Chapitre 8

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Mon frère me repéra tout de suite et me fit de grands gestes pour m'inviter à venir les rejoindre. Je lui lançais un regard accusateur auquel il me répondit par un grand sourire, il aurait pu me prévenir, quand même ! Arrivée à la hauteur des trois hommes, je m'installais, sans vraiment le vouloir, en face d'Antoine qui semblait surpris par ma présence.

Voici mon frère, Théo! Me présenta-t-il.

Le jeune homme me salua avec un grand sourire.

Bonne journée ? Demanda mon frère.
Excellente, répondis-je non sans lancer un regard à Antoine. Vous parliez de quoi ?
Des vacances ! m'expliqua Harry. Tu comptes toujours aller à Londres d'ailleurs ?
Évidemment, Roxane me tuerait si je ne venais pas, plaisantais-je.
Tu pars quand ? questionna Antoine.

J'osais enfin le regarder dans les yeux, non sans difficulté. Au même moment, le serveur posa devant nous trois pintes de bière et un verre de cidre rosé.

La semaine prochaine je pense. Et vous deux ?
Il m'embarque aux States ! Répondit Théo avec joie.
Santé à tous ! lança alors Harry avec enthousiasme en levant son verre.

Nous le rejoignîmes dans son geste avant de boire et Harry, tout extravertie qu'il était, relança la conversation à laquelle je participais plus ou moins. Je n'avais qu'une envie : qu'Antoine me dise ce qu'il avait voulu me dire au gymnase, avant que Samuel ne s'interpose entre nous deux et surtout : m'excuser pour ce message loin d'être professionnel. Sans en avoir vraiment conscience, je me perdis rapidement dans mes pensées, suivant de loin le ton de la conversation, rigolant lorsqu'il le fallait ou prenant un air sérieux. Mon regard virait d'un visage à un autre, celui d'Harry m'indiquait qu'il passait une soirée excellente, la fierté que Théo portait à son frère était presque palpable et je sentais ce dernier me lancer régulièrement des regards... indéchiffrables. Il semblait inquiet et en même temps ses yeux pétillaient.

Après quelques verres, Antoine proposa que nous allions nous dégourdir les jambes en allant marcher dans les rues de Mâcon. Au début, nous marchions tous les quatre à la même hauteur, Théo et Harry en pleine discussion, jusqu'au moment où je croisa le regard d'Antoine qui me fit signe de ralentir le pas. Voilà, le moment était venu, j'allais enfin savoir. Il sembla choisir ses mots avec soin.

Ce n'est pas contre toi si j'ai demandé à Clara de prendre ta place... commença-t-il.
Alors pourquoi ? Demandai-je frustrée par si peu de réponse.
Sache juste que je n'ai rien contre toi et que Clara ne remettra pas ton travail en question... N'en demande pas plus, s'il-te-plaît.

Ses derniers mots ressemblaient tant à une supplique que je n'insista pas et le sourire qu'il me lança me réconfortait à l'idée de lui faire confiance, même si je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la frustration. Il posa sa main dans le creux de mon dos, cela ressemblait à un geste de réconfort. Je sentais sa main chaude à travers le tissu de ma robe et un frisson me parcouru, constatant ma gêne, ou simple hasard, il la retira vivement. Harry et Théo poursuivaient leur discussion sans se préoccuper du reste.
Antoine souriait tout en les observants, devant nous, que pouvait-il bien penser de cette soirée ? Comme s'il avait lu dans mon esprit, il répondit à cette interrogation.

Je ne m'y attendais pas, mais entre la soirée chez ton frère et maintenant, ces moments avec... C'est comme si je n'étais qu'Antoine.

Il me lança un regard paisible, peut-être pouvait-on même y lire une certaine forme de reconnaissance.

 Harry est doué, avec les gens.
Toi aussi.

Sa remarque me fit rire et je levai les yeux au ciel.

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