Chapitre Quatre

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Avec le temps, mes yeux se sont habitués aux changements de luminosité. L'ambiance était intime, sensuelle. Il faisait assez chaud dans la salle, et la lumière rouge tamisée accentuait cette chaleur.
D'un côté, on trouvait le bar et ses interminables vitrines pour présenter cocktails, vins et spiritueux en tout genre. Callum et Max, un autre barman, s'affairaient à préparer les verres des clients, qui, accoudés sur l'imposant bar en bois massif, étaient trop occupés à dévorer les danseuses qui se déhanchaient et se déshabillaient devant leurs yeux.

Au centre de la salle, quelques podiums de danse et leur barre iconique, entourés de confortable sofas en cuirs noirs et rouges. Les podiums étaient suffisamment grands pour pouvoir danser librement mais assez rapprochés des clients, pour leur donner l'impression que nous n'étions rien qu'à eux –et les laisser nous glisser quelques pourboires–.

Entre les podiums, disséminés un peu partout dans la vaste pièce, des sofas rouges où les clients pouvaient se retrouver pour discuter, boire tranquillement un verre ou bander sur une des filles qui dansait sensuellement sur leurs genoux.
Ce n'était pas ma zone préférée. Bien que les clients soient au courant de l'interdiction de nous toucher, nombreux sont ceux qui s'y sont risqués. Dommage pour eux, ils étaient vite rattrapés par les barmen ou la sécurité qui veillaient régulièrement.

Au fond de la salle, dissimulés par d'épais rideaux rouges, les Private Rooms.
Si le client le demandait, et contre une certaine somme d'argent, nous pouvions l'emmener dans une salle privée, cachée de la vue de tous, pour lui offrir un show privée. La plupart des filles arrondissent leurs fins de mois en demandant un petit supplément pour une "finition". Officiellement, nous ne devions pas faire ce genre de pratique. Officieusement, ce n'était pas la même chose. Le patron fermait les yeux sur cette pratique, du moment que nous étions consentante et que tout était protégé.
Il m'était arrivé de le faire contre un bon pourboire et quand les fins de mois étaient plus difficiles.

A peine je pénétra dans la salle que je me glissais dans la peau de mon personnage. Je n'étais plus Selena, timide et discrète, mais Étoile, strip-teaseuse qui donnerait tout pour ramener autant de pourboires qu'elle le pouvait.

J'affichais mon sourire charmeur et lançais des regards langoureux aux clients qui me reluquaient de la tête aux pieds.

J'exagerais le moindre de mes gestes, me dandinant, les mains sur les hanches, jetant dramatiquement mes cheveux en arrière, en frôlant "par inadvertance" certains hommes.

Comme tous les vendredis soirs, la pièce était bondée.
Avec la faible luminosité, je ne distinguais pas vraiment le visage des clients mais je devinais qu'il y avait de tout, des jeunes et des plus âgées, des riches et des plus pauvres, des groupes d'amis ou des hommes solitaires.
Je reconnus certains clients mais je ne voyais pas, pas encore, mon propriétaire.

Je rejoins ma place. Ce soir, je devais danser au niveau des tables.
Tous les soirs, nous changions de postes. Les podiums, c'est ce qui nous rapportaient le plus. Les clients étaient plus nombreux autour de nous et jouaient souvent à "celui qui mettra le plus de billets dans le string de la danseuse".

Je repéra une table, au centre de la pièce. Ils étaient 5, habillés dans des costumes 3 pièces noires. Deux étaient assis l'un en face de l'autre et étaient en pleine conversation, plutôt houleuse. Les 3 autres avaient une allure de chien de garde à côté d'eux et scruptaient la moindre personne qui aurait le malheur de s'approcher un peu trop près.

En m'approchant, je sentais que la tension était palpable dans leurs échanges et je me mis intérieurement au défi de les faire redescendre.
Les deux hommes assis étaient plus élégants, je nota la présence de belles montres dorées, des Rolex ? L'un était plus jeune, je dirais 26 ans, avait des cheveux noirs, légèrement coiffés en arrière, il était musclé, tellement que chacun de ses muscles semblaient vouloir s'échapper de ses vêtements.
Le deuxième était plus âgés, les cheveux poivres et sels, des yeux gris presque transparents et portait un costume haute couture.

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