| Été 2018 | Aix-en-Provence |
Deux ans plus tard
L'été est enfin là. Je peux le sentir dans chaque rayon de soleil qui pénètre et réchauffe ma peau. Mes lèvres s'étirent dans un pur sourire de contentement, tandis que je ferme les yeux pour m'imprégner de cette atmosphère agréable.
Deux années ont passé, et depuis, tellement de choses ont changé dans ma vie.
Je vis toujours à Aix-en-Provence, mais quelques mois après les funérailles de Matt, je me suis résignée, et j'ai fini par vendre notre maison. C'était bien trop douloureux de continuer à vivre là-bas. Chaque pièce. Chaque objet. Tout constituait un souvenir.
Mon souffle était constamment comprimé dans ma poitrine. La douleur était perpétuelle, même les rendez-vous avec ma psychologue n'arrivaient pas à m'apaiser.
Alors tant bien que mal, sur les conseils de Cristina et de ma psy, j'ai pris un nouveau départ.
J'ai vécu plusieurs mois chez ma sœur, puis avec le temps, j'ai décidé d'avoir un endroit rien qu'à moi.
Avec l'argent de la vente, ainsi que celui de mon travail, qui me permet d'ailleurs de gagner aisément ma vie, j'ai pu m'acheter une villa conçue sur mesure par un architecte. L'endroit est absolument gigantesque, mais je m'y sens bien, quoiqu'un peu seule. Depuis Matthew, il n'y a eu personne d'autre. Pourtant, des opportunités se sont présentées à moi, mais je n'étais tout simplement pas prête.
Quant à mes études de droit, j'ai obtenu mon diplôme par je ne sais quel miracle.
Quand Matt est décédé, j'ai réagi de la même façon que lorsque j'avais perdu mes grands-parents. J'étais devenue une loque humaine. Totalement anéantie. Je refusais de manger, de boire, de bouger, de respirer. Tout ce dont j'étais capable se résumer en trois choses : pleurer, faire des crises d'angoisse toutes plus violentes les unes que les autres, et rester prostrée dans ma chambre, toujours plongée dans l'obscurité.
J'ai terminé à l'hôpital.
Pendant une semaine, j'ai été mise sous perfusion, car d'après les médecins, je devais être alimentée d'urgence, la manière de faire importait peu. J'avais perdu trop de poids. Mes jambes refusaient de me soutenir, et j'avais à peine la force d'ouvrir mes paupières.
Cristina pleurait tout en me sermonnant parce qu'elle était terrorisée à l'idée de me perdre.Ça m'a fait mal de la voir pleurer si fort, elle qui pleurait si peu. Je m'en voulais d'être aussi faible, car ma faiblesse la faisait souffrir.
Trois semaines supplémentaires se sont écoulées, puis est arrivé le jour où je devais me rendre à la fac pour ma soutenance de mémoire.
J'avais repris un peu de poids. Ma sœur était présente à chacun de mes repas et veillait scrupuleusement à ce que je m'alimente correctement. Alors, pour elle, je mangeais. Mais chaque bouchée comportait son lot de larmes. C'était insoutenable.
Je refusais de me rendre à l'heure prévue pour ma soutenance, mais une fois encore, Cristina a tellement insisté pour que j'y aille, en disant : « Tu n'as pas fait tout ça pour abandonner si près du but. »
Donc, la mort dans l'âme, j'y suis allée. J'ai parlé de mon mémoire. De comment j'ai effectué mes recherches. De mon appropriation du sujet. Puis, les trois personnes qui constituaient le jury, dont mon directeur de recherche faisait partie, ont commencé à me poser une série de questions. Je ne me souviens plus de mes réponses.
À la fin, je ne savais pas du tout si j'avais réussi ou non, mais je m'en fichais. Tout était vide de sens. Ensuite, je suis rentrée à la maison, accompagnée de Cristina. Elle, pourtant si curieuse, n'avait posé aucune question. Elle savait que ce silence m'était essentiel. J'en avais besoin.
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La saga de la famille Moon - Le garçon aux étoiles - Tome 1
RomanceSuite à la perte de nombreux Êtres chers, Rosie Beriashvili a perdu le goût de vivre pendant de très longues années. Des années d'enfance et d'adolescence qui auraient dû être pleines de douceur, faites de découvertes, de rires et de joie. Mais au l...