Chapitre 4

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Le lendemain, lorsqu'il émergea, le dortoir était vide... Il se redressa violemment, débitant tous les jurons qui lui passèrent par la tête, et ils furent nombreux. Enfilant sa tenue d'entraînement tout en se mettant en route, il courut presque jusque la salle d'entrainement, ses violentes courbatures lui hurlant de ralentir le rythme, ce qu'il ne fit pas. Il se stoppa enfin devant la porte, le cœur battant, les mains moites... Il était en retard... Il passa une main anxieuse dans ses cheveux longs et prenant son courage à deux mains, il poussa la porte. Il sentit tous les regards sur lui, et, le souffle court et les joues en feu, il s'avança. Le Maréchal lui lança un regard sombre.

- Ravie de voir que vous vous joignez à nous, Soldat Jolivel, ironisa-t-elle d'une voix acide.

Il effectua un salut militaire maladroit et présenta des excuses. Elle le détailla de la tête aux pieds, visiblement pensive. La sanction fut sans appel. Cent cinquante pompes, immédiatement. Il s'exécuta sans un mot, sous les regards ravis et railleurs. Il réprima un long soupir... Il allait y passer le reste de la matinée, mais au moins, il n'était pas renvoyé.

Une semaine se passa donc ainsi. Il était toujours le dernier à finir un exercice, et les autres devaient l'attendre en réalisant un salut militaire. Son incompétence rallongeait les entraînements, et une fois sur deux, l'ensemble des nouvelles recrues devaient se passer de dîner. Il les sentait ruminer derrière son dos, il sentait les regards de colère et de contentement à la fois... Chaque jour ils les sentaient se réjouir un peu plus... Il allait partir, c'était une question, d'heures, voire de minutes... Et il en entendait parfois lui demander, avec un air moqueur : « On se verra demain, alors, coursier ? ». Il l'appelait coursier, d'un air dédaigneux et moqueur... Coursier, c'était presque une insulte dans leur bouche, désormais...

Il tentait de faire abstraction, de se concentrer sur ce qui était important : ne pas se faire renvoyer. Mais il devait lui aussi se rendre à l'évidence, il était incompétent, malgré ses efforts, et ses muscles fatigués et courbaturés, le ralentissaient toujours davantage... Ce n'était plus qu'une question de jours...

Et alors qu'il déjeunait, un midi, ses yeux se fermant à moitié, ce qu'il redoutait le plus arriva. Le Maréchal, elle qui d'accoutumée ignorait le monde entier, se dirigea droit vers lui. Tous se redressèrent immédiatement, effectuant un salut précipité, y compris Anton, le cœur battant, subitement bien réveillé. Elle darda ses yeux océans sur lui, et il rougit violemment, sentant ses mains trembler.

- Je vous attends demains matin dans mon bureau, soldat Jolivel, déclara-t-elle d'une voix posée et tranquille, avant de tourner les talons.

Anton sentit ses yeux s'écarquiller d'horreur alors que ses mains devenaient plus moites encore. Il resta totalement immobile, le cœur battant. Une petite main saisit son poignet, le faisant sursauter violemment mais le doux sourire de Jillian le ramena brutalement à la réalité. Il se laissa tomber sur sa chaise, sous son regard encourageant.

- Ce n'est sûrement pas aussi horrible que tu le penses, chuchota-t-elle en lui adressant un regard doux et plein de sollicitude.

Il eut un large soupir... Mais pour quelle autre raison pourrait-elle bien le convoquer ? Il était lamentable, c'était une évidence pour tout le monde ! Il se prit la tête entre les mains, le cœur battant tellement fort dans sa poitrine qu'il avait l'impression qu'il finirait par exploser... Si elle le renvoyait, il fallait absolument qu'il trouve un moyen de se sauver.... Il n'y retournerait pas ! Il sentait ses poignets blessés le brûler violemment et, sans attendre, il quitta la salle précipitamment, sous le regard inquiet de la brunette. Il gagna le dortoir au pas de course, s'asseyant sur son lit avec effroi... Il lui fallait une solution, et vite... Il avait quinze minutes avant que l'entraînement ne reprenne... Il ferma les yeux. Pensait-il sérieusement à s'échapper du for où s'entraînaient les meilleurs soldats du pays, alors qu'il était incapable de tenir une épée ? Il serra les poings... C'était sans doute la pire idée qu'il n'ait jamais eue ! Il se mit à faire les cent pas... Mais s'il ne tentait rien... Sa main gauche alla, à cette simple pensé, réveiller les entailles peinant à cicatriser autour de son poignet droit, les frottant brutalement, alors que son esprit affolé, cherchait vainement une idée pour se sortir de ce merdier...

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 14, 2022 ⏰

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