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Il y avait deux choses à connaître à propos d'Helen Sherwood. La première était en réalité plus une constatation qu'un véritable savoir. Elle ne supportait pas la contradiction et l'opposition. Non pas parce qu'elle se sentait en position de faiblesse ou qu'elle exigeait posséder la vérité absolue, mais parce qu'elle n'aimait tout simplement pas se justifier. Se justifier amenait à avouer qu'on avait eu tort, et avoir tort fait de vous des idiots insensés, qui ne sait pas vivre dans le monde sans que l'on ai à vous reprocher votre incompétence et vos erreurs. Avoir tort constitue pour Helen Sherwood un aveu d'échec. Aux premiers abords, cela ne sautait pas aux yeux. Il fallait pour cela la fréquenter plus d'une ou deux fois afin de prendre conscience de cet défaut. La deuxième chose à savoir sur Helen était son manque cruel de confiance envers la gent masculine exerçant un métier se rapprochant le plus possible à ce que l'on appelle, le septième art. Ayant eu une mère fréquentant certains acteurs et un père trompant cette dernière avec une maquilleuse, Helen n'était pas la fan la plus assidue du cinéma, du théâtre ou de toute sorte de comédie masquée qu'elle considérait de toute manière comme éternellement fausse. Ce qui dans un sens était le cas, mais cela dépendait évidemment des points de vue que l'on décidait d'adopter. Damian n'avait pas posé un problème à la mère d'Ailean parce qu'il ne « mentait » pas à travers sa guitare ou son piano. De plus, elle avait vu grandir le gamin et ce dernier s'était révélé au fil des années le gendre idéal pour sa fille.

Ces deux vérités, Tom les avait rapidement découvertes. Le jeune acteur en avait déjà supposé une première, avant même ce fameux diner chez la grand-mère d'Ailean. Helen Sherwood n'avait fait que confirmer ce qu'il craignait être une certitude. Quant à la deuxième, il cherchait tout de même encore à comprendre le mécanisme de cet échec et ce sentiment quelque peu troublant. Ailean était différente d'Helen. Avoir tort restait pour elle comme une occasion d'apprendre. Certes, elle n'aimait guère avoir tort et ronchonnait même durant plusieurs heures, mais elle finissait toujours par reconnaitre qu'elle s'était trompée. Ce qui n'était pas le cas de sa mère.

Lorsqu'elle lui avait raconté son enfance comme pour justifier son comportement, Tom aurait juré se retrouver face à une adolescente de seize ans que l'on venait de surprendre entrain de se droguer ou fumer en cachette. Il s'en était voulu d'avoir pensé à cette comparaison mais la chose fut si évidente qu'il était pratiquement convaincu que cette idée avait déjà traversé l'esprit d'Ailean. Quoiqu'il en était, il était resté poliment et sagement là, à écouter une femme d'une quarantaine d'année raconter sans la moindre pudeur et descendance envers soi-même combien la vie cinématographique avait été injuste envers elle. C'était sans oublier bien évidemment que sans cette dernière, elle n'aurait probablement jamais rencontré le père d'Ailean. Tom n'aimait pas penser en « jamais » et « toujours », car il ne savait prédire les choses à l'avance, mais c'était une possibilité plus que crédible.

- Entre deux cœurs -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant