Bel inconnu. (par Yzanmyo)

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Titre : Bel inconnu.

Rating : K+

Pairing : Utakata x ?

Genre : OS, UA, Romance.

Résumé : Dans le métro, Utakata croise toujours le même inconnu qui vient s'asseoir en face de lui et il s'interroge. Mais qui est-il et que lui veut cet homme ?

Note de l'auteure : C'est court, c'est léger et un peu mélancolique. Un petit OS tout en introspection...

Ce texte a été écrit lors d'un jeu avec LilicatAll, Maeglin Surion et Akirion et Loute.

Il fallait écrire un texte en utilisant ces trois mots : constante, sans espoir et fréquence.

Bonne lecture,

Yzan.

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Confortablement installé dans le métro, Utakata tourna une nouvelle page de son livre. Un meurtre sanglant, une enquête policière aux divers suspects et un enquêteur qui se démenait. Tout un programme qu'il savourait depuis déjà quelques jours à chaque fois qu'il utilisait les transports en commun. Les rames du métro poursuivaient leur avancée constante vers les mêmes gares et les mêmes arrêts, transportant des voyageurs noyés dans la grisaille d'un quotidien sans espoir ni gaieté. Le jeune homme reprit sa lecture passive, se coupant de toute réalité insipide.

Quelques arrêts plus loin, l'attention d'Utakata se détacha une nouvelle fois du héros de son livre et malgré lui il devint fébrile. La fréquence de son rythme cardiaque s'accéléra. Cinq... Quatre... Trois... Deux... Un.... Les portes de la rame de métro s'ouvrirent dans un chuintement pneumatique, vomissant quelques passagers sur le quai pendant que d'autres entraient à leur tour dans cet univers confiné.

Il était là, grand et mince, engoncé cette fois dans un long manteau noir, quelques gouttes de pluies ruisselant encore du pardessus témoignant du temps infâme qu'il faisait au dehors. En même temps, on était en Octobre. Avec une élégance pleine de distinction aristocratique, l'inconnu prit place sur le siège en face de lui. C'était comme si son nom était écrit sur ce modeste siège en plastique depuis la première fois où il s'y était installé. Comme si il lui était réservé. Un homme plus costaud, tenant d'une main un grand parapluie, prit place debout près de lui, se retenant à la barre toute proche.

Utakata rouvrit son livre mais ne fit que se cacher derrière, s'en servant comme d'une modeste barrière. Les pupilles sombres de son vis-à-vis étaient braquées sur lui, comme au tout premier jour où il s'était installé là, en face de lui dans ces sièges peu confortables qui se faisaient face. Glissant un coup d'œil discret, Utakata entraperçut comme maintes fois auparavant ce léger sourire énigmatique se dessiner peu à peu sur les lèvres fines de l'homme.

C'était un sourire entendu, comme s'il savait que depuis le tout premier jour où le hasard les avaient réunis, face à face dans cette rame de métro, qu'Utakata faisait semblant de lire, bien trop troublé. Il avait scrupuleusement noté l'heure de ce premier métro qui les avait réunis et depuis Utakata faisait toujours en sorte, chaque matin, de prendre le même, à la minute près. Et depuis, à chaque commencement de nouvelle journée, comme un cadeau envoyé tout spécialement pour lui, cet homme entrait dans la rame au même arrêt et en descendait en même temps que lui. C'était idiot, Utakata le savait, mais ça lui suffisait.

Comme souvent, l'imagination d'Utakata s'envola. Qui était cet homme ? Quel était son métier ? Ses passions ? Ses occupations ? A quoi ressemblait sa vie ? Et chaque nouvelle matinée l'amenait vers de nouvelles élucubrations. Il faisait semblant d'ignorer les prunelles couleur encre de Chine posées sur lui tout du long ou cet air confiant presque souriant qui donnait l'impression que l'autre savait tout de lui.

Au début ça l'avait agacé et beaucoup même... Cet air suffisant, arrogant... Utakata avait même envisagé de se lever brusquement pour admonester l'inconnu d'un "Quoi ! Qu'est-ce qu'il y a ! Vous voulez ma photo ?". Puis il s'était ravisé. Cela aurait été impoli et au fond, cela ne le dérangeait pas plus que cela, bien au contraire. Lui, un homosexuel discret et célibataire, qui tentait de vivre le plus paisiblement possible dans ce monde hétéronormé. Alors, il n'avait pu nier que cela lui avait fait du bien de devenir ainsi le centre d'intérêt fugace d'un autre homme le temps de franchir quelques stations de métro.

