Les Yeux du Pouvoir - Tome 5 : Bleu Police [Terminé]

Chapitre 5 - Visite carcérale

Les horaires de jour étaient bien plus simples à supporter que ceux de nuit, surtout lorsque l'on n'enchaînait pas deux services sans avoir dormi de la nuit. Tanguy était donc en bien meilleur état que celui dans lequel il avait quitté le poste la veille et il se sentait parfaitement disposé à travailler sur l'affaire pour y apporter les réponses qui lui manquaient grandement.
Au final, il avait dormi toute une partie de la journée pour se réveiller dans l'après-midi et il s'était lourdement rendormi dans la soirée. Au moins, dans son sommeil, il ne songeait pas à l'enquête qui l'obsédait déjà. Il voulait comprendre ce qu'il s'était passé, le comment et le pourquoi.
Arrivant au poste, le jeune homme constata qu'il était le premier arrivé. En effet, le siège de Martial dans leur bureau était vide et Irwan, qui les assistait, n'était visible nulle part non plus, certainement avaient-ils été retenus chez eux. Avec respectivement deux enfants chacun, c'était tout à fait possible et envisageable. Tanguy se demandait si ce serait la même chose pour Gabriel après l'accouchement d'Eléa.
Lorsqu'il repensait aux années précédentes, lorsqu'il était un pensionnaire de l'institut Belforde, que Gabriel était un peu comme son grand frère, comme pour tous les élèves de l'établissement d'ailleurs, il voyait comme les choses avaient évolué. Il revoyait également l'arrivée d'Eléa.
Il ne se souvenait plus vraiment du temps qu'il faisait exactement ce jour-là mais, en revanche, il se souvenait très bien d'Eléa trainant une grosse valise derrière elle et du regard, légèrement différent de celui qu'il avait habituellement pour tous les autres pensionnaires, que Gabriel avait posé sur elle.
Tellement d'évènements étaient survenus et les choses avaient tellement changé depuis. Le meurtre d'Anastasia aussi représentait un changement, un changement inattendu et imprévu.
Tirant le jeune homme de ses pensées qui s'enchainaient sans grande cohérence ni productivité, Martial entra à son tour dans le bureau en saluant Tanguy qui lui sourit en retour.
S'installant sur sa chaise, Martial s'excusa pour son léger retard qui s'imputait à l'un des professeurs de Sophie qui lui avait demandé si il serait disponible ultérieurement pour une discussion, ce qui avait plutôt surpris Martial puisque sa fille adoptive n'avait rien d'une élève à problèmes, Tanguy le savait parfaitement.
Ne leur laissant pas davantage poursuivre leur conversation, Irwan s'invita dans leur bureau, sans s'annoncer au préalable, comme à son habitude, un rapport sous le bras, et lança :

« Salut ! J'espère que vous vous êtes bien reposé ! Perso, en ce qui me concerne, Arthur a décidé que Papa ne ferait pas de sieste. Bref ! Se retrouver avec une affaire hyper médiatisée sur les bras, ça peut avoir du bon. Les analyses sont passés en prio et on a les résultats !
- Déjà ? S'étonna Tanguy.
- Ça fait une journée quand même et c'est vrai qu'on nous a bien dit que c'était au sommet de la pile des priorités, après tout. Relativisa Martial. Alors, qu'est-ce que ça dit ?
- Pour commencer, le gérant a été examiné par un médecin, et son saignement de nez, qui a laissé une demie-heure d'action possible sans témoin, était dû au stresse. Apparemment, il s'est fait virer de chez lui par sa femme, tout ça, quelque chose d'assez compliqué. Donc, rien que quelqu'un ait pu organiser ou prévoir, juste le hasard, quoi !
- Un hasard qui tombe bien quand même. Marmonna Martial.
- Pour ce qui est d'Anastasia, l'autopsie a bien confirmé qu'elle est pas morte des coups de couteau, au nombre de onze, mais d'une paralysie du cœur. Son cœur s'est juste arrêté de battre et elle est morte quasiment instantanément. Mais le légiste sait pas ce qui a pu causé ça. Les analyses ont révélé aucune substance qui aurait pu faire ça mais le technicien du labo dit que c'est possible que le poison ait déjà été évacué par l'organisme ou qu'il ait pas été détecté par les analyses.
- De toute façon, même si on trouve aucun produit, c'est impossible de considérer ça comme une mort naturelle. Même si on découvre que c'est pas quelqu'un qui l'a tuée, on a quand même mutilé son cadavre, faut savoir comment et pourquoi ! S'emporta Tanguy.
- Personne a dit le contraire. Assura Martial avant de se tourner à nouveau vers Irwan. Y a autre chose ?
- On a fouillé tout l'hôtel et aussi le quartier mais on a retrouvé aucun couteau.
- C'est tout ?
- Ouais. C'est vrai qu'on en sait un peu plus maintenant mais ça nous avance pas vraiment pour savoir sur quoi nous concentrer. Déplora Tanguy.
- Bon, alors on a plus qu'à chercher et à fouiller partout où on le pourra en nous concentrant sur le seul élément tangible qu'on ait : Anastasia ! Déclara Martial.
- Comment ça ?
- On va interroger toutes les personnes qu'elle connaissait à la recherche d'un mobile. Ces coups de couteaux représentent quelque chose de personnel, donc, le tueur doit être une de ses connaissances. Il faut donc qu'on se concentre sur ses relations. On se basait plus sur ces méthodes que sur la science à l'époque.
- T'es si vieux que ça ? Lança Tanguy, espiègle.
- Ferme la, toi, grogna Martial sans réelle vexation. Bon, on va commencer par la prison. Elle vient quand même d'y passer cinq ans et c'est un endroit idéal pour se faire des ennemis.
- Ok, je vais chercher la voiture !