Chapitre 2

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– ÉMILIE –

Le chant des oiseaux a cessé depuis les explosions. Au milieu de cette plaine d'ordinaire vide, sont immobiles plusieurs centaines de personnes. Avec moi au centre, ma maman morte dans mes bras.

Et je ne la lâche pas. Je continue de la serrer contre moi. Pour percevoir encore et encore cette chaleur qui émane de son corps. Cette chaleur miraculeuse qui vous redonne le sourire quand vous êtes au-dessus du seuil de désespoir maximal.

C'est ça le pouvoir des mamans ; d'apporter et de transmettre le bonheur et le réconfort même quand ceux-ci ne sont pas là. Mais ils habiteront toujours une maman qui transmet tout l'amour qu'elle peut donner à ses enfants.

Suzanne Walter s'est éteinte ce soir. Avec la dernière sensation de la brise fraîche murmurant que l'hiver n'est plus très loin.

Ses deux enfants assis à côté de son corps avec son mari, sous les feuilles craquellantes.

Au milieu d'une putain de prairie. Recouverte d'un tapis coloré mais inhospitalier. Et non dans un lit au coin d'une cheminée dans l'intimité familiale.

À cause d'eux. De ces... semi-animaux qui ont voulu étendre leur pouvoir pour assouvir leur propre ambition.

Comme c'est le cas de ce connard. Qui a tout orchestré. Et a provoqué la mort de la personne qui occupait la plus grande place dans mon cœur, suivie de près par mon père, mon frère et surtout mon fiancé.

Le silence stagne dans la clairière ; un silence que personne ne semble oser rompre. Et c'est mieux ainsi.

Car je manque d'exploser.

Je suis vide. Vide de bon sens, vide de bonheur, mais surtout vide d'un quelconque sentiment de pardon.

Je sens mon sang circuler de plus en plus vite dans mes veines, chauffant mon corps de partout.

Je veux me venger. Je veux la venger.

Mais je n'oublie pas les valeurs que m'ont transmises mes parents.

« Les anges sont un peuple pacifique, et c'est ce qui fait notre force. »

Ma mère me la répétait sans cesse à chaque fois que je souhaitais me rebeller contre quelqu'un.

Pour que je n'oublie pas que cette force est aussi la mienne.

Et c'est avec cette devise que j'ai grandi : avec celle de mon peuple tout entier où qu'il soit et quel qu'il soit. Cette phrase représente toute la valeur et la richesse de ma patrie et de ma famille.

Je jette un coup d'œil du côté de tous mes soldats qui gardent les yeux rivés sur moi, attendant de savoir si c'est vraiment fini.

Et alors la réalité me frappe un peu plus sous l'intensité de leurs regards et je sens mes larmes dévaler subitement le long de mes joues.

Ils sont trop proches de moi.

J'ai l'impression d'étouffer.

J'ai l'impression de ne pas respirer, de ne plus voir sa tête appuyée sur mes genoux. J'ai l'impression qu'on est en train de me l'enlever.

Qu'on est en train de me la prendre pour ne plus jamais me la rendre.

J'ai l'impression d'être violentée. J'ai l'impression d'être une victime.

J'ai juste l'impression de mourir...

Mes larmes aveuglent mes yeux, ma peau irritée me brûle, mes mains tremblent.

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⏰ Dernière mise à jour : 2 days ago ⏰

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