Chapitre 2

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MARIA ALIAS NINA

— Je savais que tu pouvais te montrer aussi ferme, mais pas avec les membres de ta propre famille, dis-je de nouveau sous son silence.

— Et qu'est-ce qui te dis que c'était quelqu'un de ma famille? me questionna-t-il après avoir mis son téléphone dans l'une des poches de son pantalon.

Mais quelle question!

— Enfin, je te croyais plus perspicace en tant qu'avocat reconnu! Dans ta conversation, tu as dit « aux parents », ce qui veut dire que ce ne sont pas seulement tes parents mais aussi ceux de ton interlocuteur. De plus, tu ne dirais pas à un copain — ni à une copine d'ailleurs — que tu n'aurais aucun problème à ne plus leur parler, à moins que tu ne sois vraiment sans cœur. L'es-tu?

Il regarda le sol. C'était la première fois que je le voyais faire cela.

J'avançai vers lui et, puisque j'avais enlevé mes talons, grâce à ma petite taille, je pus voir émaner de ses yeux de la tristesse. De la tristesse? Pourquoi donc? Avais-je dit quelque chose de mauvais?

— Écoute, Alegro, je ne voulais pas te...

— Une pute, ne devrait-elle pas essayer de se cacher de la justice? Après tout, exercer ce métier n'est-il pas illégal sur ce territoire?

Et voilà! Ça, c'était le Alegro que je connaissais! Celui qui avait toujours les mots et qui pouvait blesser n'importe qui à n'importe quel moment, du moment que lui le voulait.

Mais moi, je n'étais pas blessée. Après tout, je savais très bien que je n'étais pas ce genre de personne. Ce que je faisais, j'avais une raison pour laquelle je le faisais.

— Je n'essaierai même pas de m'expliquer.

— Bien sûr! Tout le monde change à un moment donné. Sûrement que toi, c'est de cette façon que la nature a décidé de te transformer.

Je lui donnai une gifle.

— Je t'interdis de me traiter de la sorte! Oui, je me suis enfuie de ma famille, oui, j'exerce en ce moment un métier qu'aucune personne de ma famille n'aurait jamais approuvé. Toi, tu as tout: tes parents approuvent tout ce que tu fais, tu as des amis, des vrais et, si tu décidais d'arrêter de travailler maintenant, t'aurais assez de fric pour te nourrir pendant au moins dix ans. Est-ce une raison pour toi de me traiter de la sorte? Certes, je n'ai pas une vie aussi facile que la tienne, mais je t'interdis formellement de me parler de la sorte.

J'étais sur le point de partir quand il me retint le bras. Que voulait-il encore?

— Quoi, Alegro?

— Un petit conseil de quelqu'un ayant de l'expérience: ne parle jamais de la situation des autres sans la connaître.

Mais laissez-moi rire. Alvarazo Alegro était vraiment en train de me faire la morale sur ce que lui exerce comme métier?

— Est-ce que tu viens vraiment de me faire la morale sur le fait que parler des affaires des autres sans en connaître le fond serait mauvais? commençai-je en le regardant droit dans les yeux, sentant une certaine confiance en moi s'ajouter à ma frustration, C'est ce que tu fais pour gagner ta vie, non? Vous, les avocats pourris que vous êtes, vous faites croire aux autres que vous les aidez, alors qu'en fait, il suffit juste que quelqu'un vous fasse une bonne offre pour que vous gâchiez la vie de vos clients.

Je n'en pouvais plus. La soudaine confiance que j'avais ressentie me quitta. Je me mis à pleurer.

Alegro fit un pas en avant, encombrant l'espace qui restait entre nous deux, puis il me prit dans ses bras.

Alvarazo AlegroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant