La dernière scène, la dernière scène qui devait être montrée ce soir, était la plus parfaite, la plus parfaite de toutes. Le public, le public assis dans l'obscurité, voyait maintenant la lumière du jour entrer par les fenêtres, et dans un champ blanc de bruyère, le soleil briller dans toute sa splendeur, ses rayons d'or et de pourpre peignant un ciel de rose et de bleu. Le soleil était une illusion momentanée, créée par la projection d'une scène ensoleillée, et l'illusion était telle qu'il semblait presque illuminer pour de vrai. Pendant un moment, l'image est devenue suffisamment lumineuse pour révéler la trace d'un jeune homme de vingt ou trente ans, assis sur une chaise, les yeux ouverts, les mains étendues en croix, la tête haute et les cheveux tombant en épaisses vagues sur ses épaules. Puis, alors que les larmes coulaient, et que le soleil se couchait, la lumière prit une teinte rouge nacrée.
Une forme ombragée est entrée dans l'image, elle s'est arrêtée devant le garçon. À genoux, elle le regardait, les mains serrées l'une contre l'autre, la tête rejetée en arrière. Elle avait peur, mais elle ne pouvait pas dire de quoi elle avait peur. Elle ne dit rien. Elle attendait, la bouche ouverte et les yeux écarquillés.
Du ciel noir a jailli un pétale rouge et jaune qui avait la forme d'un cœur. Puis une tige, une tige rugueuse légèrement courbée, et à son extrémité se trouvait une petite fleur délicate. La fleur était ouverte à moitié, comme les pétales d'une tulipe, et la tige flottait comme poussée par le vent. La tige était très fine, comme un bâton, et la couleur était brune, avec une poussière d'or sur ses feuilles. La tige était si fine qu'elle était à peine visible, mais elle était solide et soutenait la fleur, sans se courber. La fleur était délicate, avec un centre jaune vif, et des traces de rouge et de bleu. C'était une petite fleur, la fleur d'un lys, et c'était la seule couleur dans ce champ de bruyère. Le vent la poussait vers le haut, comme si c'était un petit ballon. Puis la brise s'est calmée, et la tige et les pétales sont tombés. La fleur est restée telle quelle, avec son centre jaune brillant et ses traces de rouge et de bleu qui brillent à la lumière, mais la tige s'est courbée, et la jeune fille, levant les yeux, a vu un grand homme de cinquante ou soixante ans se tenir au-dessus d'elle. Il ne portait rien, et ses traits, soigneusement modelés et gravés sur la plaque, avaient le genre de beauté qui est le résultat du long et patient amour d'une femme. Ils étaient mariés depuis trente-huit ans et le visage de l'homme était le visage d'un homme qui a travaillé trop dur et qui est sur le point de s'effondrer sous le poids de ses efforts. Il n'avait pas encore vu le visage de la femme, car la lumière était trop faible. Mais les yeux de sa femme, qui était jeune et belle, se posèrent sur les siens. Il les vit, et ses lèvres se séparèrent en un léger sourire, tandis qu'il se penchait vers elle.
À mi-chemin il s'est arrêté, et il a attendu un signe du ciel, une inspiration qui lui dirait quoi faire.
Et il a attendu.
Le vent était si doux qu'il faisait à peine bouger les fleurs, mais la brise faisait voler les pétales comme s'il s'agissait d'une feuille de papier, et les pétales devinrent une chose presque vivante, une tempête de couleurs qui, avec le vent, semblait venir de partout à la fois. La couleur a été projetée sur les fleurs. La couleur a été projetée sur les feuilles. La couleur a été projetée sur les gouttes d'eau qui tremblaient sur les feuilles. La couleur a été projetée sur le visage de l'homme. La couleur a été projetée sur le visage de la femme.
L'homme a regardé le lys. Il était effrayé, et il était en colère. Il voulait écraser la fleur, et il voulait la détruire. Il voulait écraser la fleur, parce qu'elle était belle, et il voulait la détruire, parce que c'était la fleur la plus belle.
Il savait qu'il n'aurait pas dû bouger. Il savait qu'il avait été impoli, et il savait qu'il aurait dû la laisser en paix. Mais il n'a pas laissé la fleur en paix. Il était en colère, et il était effrayé. Il voulait écraser la fleur, et il voulait la détruire. Il ne savait pas ce qu'il faisait.

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Douleur
ContoClameur de l'âme et printemps. "À mi-chemin il s'est arrêté, et il a attendu un signe du ciel, une inspiration qui lui dirait quoi faire. Une forme ombragée est entrée dans l'image, elle s'est arrêtée devant le garçon. À genoux, elle le regardait, l...