Chapitre 2

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Il se tenait devant un énorme château de pierres sombres. Le soleil brillait au zénith et rendait les lieux plus imposants encore, les tours perçant presque le ciel partiellement nuageux. Laissant tomber son sac de toile rapiécé à ses pieds, il porta sa main en visière pour mieux apprécier la beauté des lieux. Puis, prenant son courage à deux mains, il s'avança et frappa à la porte avant de décliner son identité. Un homme en uniforme lui fit signe de le suivre, le menant à travers les couloirs.

- Je suis Walter Rayan, et je suis chargé de te faire visiter un peu les lieux et t'expliquer comment ça va se passer ici, désormais.

Anton le remercia et l'autre secoua doucement la tête, c'étaient les ordres, c'est tout. Le brun ne releva pas et le suivit désormais sans un mot. Le premier lieu qu'il lui montra fut le dortoir des nouvelles recrues.

- Tu as le choix, il y a deux lits inoccupés par là.

N'osant plus le remercier, le nouvel arrivé posa ses affaires sur un lit au hasard.

- Là, c'est mon lit, et de l'autre côté de ton lit, c'est celui de Sam. Mais tu rencontreras tout le monde bien vite.

Anton le questionna sans attendre. Il ne s'attendait pas à découvrir que son guide était lui aussi une nouvelle recrue... Walter soupira avant de s'expliquer, sous le regard curieux du nouveau. La sélection des recrues s'était faite il y a deux mois déjà et ils étaient vingt à avoir été choisis parmi les deux cents élèves sortant des trois ans de formation à l'école militaire. Le brun resta sans voix... Trois ans de formation ? Devant son air abasourdi, Walter secoua la tête.

- Tu ne sais pas la chance que t'as, toi, soupira-t-il. On en a bavé à l'école militaire pendant trois ans, pour faire partie des meilleurs du classement et avoir une chance de mettre un pied ici.

Il tourna les talons, grommelant assez fort pour qu'il l'entende qu'il n'en revenait pas qu'un bagnard ait si facilement ses entrées... Anton serra les poings et le suivi... Tout commençait vraiment à merveille...

Après avoir fait sommairement le tour de l'imposante caserne, Walter lui remit un uniforme et quelques vêtements d'entraînement, avant de lui conseiller d'aller se changer. Il l'attendrait pour l'emmener dans la salle d'entraînement. Anton s'exécuta rapidement et le suivit, le cœur battant. Il ne savait même pas à quoi s'attendre. Alors, suivant Walter, il alla se positionner au fond de la salle, silencieusement, sentant tous les regards braqués sur lui... Il tentait de paraître calme et détendu alors que ses tripes étaient violemment nouées. Il se sentait presque nauséeux... Vers quoi était-il en train de se diriger ? Il ne put s'empêcher, gêné, de contempler ses chaussures en s'amusant machinalement à les tapoter l'une contre l'autre. Elles reluisaient doucement, bien cirées, et il agita ses orteils à l'intérieur en souriant malgré lui...

Il le revoyait, cet homme chéri, à genoux devant lui, assis sur le lit, pensant tendrement ses petits pieds blessés de ses mains habiles. Il lui parlait tendrement, alors que le petit garçon qu'il avait été jouait d'une main avec les édredons épais du lit, les caressant et les tordant entre ses doigts, un grand sourire aux lèvres. Il était enfin de retour...

Un claquement sourd le fit sursauter et la tension monta brusquement dans la pièce. Un mouvement général le surpris et, sans pouvoir bougé, il fixa la nouvelle venue. L'éclat rougeoyant fit brutalement s'écarquiller ses yeux. C'était elle... Il aurait reconnu sa chevelure flamboyante et ses yeux clairs entre mille. Il sentit son cœur battre plus fort... Le regard désapprobateur et sombre qu'elle lui lança le sortit brutalement de sa torpeur et il lança un regard aux autres qui exécutaient, en une ligne parfaite, un salut militaire. Il s'empressa de les rejoindre et les imita tant bien que mal. La rouquine détourna enfin les yeux et passa la troupe en revue avant de sonner le repos. Tous s'assirent en tailleur sans un mot, et Anton les imita immédiatement.

PanzootiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant