23 - AARON

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Je me réveille en sursaut et ne reconnaît pas d'endroit où je me trouve. Je tente de me redresser mais suis freiné en sentant la présence d'un corps sur moi. Soudain, je repose la tête soulagé en me rappelant que c'est Alyssa. Mon cœur cogne fort dans ma poitrine alors que je tente de réguler  mon souffle. Depuis que papa est mort, je ne dors pas bien. Je me réveille en sueur, perdu. Le petit corps d'Alyssa me tient trop chaud alors que j'essaye de reprendre mes esprits et je retire mon bras coincé sous elle en essayant de ne pas la réveiller pour me lever.

  Je quitte le lit et traverse l'appartement en boxer ne sachant même pas quelle heure il est en direction de la salle de bain. Je me penche au-dessus de l'évier où mon teeshirt est resté. Je passe de l'eau sur mon visage et relève la tête. Le miroir me renvoie mon reflet. Un torse que je passe des heures à muscler pour me sentir moins vulnérable. Me permettant de me sentir un peu plus en sécurité quand je repense au gamin chétif que j'étais. Des tatouages avides de sens servant juste à décorer une peau dans laquelle je ne me suis jamais sentie à l'aise. Une peau qui a passé plus de temps à être recouverte de bleus qu'autre chose. Quand on me voit de l'extérieur, je suis un homme fort et puissant à qui on a pas envie de chercher la merde. J'aspire le danger. Pourtant, quand je croise mon propre regard, ces yeux bleus qui ne me rappellent que mon père, je me rends compte que je pleure. Une larme dévale ma joue et s'écrase dans l'évier alors que je serre les dents meurtri. Je ne veux pas pleurer mon père. Je ne veux pas pleurer. Mais, mes propres yeux me condamnent, je suis impuissant comme je l'ai toujours été. Je ne suis pas attristé par sa mort et je ne suis pas non plus heureux. Seulement, je sens que son décès brise encore une partie de moi m'affaiblissant un peu plus. Là où il y avait encore de l'espoir se tient juste un gouffre que je ne peux éviter.

- Aaron ?

Je me tourne subitement voyant Alyssa dans le reflet du miroir. Je reste dos à elle, essuyant rapidement mon visage. Il ne manquerait plus qu'elle me voit pleurer comme un gosse pour que je me sente vraiment au plus mal.

- Ça va, j'avais soif. Lancé-je en lui souriant espérant ne pas être trahis par mes yeux rougis.

Alyssa me fixe silencieusement puis s'approche et passe ses bras autour de mon cou. Elle loge sa tête contre mon torse sans dire un mot et mon premier réflexe en temps normal aurait été de la repousser. Mais, je ne dis rien acceptant sa présence. Je ne sais pas si elle me prend dans ses bras parce qu'elle sait que j'étais en train de chialer ou simplement parce qu'elle en a envie mais la chaleur de son corps réussi à me réconforter. Je lui suis reconnaissant d'être là. De m'apporter son soutien. Et surtout, je lui suis reconnaissant de ne rien dire si elle a vraiment vu que je pleurais. Elle se contente seulement de me consoler sans se poser de questions.

- Tu as cours demain ? Murmuré-je après un long moment à la tenir dans mes bras.

Elle hoche la tête contre mon torse alors que je vois dans le miroir qu'elle garde les yeux fermés sûrement épuisée.

- On devrait retourner se coucher alors. Proposé-je.

Elle hoche à nouveau la tête mais ne bouge pas se cramponnant toujours à moi. Je prends les devants et passe délicatement mes mains sous ses cuisses pour la soulever de terre. Elle enroule ses jambes autour de ma taille alors que je me dirige vers la chambre.

  Je la dépose le plus délicatement possible sur le lit avant de me recoucher auprès d'elle. Elle prend l'initiative de se blottir contre moi et je ferme les yeux appréciant son contact. Son souffle caresse ma peau et sa main est négligemment posée sur mon torse. Je suis venu ici poussé par le courage que l'alcool m'a donné en imaginant que ça ne marcherait pas. Mais, Alyssa était comme moi, elle ne voulait pas que ça se finisse. Elle m'a laissé entrer, a ri avec moi faisant comme si nous nous étions jamais déchiré. Elle n'a pas parlé de mon père même si je me doute qu'elle est déjà au courant. Elle m'a laissé arranger les choses sans se poser de question. Pour une fois, nous marchons dans la même direction. Aucun de nous n'était satisfait de la situation dans laquelle la discussion d'hier nous avait laissé. Maintenant, on peut repartir à zéro.

Tome 2 : FORGIVE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant