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en ce moment, je suis en train de me démêler avec des tonnes de fil rouge, d'épingles et de tableaux en liège imaginaires. je vais pas bien, et je veux savoir le pourquoi du comment - rien que pour pouvoir donner une réponse à mes parents et mes psys.
j'ai été pré-diagnostiquée avec un trouble de la personnalité borderline. il faut, selon le DSM-IV remplir au moins 5 des 9 critères suivants sur un laps de temps significatif pour envisager un diagnostique : • des efforts désespérés pour éviter un abandon réel ou imaginé • des relations intenses et instables allant de l'idéalisation à la dévalorisation extrême • instabilité de l'image ou de la notion de soi • une impulsivité dans au moins deux domaines autodestructeurs (toxicomanie, auto-mutilations, troubles du comportement alimentaire, dépense excessives...) • comportement, gestes ou menaces suicidaires • problèmes de gestion émotionnelle (« sautes d'humeur ») • colère/rage intense, inappropriée et difficile à maîtriser • sentiment chronique de vide • symptômes dissociatifs sévères
je coche toutes les cases. et même si j'ai beaucoup travaillé sur mes schémas, et que je suis largement capable d'introspection, ça fait mal, même quand je vois les progrès que j'ai fait, de voir que je suis toujours pas heureuse.
je tape plus de ketamine ou de crack, les flashbacks psychotiques horribles où je ne reconnais plus personne et où je pouvais frapper des infirmiers en les confondant avec mon agresseur se sont espacés, et aujourd'hui je me souviens même plus de la dernière (en plus, la semaine passée, j'ai enfin réussi à aller porter plainte). je mange à peu près correctement. j'ai des bonnes notes. j'ai des amis au lycée et en dehors. ma famille est géniale. je sais même plus comment pleurer.
pourtant il est toujours là le blues; il frappe quand je m'y attends pas, presque toujours quand je suis seule. comme une grosse boule dans la poitrine, un poids qui me paralyse. je voudrais pouvoir dire à ma mère que j'ai plus de pensées suicidaires, mais y a toujours cette petite voix dans ma tête qui me chuchote de me pendre à l'arbre, de me noyer dans la piscine, de me jeter sur les rails.
et j'ai peur qu'un jour, la boule qui grossit à l'intérieur finisse par gagner,
mais promis, je la laisserai pas faire. la guérison c'est long, des fois ça dure toute la vie. alors c'est le bordel dans mon cerveau, et c'est frustrant de pas avoir un chemin linéaire et une destination préméditée. faudra que je m'adapte. parce que je veux me donner une chance de vivre pour de vrai.
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