Après, il faudrait descendre, se fondre dans la masse et reprendre le cours de sa vie. Mais pendant quelques minutes, il savourait le fait d'être observé par ce voyageur. Son attention constante le flattait. Ou peut-être était-ce tout simplement lié au livre qu'il lisait et que l'autre avait peut-être déjà lu ? Son cœur battait toujours aussi vite, si vite qu'Utakata en oublia presque de tourner une page de ce fameux roman qu'il était censé lire.

Plusieurs fois, Utakata avait caressé le secret espoir que cet inconnu lui adresse enfin la parole. Pour faire connaissance, pour parler littérature ou bien nouer un semblant de conversation banale autre que ces regards et ce presque sourire qui disait tout et rien à la fois. Mais il avait vite compris après plusieurs semaines que c'était sans espoir, que l'homme en face de lui ne dirait probablement jamais rien... Grand bien lui fasse. Cela n'empêchait pas Utakata de fantasmer en son for intérieur, chaque jour un peu plus.

De temps en temps, l'homme le quittait enfin des yeux pour observer la noirceur des tunnels de l'autre côté de la fenêtre de la rame de métro. A l'affût de ce moment, bien à l'abri derrière son rempart de papier qu'il levait presque inconfortablement devant son visage, Utakata ne le ratait jamais et en profitait pour l'épier à son tour, dans la plus grande discrétion. La pâleur de sa peau disait de son vis-à-vis qu'il ne travaillait certainement pas à l'extérieur, tout comme ses grandes mains fines et parfaites aux ongles impeccables qui n'étaient pas calleuses.

L'espace de quelques stations de métro, c'était lui, Utakata, qui menait l'enquête et profitait de chaque occasion qui lui était donnée pour observer l'inconnu face à lui, glaner des indices et faire ses propres déductions. Ce qui l'intriguait probablement le plus c'était le pourquoi. Pourquoi un homme si distingué et aux vêtements visiblement sobres mais luxueux prenait le métro. Il devait sûrement avoir les moyens de prendre un taxi ou de louer une voiture ? A moins que sa mise ne soit plus que le reflet d'une gloire passée ?

Tant de questions sans jamais de réponses, c'était tout autant frustrant que plaisant. Avec ce même plaisir vicieux de le côtoyer. Tant qu'il ne savait rien, il pouvait imaginer tout ce qu'il voulait. Et la réalité serait très certainement bien plus fade et décevante que ce qu'il imaginait. Une pointe de culpabilité tarauda Utakata. Mais la voix féminine, monocorde et désincarnée, résonna dans la rame, annonçant déjà la fin de leur joute silencieuse. Le prochain arrêt était celui où ils descendaient tous les deux. Comme souvent ces derniers temps, Utakata se fit la même promesse. Demain, demain, il lui parlerait. Il ferait le premier pas et engagerait la conversation.

Pendant qu'il refermait son livre, le rangeait dans sa besace et se préparait à se lever, leurs regards se croisèrent brièvement. Utakata aurait presque pu rougir comme une écolière si il n'avait pas été aussi maître de lui-même. Mais il ne fit rien de plus que ce qu'il faisait d'ordinaire, comme si ce regard posé sur lui ne l'avait jamais énervé, agacé, intrigué puis séduit. Demain, demain, il le croiserait encore et serait à nouveau pendant quelques instants suspendus dans le temps l'objet de son attention constante. Et même si c'était un pseudo jeu de séduction sans espoir, la fréquence de leurs rencontres suffisait à égayer les journées d'Utakata. Il avait le sourire en arrivant au bureau, fantasmant encore sur cet énigmatique passager du métro qu'il espérait bien recroiser demain.

Fin.

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Commentaires de l'auteure :

Bon ben oui hein... Une heure ça passe super vite ! Donc à vous d'imaginer la suite. Je ne sais pas vous, mais moi ça m'a toujours beaucoup amusée et occupée d'espionner un peu les gens dans le métro et de deviner qui ils sont et ce qu'ils font. Et j'avais envie depuis longtemps de glisser ce passe-temps quelque part. Voilà, c'est fait. Merci de m'avoir lue, j'espère que même si c'était très court, ça vous a plu.

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⏰ Dernière mise à jour : May 27 ⏰

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