Lucille [Here's Negan I Prequel The Walking Dead]

VII. Perdre la raison

Negan avait passé son weekend enfermé chez lui. Il n'avait pas eu le cœur à partager d'interminables soirées comme il en avait l'habitude. Son esprit était bien trop encombré par son entrevue avec Lucille. Il attendait son appel, il attendait éperdument des nouvelles de sa part. Son téléphone restait sur la table basse de son salon, figé dans le temps. Rien. Aucun signe de vie, les heures lui étaient paru horriblement longues. Seuls quelques messages de Ashley étaient venu perturber son silence. Il n'avait pas répondu, à quoi bon ? A quoi bon se racheter auprès d'une femme trompée ? Dans tous les cas, un tête à tête serait inévitable, il n'allait pas arrêter de fréquenter son club simplement pour l'éviter. Peut-être cracherait-elle dans son verre lors de leur prochaine sortie entre amis ? Peut-être lui ferait-elle un scandale ouvertement devant une foule excitée par la musique ? Soit. Il s'en moquait car pour l'heure, une seule occupait son esprit. Ses nuits avaient été rythmées par des insomnies à répétition. Lassé, tout en soupirant sous d'innombrables bribes de phrases qu'il aurait aimé lui dire sur le moment, il s'était retourné maintes fois dans le lit. L'homme ne supportait pas son absence. La culpabilité le rongeait, il savait qu'il avait fauté. Il avait tenté de se racheter mais à son goût, leur discussion s'était terminée sur un échec. Une saveur amère lui restait en bouche, celle de ne pas avoir réussi à la persuader que pour elle, il perdait la raison. La brune pouvait le penser impulsif et tenace, violent et volage à ses heures perdues, il constatait le bouleversement qu'elle provoquait en lui. Il n'arrivait pas à l'expliquer sans sentir son estomac le tirailler. Comment allait-il réagir si elle décidait de mettre un terme à leur aventure ? Ses tempes avaient cogné violemment contre son crâne suite à cette pensée. Et il avait tourné de nouveau dans le lit en envoyant valser le drap. Un dur weekend qui l'avait épuisé mentalement.

Le lundi était synonyme de tension pour beaucoup. La reprise était difficile, la remise en scelle était lente. Le professeur de sport frotta ses yeux fatigués en attendant devant la machine à café. Sa consommation avait augmenté et il avait arrêté de compter le nombre. L'impression d'un placebo restait dans un coin de sa tête, la caféine n'avait pas beaucoup d'effet sur lui. Capricieuse, la pièce qu'il venait d'insérer resta bloquée :

- Bordel de merde ! grogna t-il en frappant son pied contre la paroi métallique, dès le matin, tu vas me faire chier, toi !

- Un problème ? Il se retourna vivement pour faire face à la voix féminine.

Ellen se tenait derrière lui, droite et enjouée de le voir de si bonne heure. Un rictus étira ses lèvres, leur complicité se renforçait au fil des mois. De nature aguicheuse, il lui envoya un sourire rayonnant auquel elle fut réceptive :

- Te voilà de meilleure humeur !

- C'est parce que tu es là, ma belle. Les lundis sont toujours merdiques à souhait alors te voir réchauffe mon cœur. 

Elle gloussa nerveusement face à son regard mielleux. Le temps de rêvasser un instant, la machine à café se réveilla subitement. L'homme s'esclaffa bruyamment en levant les bras au ciel :

- Bingo ! La vache, tu possède un don, à peine es-tu entrée dans la pièce que cette foutue machine se débloque d'elle même !

- J'ai des super pouvoirs ! s'amusa t-elle à lui répondre en entrant dans son jeu.

- Une véritable ensorceleuse ! termina t-il en haussant les sourcils, le gobelet fumant à la main. Je vais retrouver mes attardés d'élèves, j'espère qu'ils seront aussi agréables que toi... Je suis déjà claqué de ma journée !

Guilleret par cette rencontre, il sifflota dans les couloirs. Les souvenirs du weekend s'étaient estompés et il dévorait l'instant présent. En chemin, il croisa son fidèle acolyte, Simon. Posté à l'extrémité du corridor qui donnait sur une petite cour, il terminait une cigarette roulée. Ce dernier renifla grossièrement avant de passer un coup de manche familier à ses narines. Lorsque les deux furent au même niveau, il le salua d'une frappe dans le dos :