Dans les moins pires conditions possibles.(Par LiliCatAll)

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Résumé : La maladie, la mort, la souffrance, pour l'une c'est son quotidien, pour les deux autres une réalité à affronter. Chacun fait face comme il peut, l'infirmière, le malade, l'ami proche. Chacun vit les choses différemment. Deathfic. UA.

Pour ceux pour qui le jargon médical est obscur (et c'est bien normal si vous n'êtes pas du milieu), il y a toutes les indications à la fin.

Bonne lecture.

Lili

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Sakura enfila son pantalon blanc et son haut bleu clair, clipsant les boutons pressions qui le tenait fermé par le devant, mit ses stylos dans ses poches, attacha ses cheveux avec des barrettes vertes, chaussa ses sabots bleus et ferma la porte de son vestiaire, prête pour une nouvelle journée de travail.

En arrivant dans le service elle poussa un léger soupir en voyant le jeune homme blond dans le couloir. La lumière allumée au dessus de la porte à côté de lui signifiant que ses collègues étaient dans la chambre 7. Adossé au mur, la tête basse, les yeux dans le vide, le jeune homme faisait peine à voir.

Sakura secoua la tête pour se reprendre. Avoir pitié ne faisait pas partie de ses fonctions. Elle devait être à l'écoute, apporter un soutien au patient et ses proches, soulager la douleur, calmer les angoisses, tout faire pour que le patient parte dans les moins pires conditions possibles. C'était ça les soins palliatifs. C'était ça son travail.

Quand elle avait voulu devenir infirmière, elle ne voyait pas ça comme ça. La maladie, la souffrance, la mort, oui elle savait que ça faisait partie du quotidien. Mais elle s'imaginait plutôt sauver le plus de vies possibles, trouver comment soulager la douleur à tous les coups, et des patients repartant sur leurs deux jambes, reconnaissants d'être guéris. En pratique c'était tout autre chose. Tous les patients ne guérissaient pas, les traitements étaient souvent difficiles à bien doser pour qu'ils soulagent efficacement, et il fallait souvent admettre qu'on ne pourrait pas sauver tel ou tel patient.

Son regard alla de nouveau vers le jeune homme blond qui pénétrait dans la chambre que ses collègues venaient de quitter. Oui, il fallait accepter de ne pas pouvoir sauver tout le monde, mais c'était plus facile à faire quand le patient avait quatre-vingt-dix ans. L'actuel occupant de cette chambre avait trente ans. Trente ans, le même âge qu'elle. Comment accepter qu'on ne puisse plus rien faire?

Ça faisait cinq ans maintenant qu'il venait plus ou moins régulièrement dans le service. Parfois juste pour des examens, parfois pour un nouveau traitement, puis parfois, comme il y a trois semaines parce que son état de santé se dégradait. Altération de l'état général, c'était le motif de son hospitalisation, la dernière.

Après celle-là il n'y en aurait plus d'autre. Prise en charge par les soins palliatifs, la décision avait été prise deux jours après son arrivée. En clair, on arrêtait tout les traitements, on se contentait de calmer la douleur, les angoisses. Accompagnement d'un patient en fin de vie. C'était ça les soins palliatifs. En fin de vie à trente ans.

Sakura se souvenait encore des larmes du jeune homme blond, Mr Uzumaki, quand les médecins lui avaient annoncé la décision. Décision prise avec l'accord du patient, Mr Uchiwa. Depuis cinq ans, c'était le seul à lui rendre visite. L'équipe n'avait jamais vu personne d'autre. Ni parents, ni amis. Bon nombre de ses collègues spéculaient sur la nature exacte de la relation de ces deux là. Ils étaient discrets, et ne parlaient jamais d'eux. Et de toute façon cela ne les regardait pas.

Ses transmissions prises, elle commença son tour de soin. Passant d'une chambre à l'autre, souriante et à l'écoute des patients et de leurs familles. En début d'après-midi elles étaient nombreuses à visiter un proche hospitalisé. Il y en aurait moins en fin d'après-midi, encore moins en début de soirée. Les visites se terminaient à vingt heure. Cette nuit le seul qui resterait serait Mr Uzumaki. Lors des prises en charges en soins palliatifs, on autorisait les proches à rester la nuit s'ils le souhaitaient.

Entre ninjas.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant