Prologue

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Bottes de cuir, chemise à manches retranchées, jeans bleu on ne peut plus normal, ce fut assis sur une chaise dans la petite cour intérieure de sa maison, dans cette soirée qui était bel et bien la dernière qu'il aurait en toute liberté, qu'Alvarazo Alegro attendait les douze coups de minuit. Ces douze coups qu'il avait lui-même mis en place lorsqu'il travaillait encore avec ces créatures aux longues robes noires et blanches qui se battent constamment afin de rendre justice aux autres. Ces douze coups qui, bien qu'ils avaient autrefois initié l'incroyable idée qui fit de lui celui qu'il était à cet instant, avaient créé en lui le sentiment d'insatisfaction qui le poussa à commettre l'irréparable, l'impensable et lui annonçaient désormais sa fin. La fin de tout ce qu'il avait cru faire pour le meilleur dans ce monde rempli de honte, de peine, de ténèbres. Ce monde dans lequel les injustes étaient privilégiés de beaucoup, tandis que les justes mouraient à la sueur de leur front. Ce monde qui, dans un passé désormais lointain, l'avait poussé à donner des secondes chances. Et ce monde qui, contre toute attente, lui avait tout enlevé, que ce soit son dernier brin d'espoir, la dernière particule de lumière qu'il avait toujours cru voir, son dernier souvenir de ce que la vie était vraiment. Ce monde qui, contre toute attente, lui avait tout pris, le réduisant à moins que rien. Le réduisant à tout ce que lui n'avait jamais rêvé.

Alvarazo Alegro.

Ce nom qui, il n'y a pas si longtemps, dans un passé qui semblait si lointain dans les souvenirs mais qui, dans la réalité, était si proche, recevait des éloges. Ce nom qui, dans ses profonds souvenirs, faisait l'honneur de sa communauté. Ce nom qui, en tout temps, était aimé et respecté. Mais ce fut ce même nom qui, en ce moment même, attendait d'être oublié.

Alvarazo Alegro.

Il n'en pouvait plus de son propre nom. Il ne pouvait plus supporter tous ces fardeaux qui étaient sur son dos. Il ne pouvait plus supporter d'être ainsi la risée de tous. Lui qui auparavant aidait les autres dans leurs problèmes, c'était maintenant lui qui héritait des problèmes des autres.

Il n'en pouvait plus.

Et c'est avec tous ses problèmes qu'il tenait dans ses mains, assis sur ce fauteuil, dans une maison campagnarde éloignée de tous, un pistolet avec lequel il s'apprêtait à commettre un dernier meurtre.

Cet homme, ce jeune homme qui pendant cinq ans déjà, se faisait connaître de tous par ses actes et par sa vie. Cet homme-là qu'il avait auparavant aimé. Cet homme-là qu'il avait toujours voulu respecté. Cet homme-là qui avait pris une tournure des plus brusques, et des moins pensables, des moins croyables. Ce fut ce même homme-là qu'il avait l'intention de tuer.

Et il allait le faire ce soir même...

Tout ce qui le retint fut ces douze coups. Ces douze uniques coups.

10 ans plus tôt

Alvarazo AlegroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant