, j'ai reçu un courrier du notaire chargé de l'héritage. Il a demandé à ce qu'on le rencontre ensemble.
— Dans ce cas, parle lui en au boulot.
Un rire de frustration m'échappe, avant qu'un soupir las s'ensuive.
— Avec le tournoi, lui et Isaïah sont occupés, ils s'entraînent à longueur de journée. Seules les filles restent disponibles.
— Le tournoi ? me questionne-t-elle, en pivotant sur le côté.
Frisbee, désormais dans un espace trop étroit entre ma meilleure amie et moi, décide de prendre la poudre d'escampette.
— Ouais, un truc où visiblement je ne suis pas conviée, déclaré-je avec sarcasme.
— Selon qui ? me reprend-elle d'un ton malicieux qui me fait sourire.
— Selon Musclor en personne. C'est ce qu'il m'a dit lorsque j'en ai fait mention. Sam ne m'en a pas parlé, c'est Drew qui a fait la gaffe, mais personne ne parle de ce sujet devant moi, alors je ne sais rien. Mais tout me laisse à penser que c'est ce soir.
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PUNCH - Beat up ( EN RÉÉCRITURE)
RomanceLorsqu'un accident de voiture coûte la vie à ses parents, Ivy Peters retrouve Sam, son frère dont elle est séparée depuis plus de cinq ans. Afin de l'aider, il va lui offrir un job dans son club, spécialisé dans les sports de combats. Ivy est une j...