Inestimable

Chapitre 9

Malgré mon cœur battant la chamade, son message resta, à mon plus grand étonnement, sans réponse. Je ne savais absolument pas quoi lui dire. J'espérais pour lui qu'il n'attendait rien de particulier et qu'il comprenait mon silence. Finalement, c'était peut être mieux comme ça ?J'envoyais un nouvel e-mail à Roxane pour l'en informer et lui envoyait un sms pour lui dire de regarder urgemment sa boîte mail.
Comment allais-je faire pour dormir ? Ses mots, ses yeux, ces derniers jours tournaient en boucle dans ma tête, comme un film joué à l'infini dans mon esprit.
Je n'arrivais pas à intégrer le sens de ses mots, ou plutôt ce qu'ils voulaient dire.
Heureusement, Léon me rejoignit rapidement et il me donna un cout de tête comme pour me rappeler qu'il était là, lui. De revenir à l'instant présent. Sa présence réconfortante m'apaisait et je me laissais finalement glisser dans les bras de Morphée, épuisée par toutes les émotions de cette longue journée.

Jeudi 21 juillet 2016

Lorsque le réveil sonna, mes yeux fixaient déjà la fenêtre qui donnait sur la cour de l'immeuble. Léon, voyant que j'étais réveillée, trépignait déjà d'impatience à l'idée de sortir, mais je n'arrivais pas à sortir du lit, repensant à la veille et au fameux message. J'étais comme tétanisée, à l'idée de le croiser et d'enfin comprendre le regard qu'il poserait sur moi. Je n'avais qu'une envie : lui dire que j'aimerais passer le reste de l'été à découvrir qui il était véritablement, sans caméra, sans personne autour, juste lui, moi et l'électricité qui vivait entre nous lorsque nos corps étaient proches l'un de l'autre, comme un petit monde secret.
Mais, tout cela était impossible.
Il avait sa vie et j'étais destinée à n'être que de passage.
Je sentis des larmes naître dans mes yeux, j'avais l'impression qu'elles étaient là depuis une éternité et qu'elles attendaient le bon moment pour évacuer toutes les émotions que je ressentais depuis qu'il avait posé son regard sur moi.
Le son d'une notification de mon téléphone me sortit de cet instant, j'essuyais mes joues et lu qu'il s'agissait de la réponse de Roxane, qui n'était pas une réponse d'ailleurs, mais plutôt des réactions à base de "Oh lord" ainsi que la mention qu'elle m'appellerait sur ma pause déjeuner pour une "remise au point urgente de ce petit cœur sanguinolent d'amour".
Je levais les yeux au ciel, respirais un grand coup et glissais hors du lit, traînant des pieds vers l'entrée pour enfin faire sa promenade matinale à Léon.

Parfois, j'ai l'impression de tomber dans une faille spatio-temporelle lorsque je laisse mes pensées prendre le contrôle, parce que lorsque j'entendis Samuel pratiquement hurler mon prénom, je fus surprise de constater que nous étions, lui et Lucas, dans la salle de montage, les stores baissés, plusieurs tasses de cafés dont certaines étaient encore fumantes et voir afficher sur l'horloge l'heure avancée de 15h12.

- Elyna, t'es avec nous ? La voix de Samuel se fit dure.

Je secouais la tête et me raclais la gorge.

- Oui oui, je réfléchissais.

Samuel leva les yeux au ciel et se tourna vers Lucas :

- Tu en penses quoi, toi ?
- Elyna, t'es sûr que ça va aujourd'hui ? Demanda le blond.

Ils me regardèrent, l'air inquiet.

- Tu n'as pratiquement pas parlé de la journée et ce n'est vraiment pas ton genre, s'enquit Lucas.

La conversation de ce midi avec Roxanne m'avait replongé davantage dans la tempête qui vivait dans mon esprit. Comme je m'y attendais, elle m'avait dit de faire attention à moi, plutôt qu'à lui et de me préserver. C'était une histoire impossible, aussi simplement que ça et c'est ce que je devais garder en tête à chaque instant, jusqu'au départ d'Antoine.

- Oui, désolée, la semaine est longue, je commence à fatiguer. Vous disiez quoi ?

Mes deux collègues se regardèrent, septiques, avant de retourner dans le vif du sujet, auquel il était difficile de se concentrer sans ressentir un poids dans le cœur. Revoir ces images, ces vidéos, c'était comme les revivre, finalement. Mais, avec ce que je savais maintenant, je percevais les regards d'Antoine totalement différemment.